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Marc Jalabert
Directeur de la division DPE (Développeur, plate-forme et écosystème)
Microsoft
Marc Jalabert
"Vus des Etats-Unis, les Français sont bons dans le logiciel"
Innovation, concurrence, programme Idees, laboratoire de recherche avec l'INRIA... Un large panel de sujets a été traité avec les lecteurs de JDN Solutions.
26/02/2007
 
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 Microsoft France
Quelles sont les missions de la division Plate-forme & Ecosystème ?
Marc Jalabert. La division plate-forme et écosystème de Microsoft regroupe les équipes en charge de la relation avec les professionnels de l'informatique (développeurs, ingénieurs réseau, architectes, chef de projet), en fait toutes les personnes qui créent, déploient, intègrent et opèrent du logiciel.

Notre mission est d'échanger avec vous et de vous communiquer la bonne information en amont de la sortie de nos "plates-formes" majeures (.NET, Vista, Windows Mobile, Office etc..). Car en effet la valeur de ces plates-formes dépend beaucoup, et principalement, des développements de produits et de services, de toutes les innovations créés par nos partenaires.

A quoi correspond l'écosystème dans l'acronyme DPE ?
La notion d'écosystème regroupe les communautés, les éditeurs de logiciels, les intégrateurs, les web agencies - en fait toutes les sociétés et les individus qui vont ajouter de la valeur, intégré et dans certains cas contribuer au développement de nos produits et services.

Quelles sont les conditions pour rentrer dans le programme Idees ?
La première condition est de disposer d'un produit/service logiciel innovant basé (pas nécessairement exclusivement) sur une de nos plates-formes et disponible commercialement. Ensuite nous allons procéder à une évaluation technique de la solution et nous rencontrerons l'équipe de management.

Qu'apporte concrètement Microsoft aux entreprises dans le cadre de son programme Idees ?
Nous essayons d'être très concrets: nous mettons à disposition des sociétés Idées les ressources de notre centre technique (datacenter pour tester, valider des architectures - et architectes Microsoft pour conseiller). Ensuite, et surtout, nous essayons de faciliter l'accès des start-up à des projets et à des clients.

Les start-up peuvent utiliser nos salles de réunions et nos centres de conférence. Et dans plusieurs cas, mes équipes et moi, avons fait des réunions ensemble chez des clients pour témoigner de la qualité des solutions.

   
  La première chose dont une start-up a besoin, ce sont des clients"

Cela peut paraître peu, mais en fait c'est un support très concret qui aide effectivement les start-up à gagner leurs premiers projets : sur 50 start-up parrainées, 10 font maintenant plus de 1million de CA, ce qui est une étape importante dans la vie d'une start-up, car ça ouvre des perspectives de financement élargies.

Notre première conclusion avec Idées c'est que la première chose dont une start-up a besoin, ce sont des clients...

Une entreprise qui rentre dans le programme IDEES peut-elle en sortir n'importe quand ?
Oui, le contrat est très simple, nous ne prenons pas de participation financière ni de propriété intelectuelle - ceci ce n'est encore jamais arrivé. Vous avez signé des partenariats avec des sociétés de capital risque dans le cadre de votre programme Idees, cela signifie-t-il que vous participez financièrement à ces fonds ?

En fait non, par principe, notre valeur ajoutée est dans les architectures techniques, l'accompagnement marketing et business mais pas dans le financement. Nous avons choisi de nous associer en effet à des VCs: nous leur présentons des sociétés qui ne sont pas encore financées et nous ils nous présentent des sociétés candidates à Idées.

Sur 50 sociétés parrainées, plus de 20 ont levé des fonds depuis leur entrée dans le programme (3 millions d'euros en moyenne). Toutes les sociétés sont présentées sur: www.microsoft.com/france/idees et je vous encourage à les découvrir!

Ne pensez-vous pas que ce n'est pas le rôle d'un éditeur de logiciels de soutenir l'innovation dans un pays, mais bien à l'Etat ?
Les deux en fait. Un éditeur, et c'est le cas de Microsoft, a besoin de sociétés innovantes dans son écosystème et de recherche en amont. Il est également important d'expliquer la valeur de l'industrie du logiciel dans une économie numérique, de susciter des vocations, de stimuler la recherche, de créer des conditions favorables pour les entrepreneurs et les investisseurs - et là l'Etat joue pleinement son rôle.

