Guides et décryptages > Machines de vote électroniques
QUESTIONS & REPONSES
 
25/04/2007

Mythes et réalités sur les machines de vote

Les machines de vote posent le débat de la modernisation du système électoral français. Eclaircissements pour lever les fausses craintes et détailler les vrais risques.
  Envoyer Imprimer  

» Les machines de vote sont-elles plus accessibles aux électeurs que le vote papier ?
 
En savoir plus
 
 
 

Vrai et faux. Vrai tout d'abord, car elles permettent aux personnes handicapées de disposer d'un écran à hauteur adaptable, avec des touches spécifiques pour les non-voyants. Mais faux aussi car les premières expériences de vote électronique en France, aux Etats-Unis ou en Belgique, montrent une difficulté d'appropriation de l'outil par les personnes agées et les citoyens peu sensibilisés aux nouvelles technologies.

 

» Les machines de vote permettent-elles de retracer le choix des électeurs ?
A priori faux en France. Les machines de vote n'enregistrent pas le nom de l'électeur mais uniquement le candidat choisi. Pour stocker l'information, un emplacement aléatoire est choisi en mémoire centrale, de manière à ne pas pouvoir associer l'ordre de passage des électeurs avec la liste des candidats stockée dans la machine. Lorsque l'électeur vote sur la machine, le président du bureau ne voit que son compteur s'incrémenter d'un vote supplémentaire. Il gère seulement l'ouverture et la fermeture de la machine de vote, mais n'a pas accès au contenu en temps réel.

 

Toutefois, dans d'autres pays (notamment en Belgique), l'anonymat du vote a été contesté. Les fonctions aléatoires utilisées par les machines de vote pourraient être facilement détournées pour retracer le vote de l'électeur. D'autre part, il existe un risque d'association dangereuse des données de la carte d'identité électronique INES avec le système de vote. Aux Pays-Bas, des chercheurs ont prouvé qu'en détectant les radiations électromagnétiques émises par certaines machines, il était possible de connaître le choix d'un électeur à condition de se trouver à une dizaine de mètres de l'appareil. Ces machines ont été depuis retirées des élections.

 

» N'existe-t-il aucune preuve papier du vote réalisé sur la machine de vote ?
Vrai. L'agrément donné par le ministère de l'intérieur aux constructeurs de machines à voter précise que ces machines doivent "dématérialiser le bulletin de vote (plus de support papier)". Les solutions d'impression de vote papier existent, et ont été développées par les constructeurs, mais elles ne sont pas mises en avant sous prétexte d'être trop coûteuses et peu pratiques pour les mairies. Pourtant, seul un recomptage manuel papier pourrait garantir les machines de vote contre des erreurs de programmation ou des manipulations frauduleuses.

 

» Les machines de vote peuvent-elles être piratées à distance ?
Faux. Certains exemplaires de machines de vote ont expérimenté la communication sans fil mais ces modèles ne sont pas agréés à l'heure actuelle par le ministère de l'intérieur. Par ailleurs, les machines ne disposent pas de ports réseau ou sont protégées contre la connexion d'un matériel tiers. Par exemple, une machine ES&S délivre une décharge électrique à tout appareil non ES&S qui tenterait de se connecter sur son port réseau Ethernet.

 

» Les machines de vote sont-elles certifiées par un organisme indépendant, et donc parfaitement fiables ?
Faux. L'organisme de certification français, en l'occurrence Veritas, ne valide le code source que du modèle de machine à voter et non pas de chacune des machines qui sera produite et utilisée par la suite dans les bureaux de vote. Un contrôle de bon fonctionnement est réalisé uniquement par les mairies, qui ne disposent ni du code source de la machine, ni de techniciens susceptibles de vérifier les informations stockées par la machine. La mairie ne peut que constater que la machine affiche bien les votes qu'elle a saisis pour le test.

 

La fiabilité d'un programme informatique est en outre totalement impossible à garantir. Les meilleurs processus utilisés dans l'aéronautique ou l'aérospatiale, par exemple, n'ont pas empêché des catastrophes de se produire. Le problème vient autant des comportements imprévisibles du programme que des erreurs de programmation.

 

» Est-il possible de voter plusieurs fois, ou de rajouter des votes et ainsi tromper les résultats de l'élection ?
Faux. Un système de billet de vote est mis en place sur les machines de vote. Le président du bureau donne l'ordre de vote tour à tour, et libère la machine dès qu'un vote a été sélectionné puis confirmé par l'électeur. Il est tout à fait possible de rajouter a priori ou a posteriori des votes dans la machine, cependant plusieurs conditions sont nécessaires. Cela suppose ainsi de connaître les différents codes d'accès à la machine (délivrés au président du bureau de vote) et d'avoir les compétences techniques nécessaires pour frauder. Mais même avec cela, les autres membres du bureau de vote sont là pour constater avant et après l'élection qu'il n'existe pas de distorsions entre le nombre de votants ayant signé la feuille d'émargement et le nombre de votes stockés par la machine.

 

Le plus gros risque, quasi-indétectable, concerne la manipulation du programme de vote. Ainsi, un vote pour le candidat X, serait enregistré en mémoire pour le candidat Y, mais afficherait bien à l'électeur le candidat X. La seule solution pour pallier à ce problème consisterait à faire certifier le code source de chaque machine de vote avant chaque élection, ce qui n'est pas réalisé actuellement. Et encore faudrait-il pouvoir s'assurer qu'entre le temps de la certification et le temps du vote, personne n'ait pu accéder au code source pour pouvoir le changer. Des experts en sécurité ont déjà démontré que le piratage d'une machine de vote était possible, en manipulant les mémoires physiques de la machine.

 

» L'impression de vote papier garantit-elle contre la manipulation frauduleuse de code ?
En partie seulement, à condition que ces papiers imprimés soient recomptés parallèlement. Si le bulletin imprimé est uniquement destiné à l'électeur, sans recomptage manuel, la machine de vote peut tout à fait imprimer un résultat différent de celui qu'elle stocke en mémoire centrale, et qui sera lui comptabilisé pour le résultat de l'élection.

 

» Un ordinateur de vote peut-il être saboté pour que ces résultats ne soient pas pris en compte ?
 
En savoir plus
 
 
 
Faux. Les machines de vote ont été testées pour être résistantes aux chocs, à l'eau, à la surcharge d'électricité ou à la panne de courant (grâce à des batteries autonomes). Elles disposent de plusieurs mémoires différentes qui s'assurent les unes les autres de manière à retrouver au moins dans l'une d'elle les résultats en cas d'incident.

 

» Les électeurs ne peuvent-ils plus vérifier la bonne tenue des élections ?
Vrai. Le système des machines à voter remplace totalement le recomptage manuel par les électeurs. Seuls les informaticiens pourraient disposer d'une compréhension suffisante, mais ils se heurteront de toute manière au code source fermé des machines à voter. Les organes à avoir accès au code source des machines de vote sont : le constructeur, le ministère de l'Intérieur (sur demande), et le bureau de certification.

 

 


Envoyer Imprimer Haut de page