Dans l'informatique, le stockage est un peu à part. Organisé
en multiples architectures (SAN, NAS, DAS) et supportant des
technologies complexes et diverses (Fiber Channel, IP, ATA,
SCSI), il demeure un domaine pointu souvent réservé aux techniciens.
Lentement mais régulièrement, le prix et les performances de
ces technologies évoluent, confondant les offres des constructeurs
(voir le tableau ci-dessous).
Dès lors, comment choisir son équipement en fonction des besoins
d'entreprise ? Quelles sont aujourd'hui les offres les
mieux adaptées aux différents impératifs métiers ? Ces
questions concernent de plus en plus les directions informatiques,
quelles que soient leurs entreprises.
Pour les grands comptes, il s'agit de satisfaire
aux nouvelles normes de conservation de l'information telles
l'IAS-IFRS, d'archiver les e-mails considérés comme débuts de
preuve.
Pour
les PME, le stockage en réseau devient d'actualité grâce à des
prix tirés vers le bas. Face à la multiplication des serveurs
ou des baies de stockage, il améliore la fiabilité, supporte
davantage de connexions et libère ainsi le réseau d'une saturation
possible.
Par ailleurs, une fois l'information partagée sur un réseau,
des fonctionnalités supplémentaires s'offrent à l'entreprise
: provisions des ressources de stockage, optimisation de l'utilisation
des disques, copie automatisée d'un environnement à l'autre.
Les chiffres des cabinets d'études mettent en évidence cet état
de fait, ainsi selon IDC le marché mondial des réseaux de stockage
progresse de 16,7% année après année et représente un chiffre
d'affaires de 2,3 milliards de dollars au premier trimestre
2005.
Besoin N°1 : centraliser son stockage pour une entreprise
multisite
Réduire ses coûts en regroupant les informations issues de différents
sites puis en faciliter l'accès, une problématique qui adresse
aussi bien moyenne entreprise que grande entreprise, industriel
comme société de services. Deux protocoles de stockage s'affrontent
régulièrement ; le Fiber Channel
qui s'appuie sur des liens en fibre optique, et le réseau IP
traditionnel. Le premier, plus coûteux, s'avère peu adapté aux
connexions longue distance.
Restent deux possibilités à l'entreprise en mode IP : l'architecture
NAS ou SAN. L'utilisation du réseau de stockage va alors déterminer
quelle architecture s'avère la plus adaptée. "Si l'on prend
l'exemple d'un constructeur automobile, tout ce qui relève de
la conception de modèles où les collaborateurs travaillent en
équipe s'effectuera par NAS. En revanche, la partie gestion
des commandes ou de la production nécessitant des hautes performances
transactionnelles utiliseront un système SAN", commente Eric
Chiquet, responsable IBM en charge de l'offre stockage.
Résumé
des technologies de stockage
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Avantages
/ Désavan-tages
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SAN
(Fiber Channel)
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iSCSI
(IP)
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NAS
(IP)
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SATA
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SCSI
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Descriptif
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Mutuali-sation
des ressources de stockage sur un espace dédié.
Convient à la sauvegarde de grande quantité
de données en temps limité
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Equivalent
au SAN Fiber Channel à moindre coût mais
avec des perfor-mances entrées / sorties inférieures
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Serveur
de fichier partagé, idéal pour le travail
collaboratif ou la sauvegarde de sites secondaires.
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Technologie
disque apparue au début des années 2000
en remplacement du SATA
|
Technologie
disque pour serveur en attachement direct (DAS), peu
utilisée dans les réseaux de stockage
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Equipements
nécessaires
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Serveur
(2000 €), commutateur 8 ports (5000 €), cartes
HBA (700 € par carte), baie SAN
(15000 €)
|
Serveur
(2000 €), baie iSCSI (5000 €), carte Ethernet
, commutateur 8 ports (5000 €)
|
Serveur
NAS (1000 €)
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250
Go à 130 €
|
147
Go à 400 €
|
+
|
Environ-nement
hautement transac-tionnel,
niveaux de services
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Architecture
multi-sites, utilisation du réseau IP
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Environ-nement
collaboratif, coût
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Coût,
temps d'accès
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Fiabilité,
performances
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-
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Coût,
spécificité du matériel
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Niveaux
de services
|
Peu
adapté aux formats de données en bloc,
environ-nement hautement transac-tionnel
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Fiabilité
|
Coût
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Besoin N°2 : stocker des données bureautiques ou des communications
La bureautique, les documents scannés et l'e-mail correspondent
en entreprise aux données non critiques en ce sens qu'elles
ne font pas l'objet de traitement quotidien et ne nécessitent
pas forcément des temps d'accès très courts. En revanche, le
partage de ces informations apporte une réelle valeur ajoutée
à l'entreprise. "Typiquement, ces données non structurées donnent
lieu à des sauvegardes régulières. Elles seront traitées plutôt
sur des NAS à partir de disques SATA", commente Xavier Fessart,
directeur marketing programme et alliance pour EMC.
