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ANALYSE
 
07/06/2007

Le service comme relais de croissance des éditeurs et constructeurs

Editeurs, constructeurs et opérateurs télécoms ont multiplié les initiatives pour renforcer leur présence sur ce marché, tandis que les offres ASP et l'Open Source se développent. Les SSII doivent s'adapter.
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Quel est le point commun entre HP, Bull, Dell, Symantec, Verizon, Alcatel-Lucent, BT et France Télécom ? Bien que de métier et de positionnement différents, tous ont mis l'accent sur le développement d'une offre de services informatiques pour accélérer leur croissance.

"Tous ces mouvements tiennent à une raison claire et limpide. Les acteurs suivent simplement le marché qui croît le plus, en l'occurrence actuellement celui des services. C'est aussi le marché où l'on est le plus visible auprès du client, ce qui permet de développer des relations de proximité. Enfin, sur des marchés qui se banalisent, le service apporte une valeur ajoutée par rapport à la concurrence", note Mathieu Poujol, consultant senior au sein du cabinet PAC (Pierre Audoin Consultants).

Dans ce nouvel eldorado, chacun y va de sa stratégie, en fonction de son métier d'origine. Pour Bull, par exemple, il s'agit de se positionner comme un intégrateur pointu sur la thématique infrastructure, capable de gérer des grands projets européens de bout en bout. Chez BT et France Télécom, c'est le volet infogérance de parc qui semble le plus prometteur, à l'heure de la convergence voix et données.

Symantec, lui, adopte un point de vue original pour un éditeur. Il veut pouvoir proposer du conseil, des services d'intégration et d'infogérance autour de ses produits de sécurité, mais aussi autour de la sécurité au sens large en s'appuyant sur sa connaissance du secteur.

HP tente quant à lui une approche de généraliste plus proche de ce que propose Bull. Le constructeur a développé des centres de compétences sur les problématiques actuelles de l'infrastructure : virtualisation, SOA, densité et consolidation serveurs, SSO...

"En France,
éditeurs et constructeurs veillent à ne pas trop froisser les SSII"

L'enjeu pour tous les nouveaux candidats au marché des services informatiques de pouvoir postuler seul dans les gros appels d'offres, et ainsi d'améliorer sa marge et de se constituer un savoir-faire unique.

"En France, le tissu économique est tourné autour des SSII. Les éditeurs et les constructeurs veillent donc à ne pas trop les froisser, ce qui n'est pas toujours le cas dans d'autres pays. Cependant, il est logique que les éditeurs réalisent des tâches d'intégration. Travailler sur des projets phares leur permet de mieux connaître les besoins du client, de savoir ce qui marche et ce qui ne marche pas en matière d'offres et de technologies", affirme Mathieu Poujol.

Les services informatiques ouvrent aussi des perspectives intéressantes de marges avec le développement des architectures SOA et des métiers d'architectes, d'urbanistes, ou de chargé de maîtrise d'ouvrage. «Ce sont des compétences chères et recherchées sur le marché du travail. On leur demande une double compétence, un haut niveau d'expertise, une capacité à travailler aussi bien sur la partie étude que sur l'exploitation...», ajoute Mathieu Poujol.

Un marché des services qui tend aussi vers une standardisation

Mais même sur les métiers des services, la standardisation gagne du terrain sous l'effet de l'offshore et des méthodologie comme ITIL ou CMMI. L'autre risque en se diversifiant ainsi porte sur la pondération des différentes entités. Or, les exemples actuels montrent un réel décalage entre le discours et les actes.

"Souvent, les entités services restent distinctes de l'édition logicielle. Hormis IBM, les exemples sont rares de sociétés ayant réussies à marier le logiciel, le matériel et les services. Et encore, il faut souligner qu'IBM réalise toujours la plus grande partie de son bénéfice sur les logiciels, pas sur les services", constate Mathieu Poujol.

Et malgré tous les efforts au monde, les clients ne sont pas toujours prêts à accepter ce virage. "Il y a 4 ans maintenant, Oracle a trop misé sur la partie services et s'est fait sortir de beaucoup de comptes. A l'inverse, PeopleSoft s'appuyait sur des intégrateurs et a enregistré de la croissance. L'approche tout-en-un n'est pas systématiquement bien perçue", ajoute le consultant senior.

"L'industrie en général se tourne vers davantage de services, pas seulement l'informatique"

L'interopérabilité voulue par les clients a en ce sens ouvert un certain nombre de chasse gardée chez les fournisseurs. Cette interopérabilité aura d'ailleurs été en partie possible grâce aux sociétés de services et à leur indépendance vis-à-vis des solutions. Mais une fois la banalisation obtenue, les éditeurs n'ont plus de moyen réel de se différencier. Et face à la montée de l'Open Source, beaucoup se tournent soit vers la spécialisation, soit vers les services.

«Sans se focaliser sur le monde informatique, on constate que l'industrie en général se tourne vers davantage de services. Les constructeurs automobiles, qui fournissent du leasing, mais aussi les constructeurs aéronautiques...», complète Mathieu Poujol.

L'Open Source d'ailleurs a aussi remis en cause le rôle de l'intégrateur à ses débuts, avec des sociétés à mi-chemin entre l'éditeur et la SSII. Mais depuis 3 ans, les rôles sont devenus plus clairs entre SSII et éditeurs. Une distinction qui s'est opérée sous l'impulsion des clients. Des sociétés comme Red Hat fournissent l'expertise logicielle et la R&D, mais confient les tâches d'infogérance et les migrations de parc à des sociétés comme Cap Gemini ou Atos Origin.

 
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Ce retour à la normale illustre bien la nécessité pour le marché et les clients de distinguer ces deux métiers, même si les attributions confiées à l'un ou à l'autre peuvent varier dans le temps.

L'ASP en revanche force les SSII à bouger sur des domaines à plus forte valeur ajoutée. «Là où on estimait avant que les logiciels ASP étaient limités à des tâches très simples et facilement automatisables, on s'aperçoit aujourd'hui qu'ils ont du sens pour des ERP et des solutions CRM, tout un ensemble de logiciels auxquels nous n'aurions jamais pensé jusqu'alors», conclut Mathieu Poujol.


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