Voix métallique, coupures, hachures : les déboires d'une mauvaise
qualité de service dans un environnement de voix sur IP ternissent
l'image de cette technologie auprès des utilisateurs. Pour s'en
prémunir, plusieurs solutions coexistent selon le budget et
la complexité du réseau cible (LAN, WLAN, MAN, WAN).
Le cas le plus simple porte sur l'administration des réseaux
locaux câblés ou LAN. Avec des liens 100 Mbits, 1 Gbits voire
10 Gbits proposés à des tarifs très compétitifs, la qualité
de service peut être assurée simplement par un surdimensionnement
du réseau. Cette solution, peu onéreuse, pose toutefois le problème
de la sous-utilisation des liens réseaux et ne garantit rien
quant à une éventuelle saturation à l'avenir.
"L'administrateur
doit pouvoir gérer plusieurs flux sur son réseau en fonction
des services qu'il propose. Cela nécessite l'utilisation des
priorités 802.Q et 802.1p, présents sur l'ensemble des switchs LAN
récents mais souvent non activées. De même, sur un réseau sans
fil WLAN, le protocole DiffServ va également autoriser cette
priorisation des flux. Enfin, il faut majoritairement du câblage
de catégorie 5 pour garantir un bon niveau de qualité de service",
affirme Gilles Cordesse, ingénieur senior chez Avaya.
Une fois ces pré-requis disponibles, il reste à mesurer les
bons indicateurs de qualité de service. Trois données techniques
fournissent un premier aperçu : le temps de latence, la variation
du temps de latence (ou gigue) et la perte de paquet. D'ordinaire,
la variation de ses données reste transparente pour l'utilisateur
du canal données. Mais dans le cas de la voix, cela se traduit
par une perte sensible de la qualité.
"Sur
un WLAN, le protocole DiffServ autorise la priorisation
des flux" - Avaya |
"En environnement de voix sur IP, on peut gérer la qualité de
service de deux points de vue : celui de l'équipe télécoms
via des outils d'administrations classiques, et celui de la perception
utilisateur qu'il faut mesurer au niveau des applications. Pour
ce dernier, soit l'utilisateur juge ce qu'il écoute avec des
méthodes comme MOS, mais cela reste très subjectif, soit l'entreprise
utilise des outils comme les sondes ou les agents embarqués",
déclare Olivier Barrier, expert qualité de service chez NextiraOne.
Les sondes parcourent le réseau à la recherche des informations
techniques correspondantes. Elles permettent de cibler un élément
du réseau en particulier pour en extraire des informations très
détaillées. Au contraire, les agents embarqués n'adressent pas
directement le réseau mais les éléments qui le composent, téléphones
IP ou serveur de médias par exemple. Une fois les données collectées,
des alarmes en temps réel peuvent être placées aux endroits
stratégiques du réseau afin d'affiner la planification du trafic.
Ces recommandations, si elles s'appliquent bien en environnement
local, deviennent plus complexes à mettre en uvre sur des réseaux
métropolitains ou nationaux (MAN et WAN). "Dans le WAN, le protocole
MPLS tente d'apporter cette notion de qualité de service mais
les opérateurs ont encore beaucoup de mal à s'engager à ce niveau",
souligne Gilles Cordesse. Ce qui est vrai pour les opérateurs,
l'est tout autant pour l'entreprise elle-même.
La mesure de liens WAN d'entreprise devient très complexe à
gérer équipement par équipement dès lors que la taille du réseau
dépasse 500 équipements réseaux pour plusieurs milliers de postes.
"Lorsque l'entreprise se situe dans de telle taille de réseau,
il convient de gérer la qualité de service uniquement aux endroits
où la bande passante reste chère. Sur le reste des liens, la
société surprovisionne", note Olivier Barrier.
L'optimisation
WAN permet de gagner en temps de latence réseau |
Une autre solution consiste à faire appel à des outils d'optimisation
WAN. Typiquement, ils fournissent quatre fonctions principales
: la compression de flux, l'accélération, la gestion de la qualité
de service via la gestion des priorités et la mesure du niveau
de service côté opérateur. Attention cependant, la compression
réduit la qualité sonore des conversations en téléphonie sur
IP, un équilibre sera donc nécessaire entre débits et qualité
d'écoute.
A terme, l'avenir de la gestion de la qualité de service se
trouve dans la réservation de la bande passante. En effet, une
gestion de la priorité des flux n'implique pas de niveau minimum
garanti. Or, la réservation de la bande passante n'est actuellement
possible qu'en mode point à point. Par conséquent, les fabricants
de matériels réseau comme Avaya travaillent à des équipements
capables de s'autogérer, rétablissant ainsi la notion de point
à point dans un réseau IP en mode non connecté.
Dernier élément, une bonne qualité de service doit s'accompagner
d'un système fiable. Cette pérennité peut être obtenue par
la redondance au niveau des passerelles et des serveurs (mise
en cluster), par l'opérateur télécoms lui-même via la garantie
d'un niveau de service ou par des systèmes de bascule vers
des réseaux téléphoniques commutés (RTC).
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