"Plus généralement, le NAS fonctionne très bien en mode fichier,
par exemple en mode bureautique ou sur certaines bases de données.
Toutefois, d'autres applications ne s'adaptent pas au mode fichier
comme Exchange ou SQL Server de Microsoft. Pour ces applications, l'utilisateur doit utiliser le mode bloc, à la manière
des systèmes de fichiers NTFS de Windows", ajoute Ramine Porouchani,
directeur technique de Network Appliance France.
Besoin N°3 : sauvegarder des données critiques
C'est le domaine traditionnel du SAN. Par rapport aux réseaux
IP, la technologie Fiber Channel des réseaux SAN offre deux
avantages : un réseau 2 gigabits entièrement dédié au stockage
(1 gigabit aujourd'hui pour Ethernet) avec des niveaux de services
non disponibles sur le protocole IP, et une gestion optimisée
des accès utilisateurs.
"L'offre milieu de gamme SAN peut gérer jusqu'à 45 000 entrées/sorties
par seconde pour des capacités de 10 teraoctets en affichant
de bonnes performances. En environnement SAN, les performances
se situent autour de 5 000 entrées/sorties par secondes", note
Eric Chiquet. Le NAS ne se refuse pas le traitement d'applications
critiques mais il convient de bien évaluer la sollicitation
en termes d'accès à ces bases de données. Ainsi, pour des environnements
hautement transactionnels, le SAN Fiber Channel sera préférable
au NAS.
Si les constructeurs disposent aujourd'hui de switchs à partir
de 5 000 euros, la technologie Fiber Channel conserve un ticket
d'entrée élevé pour une PME, près de 20 000 euros pour un système
simple (une baie de stockage 1 To, un switch 4 ports, cartes
HBA et câbles compris).
Or, à ce prix là les fonctionnalités
offertes par le SAN en réduisent l'intérêt puisqu'il n'est possible
que de connecter qu'un serveur à une baie de stockage en redondant
les liens.
Besoin N°4 : optimiser l'utilisation de ses ressources de
stockage
Pour les entreprises nécessitant un haut niveau de performances,
il existe des solutions d'optimisation de bande passante en
réseau étendu (ou WAN pour Wide Area Network), baptisées
WAFS (lire l'article
du 30/06/2005). "Cela donne la possibilité pour un client
doté de systèmes NAS d'accéder à son site distant en ayant une
performance similaire à un réseau local par le biais d'algorithmes
de compression et d'accélération de trafic", ajoute Bruno Guiet,
ingénieur chez Brocade.
Pour les entreprises déjà constituées de plusieurs réseaux de
stockage, il existe deux façons de consolider ses îlots SAN
: par le biais de switchs qui assurent l'interconnexion entre
les différents appareils Fiber Channel ou iSCSI ou via des directeurs
SAN, gros commutateurs capable d'adresser jusqu'à 256 ports
et offrant un niveau de stabilité compatible avec les environnements
mainframe.
Quel que soit l'environnement, il est de toute
façon possible de recourir à des solutions de mirroring, afin
de copier une unité de stockage NAS ou SAN vers une autre, ou
d'utiliser des outils de virtualisation afin d'offrir une vue
unique sur des environnements hétérogènes.
Besoin N°5 : assurer la restauration des fichiers en cas
d'incident
Lorsqu'un poste utilisateur est victime d'une défaillance, l'administrateur
réseau doit récupérer les données perdues à partir des sauvegardes
effectuées en réseau : c'est le rôle des applications de restauration
de fichiers (ou disaster recovery). Cette fonction était
jusqu'à présent dévolue exclusivement aux enregistrements par
bandes magnétiques, peu onéreuses. Toutefois, ces bandes constituent
un double problème avec des temps d'accès et d'écriture longs.
L'apparition du SATA, technologie concurrente du SCSI offrant
des temps d'accès rapides à des coûts faibles a récemment changé
la donne. Désormais, les entreprises tendent à un système de
sauvegarde dit D2D2T (Disk to Disk to Tape ou de Disque à Disque
à Bande). Il convient tout à fait à la sauvegarde de sites secondaires
pour des opérations non récurrentes et intensives.
La donnée est préalablement sauvegardée en local, puis sur
une librairie de stockage virtuelle équipées de disques SATA
ou VTL (lire l'article
du 06/07/2005) pendant 48 heures environ, avant d'être
définitivement archivée sur bandes.
Comme la majorité des
pannes nécessitant une restauration surviennent sous 48 heures,
l'entreprise peut alors restaurer plus rapidement ses données,
palliant ainsi les inconvénients des bandes magnétiques.
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