ENQUETE 
 
Jean-Michel Soyez
DSI
Agfa France
Jean-Michel Soyez
"Le DSI doit être un schizophrène contrôlé et connecté"
Le développement et l'enrichissement de ses compétences participent à une véritable remise en question de la personne, selon le DSI d'Agfa.
17/07/2006
 
JDN Solutions. Qu'est ce qui a motivé chez vous le besoin d'acquérir une double compétence ?
  Enquête

La double compétence

 Analyse
 Chantal Barbier (Syntec Informatique)
 Jean-Michel Soyez (Agfa France)
 Jérôme Bruyas (CBL Consulting)
 Laurence Segonds (IMSI)
Jean-Michel Soyez. J'ai d'abord commencé par des études d'ingénieur (HEI) et donc j'étais prédéterminé à ne faire que de la technique. J'ai gravi les échelons progressivement à des postes en informatique. Puis, à un moment donné, j'ai été amené à participer au comité de direction. Et c'est à ce moment précis que j'ai pris conscience qu'il me manquait quelque chose pour bien comprendre ce sur quoi reposait l'entreprise et quelles étaient les attentes des différentes directions métiers. J'ai donc décidé de suivre une eMBA (Executive MBA) qui dépendait alors de HEC.

Il est important de bien écouter. C'est-à-dire de connaître le vocabulaire de ses interlocuteurs, les difficultés qu'ils rencontrent, mais aussi de maîtriser les référentiels qu'ils utilisent. Globalement, il s'agit d'avoir une vision plus large, et non plus de rester sur le seul angle de la technique.

Je percevais bien que le SI allait au-delà de l'entreprise et qu'il contribuait à l'efficacité des processus internes et externes. Ce n'est pas un hasard si les référentiels comme COBIT ou ITIL ont vu le jour.

Quelles qualités ou compétences avez-vous ainsi pu acquérir ?
La double compétence permet de prendre de la hauteur. La technicité on l'a, c'est indiscutable. Mais le premier risque, en ayant une approche trop ou essentiellement technique, est de ne pas regarder derrière le mur pour savoir quelle direction on prend et surtout s'il s'agit de la bonne voie. Un second est de trop s'arcbouter et de ne pas voir les hommes devant soi. La double compétence permet souvent de moins batailler, d'avoir une démarche plus constructive.

On apprend également beaucoup à écouter, à étudier les autres avis, à regarder avec un autre référentiel que celui dont on a l'habitude. On analyse sous plusieurs angles différents là où auparavant notre champ de vision se réduisait à un seul et unique angle. Et nécessairement on prend conscience de plus de choses qu'avant.

Qu'est ce qui a motivé cette envie de développer la double compétence ?
La double compétence permet de prendre de la hauteur."
C'est la curiosité et une véritable prise de conscience. On se pose la question : est-ce que je vois tout ? Evidemment, la réponse est non. C'est bel et bien une remise en question qui déclenche tout ce processus. Bien sûr, ce n'est jamais simple de se remettre en question. Il est toujours plus facile de rester ancré dans ses certitudes et dans ce qu'on connaît et maîtrise déjà.

Le critère de l'employabilité comme déclencheur est important également, même si ce n'est pas ce qui a provoqué chez moi le souhait d'acquérir une double compétence. L'employabilité est plus externe à l'entreprise.

Votre vision de la DSI et du système d'information a-t-elle changé ensuite ?
J'avais bien perçu que le SI était un formidable outil pour accompagner le changement, voire même parfois le provoquer. Une des missions du DSI est de s'assurer que tout tourne, ce que j'appelle l'usine informatique : faire au mieux et pour le moins cher possible.

L'autre mission est celle de l'accompagnement de l'évolution du système d'information. Et la double compétence permet de se poser la question et de réfléchir aux réponses : Comment accompagner et anticiper les changements ?

Elle permet souvent de moins batailler et d'avoir une démarche plus constructive.."
L'anticipation se fait essentiellement par l'écoute, notamment grâce à une position au sein du comité directeur. Cela permet de détecter les besoins, de les anticiper et d'accompagner. Mais encore faut-il partager un savoir, des référentiels communs avec les autres métiers de l'entreprise. L'accompagnement du changement suppose également que le top management ait une stratégie claire.

Est-ce une vision partagée par l'ensemble des DSI ? Cette fonction est-elle amenée à évoluer ?
Beaucoup de DSI s'accrocheront à la technique et beaucoup de futurs ne viendront pas de la technique. L'évolution du métier est selon moi assez claire. Il va continuer à y avoir des responsables de ce que je nommais l'usine informatique. Toutefois, le métier va encore se rapprocher de celui de l'utilisateur afin de mettre en adéquation besoins, technologies, coûts et services.

Le département informatique est un fournisseur de services. Pour cela, il est
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 Chantal Barbier (Syntec Informatique)
 Jean-Michel Soyez (Agfa France)
 Jérôme Bruyas (CBL Consulting)
 Laurence Segonds (IMSI)
indispensable d'entretenir d'excellentes relations avec les autres métiers de l'entreprise. La compréhension en est un des leviers.

Et l'autre facette du métier de DSI sera de s'occuper du futur. Il peut s'agir d'un co-travail avec la direction générale, de vice président en charge du développement. C'est donc beaucoup plus un poste d'anticipation. Il doit également pouvoir donner des orientations, ce qui suppose qu'il ait une influence vis-à-vis des décisions stratégiques de l'entreprise.

Le DSI doit clairement être un schizophrène contrôlé et connecté. Il doit être vu à la fois comme un bon technicien par les équipes techniques et comme quelqu'un capable de comprendre les orientations stratégiques du top management.
 
Propos recueillis par Christophe AUFFRAY, JDN Solutions

PARCOURS
 
 
Jean-Michel Soyez, 49 ans, est ingénieur HEI et diplômé eMBA (CPA). Il débute sa carrière au sein de PME puis effectue un passage en SSII.

1985
Il intègre le groupe Agfa-Gevaert. Il est aujourd'hui le DSI de la filiale Agfa-France (filiale commerciale et usine) et membre de son comité de direction. En tant que membre de "l'IT Leadership team" présidé par le CIO du groupe Agfa, il participe aux décisions stratégiques et au pilotage de la DSI Agfa-Monde (gouvernance, alignement métiers, choix technologiques). Il est aussi le chef de tous les projets CRM/SFA et CRM-BI d'Agfa-Monde. Et aussi Vice-Président du GUN (Club de DSI) et Président du "Club CRM" d'Infonord (Entreprises & Cités).

Et aussi Vice-Président du GUN (Club de DSI) et Président du "Club CRM" d'Infonord (Entreprises & Cités).

   
 
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