Linus Torvalds, initiateur au début des années 1990 du projet Linux, a fait connaître son opposition aux modifications proposées dans le brouillon de la GPL version 3 (lire l'article du 18/01/2006), et à leur application à la licence de son OS Open Source.
Sur un forum, le père du noyau Linux
affirme que son kernel est lié à la version 2 de la GPL et que seuls certains fichiers peuvent passer sous licence GPL version 3.
Ce refus est lié à l'épineuse question des DRM - système de gestion des droits d'auteur.
En effet, la GPL 3 s'affranchit de toute restriction liée au droit numérique, les DRM ayant toujours été vus par la communauté comme une menace à l'encontre de la liberté des utilisateurs. Et c'est justement sur ce point qu'aujourd'hui Linus Torvalds affirme son désaccord : il se sent contraint de devoir publier ses clés privées - commes les autres développeurs - pour suivre la prochaine version de la licence GPL. Car tel est l'objectif de la nouvelle mesure : mieux garantir le partage des programmes au sein de la communauté.
Concernant l'implantation des DRM au sein du noyau de l'OS libre, le créateur de Linux avait déjà affirmé, il y a près de trois ans : "Je pense qu'on peut utiliser Linux pour tout ce qu'on veut faire... ce qui inclut des choses que je n'approuve pas nécessairement à titre personnel". Aujourd'hui, il souhaite conserver la GPL 2, et ainsi autoriser l'usage des DRM tout en gardant la maîtrise des clés privées du noyau.
"Le brouillon n'est pas clair sur le chapitre sensible des DRM et il sera donc rédigé à nouveau"
(Loïc Dachary - FSF France) |
Pour Loïc Dachary, vice-président de la FSF France : "Cette annonce témoigne d'une mauvaise interprétation. La GPL 3 telle que rédigée, et son chapitre DRM, signifient qu'il faut publier des clés privées, impératif inacceptable, je l'admets. Cette interprétation est le résultat de la confusion de ce chapitre tel qu'il est écrit. Le brouillon n'est pas clair sur ce chapitre sensible et il sera donc rédigé à nouveau".
"Le choix de Linus Torvalds est légitime au vu de son interprétation. Il est impensable de publier des clés privées pour publier le code. La GPL 3 tente de donner des pistes aux législateurs. Mais il y a une part d'absurdité car les deux mondes s'opposent. Toutefois, on ne peut pas interdire d'utiliser la GPL 3 pour un code de DRM", ajoute-t-il.
"Les technologies modernes de cryptologie font appel à des composants matériels forts, c'est supporté par Linux et la ressemblance avec les DRM est inévitable.
Tous ces modules, pour peu qu'ils soient reconnus comme des compléments, permettent aux DRM de rentrer dans le cadre réglementaire de la GPL 3, même si ce n'est pas sa première vocation. De plus, le noyau Linux est public, et au pire, pour vérifier sa conformité, l'usage d'une clé publique serait possible" conclut le vice-président de la FSF France.
L'annonce du refus du fondateur du kernel de basculer vers la GPL 3 suscite la même impression d'incompréhension chez
Bernard Lang, vice-président de l'AFUL (Association Francophone des Utilisateurs de Linux et des Logiciels Libres) et directeur de recherche à l'INRIA.
"Le passage à la GPL 3 peut s'avérer compliqué. Même si Linus Torvalds a contribué à Linux, il n'est pas seul. La discussion commence à peine et on ne peut donc pas porter de tels jugements sur un brouillon. Je reconnais cependant qu'il est dur d'évaluer la portée des DRM sur la GPL 3", modère Bernard Lang.
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