Coup sur coup, ce sont deux acteurs du marché des applications
métiers, Geac et Frontrange, qui viennent d'être rachetés par
des sociétés privés d'investissements pour des montants respectifs
d'un milliard et 200 millions de dollars. Une sorte d'échec pour
ses deux sociétés au parcours très similaires.
Geac, éditeur de progiciels de gestion intégrés,
sera repris en main par le fond Golden Gate Capital, et a été valorisé
à 11,10 dollars par action, soit une plus-value de 27% par rapport
au cours de vendredi dernier et un bonus de 38% par rapport
à la valeur (boursière) de l'entreprise.
La société américaine n'avait jusque
là pas caché ses intentions, déclarant cet été qu'elle évaluait
toute proposition de croissance externe, que ce soit en rachetant
elle-même une société ou en étant rachetée.
La
transaction, qui devrait être conclue au premier trimestre 2006,
signe toutefois l'arrêt de mort de l'éditeur tel qu'il existe
aujourd'hui. Le fond Golden Gate Capital a d'ores et déjà annoncé
qu'il scinderait l'entreprise en deux morceaux.
La première partie de cette séparation regroupe l'ensemble des
activités autour du marché de l'ERP soit les produits System21,
Runtime, RatioPlan, StreamLine et Management Data de Geac. Elle
viendra rejoindre Infor, une autre société possédée par l'investisseur
privé. Infor dispose actuellement de 2 300 salariés, 47 bureaux
à travers le monde et revendique 18 000 clients.
La deuxième partie de Geac concerne les activités logicielles
liées à la gestion financière et aux applications spécifiques
pour l'industrie. Cette nouvelle entité dont le nom sera dévoilé
prochainement, regroupera les produits Enterprise Server, SmartStream,
Anael, Extensity et Comshare.
Les
résultats financiers de Geac et Frontrange 2004-2005
(en millions de dollars)
|
Société
|
CA
2005
|
CA
2004
|
RN
2005
|
RN
2004
|
Geac
|
444,4
|
445,3
|
77,0
|
57,2
|
FrontRange
|
66,6
|
73,9
|
6,7
|
3,2
|
Malgré de bons résultats financiers ses trois dernières années,
Geac revient de loin. L'entreprise avait connu en 2001 une perte
nette de 250 millions de dollars canadien (210 millions de dollars
US) et un chiffre d'affaires en chute libre. Pour les clients
de Geac, la transaction risque de s'opérer dans la douleur,
aucune annonce officielle concernant le support ou le maintien
des produits n'ayant été dévoilée.
Chez Frontrange, éditeur (également américain) de solutions de gestion de la relation
client, le bilan est identique. Après une année 2002 difficile,
établissant une perte nette de 24,2 millions de dollars pour
un chiffre d'affaires quasi-similaire, le groupe s'endette lourdement.
Une situation qui l'handicape aujourd'hui alors que la reprise
se fait sentir, le cabinet Gartner mesurant une hausse de 2%
du marché du CRM dans le monde entre 2003 et 2004.
Son rachat par Francisco Partners pour près de 200 millions
de dollars, devrait néanmoins profiter à l'éditeur. Les investisseurs
privés ont déclaré vouloir relancer le groupe sur des bases
solides lui permettant d'assurer sa croissance. Et Frontrange,
qui réalise 65% de son chiffre d'affaires aux Etats-Unis, vise pour cela sur le segment en vogue des PME-PMI. |