La France est le premier pays européen à développer le programme Idees, initiative mondiale de Microsoft. Pourquoi la France ?
Bonne question - les français ont souvent de bonnes idées. Dans le cas présent Idées est une idée qui devient "Ideas" et qui va être étendue dans d'autre pays par Microsoft car cela marche.

Quels partenariats industriels avez-vous signés au niveau français ? Sur quoi portent-ils ?
   
  Beaucoup de Français entreprennent déjà avec succès dans la Silicon Valley"

Dans le domaine des éditeurs de logiciel plusieurs partenariats sont à noter. Ceux notamment avec Dassault Systèmes (3D XML, Catia sur Vista, PLM collaboratif) et Cegid (logiciels de gestion).

D'autres partenariats d'envergure dans le domaines des télécoms : Alcatel (TV sur IP), FT/Orange (IM), Bouygues Telecom, Gemalto, ClubInternet (MSTV), etc. Dans tous ces cas, et je vais arréter là car la liste est longue, nous essayons de développer des produits / services ensemble.

Votre partenariat avec l'Inria pour créer un laboratoire commun va déboucher sur des travaux en matière de sécurité et de fiabilité informatiques, pouvez-vous nous en dire un peu plus ?
Il y a deux grands axes pour ce laboratoire à Orsay qui a terme va regrouper 6 équipes et une trentaine de chercheurs : informatique et mathématiques, et informatique pour d'autre sciences. Dans le domaine de l'informatique et des mathématiques les 3 équipes sont constituées et travaillent sur les preuves formelles, l'amélioration de la sécurité et les langages de spécification/preuve.

Je vous encourage à visiter le site du labo pour mieux comprendre les projets. Dans le domaine de l'informatique et des autres sciences l'objectif est d'aider grâce à l'informatique d'autres sciences (qui dépendent déjà beaucoup de l'informatique) comme la génétique, la médecine, la biologie etc.. en fournissant des outils plus puissants d'analyse, de stockage et de représentation/visualisation des données.

Vous apportez votre soutien à FBIA, en quoi consiste-t-il ?
Beaucoup de Français entreprennent déjà avec succès dans la Silicon Valley. L'idées est de faciliter des liens avec les start-up Idées qui souhaiteraient développer leur activité aux USA.

Comment revaloriser le métier d'informaticien et d'ingénieur ?
Je crois qu'il est important de mieux expliquer ce qu'est le logiciel. Car c'est encore trop abstrait pour beaucoup de monde. Il faut expliquer que c'est une véritable industrie (qui demande donc des investissements et une approche industrielle..) mais également en quelque sorte un art (car les talents sont clés).

Ensuite il faut rappeler qu'il y aura plus d'innovation dans les 30 ans qui viennent que dans les 30 ans passés - et que nous sommes donc au coeur d'une industrie qui va générer de la croissance et des emplois.

Enfin il faudrait refaire rêver sur les perspectives d'une carrière dans l'informatique et revaloriser les filières techniques. Nous avons chez Microsoft des architectes logiciels qui sont à des niveaux hiérarchiques supérieurs à des managers de grandes divisions. Cette révolution "culturelle" n'a pas encore eu lieu en France mais nous sommes optimistes.

Que pensez-vous des éditeurs qui montent des formations avec des universités pour que davantage de diplômés possèdent les compétences liées à leurs solutions ?
   
  Nous connaissons tous un déficit de compétences sur nos technologies"

En fait le débat est toujours le même: c'est important pour une école d'équilibrer les connaissances conceptuelles qui vont durer sur le long terme et les connaissances pratiques court terme qui vont générer une meilleure "employabilité".

Ce qui est certains c'est que nous connaissons tous un déficit de compétences sur nos technologies (il est par exemple aujourd'hui difficile de trouver des développeurs .NET car ils sont recherchés). Donc les éditeurs essaient en effet de créer des programmes de formation pour répondre à cette demande.

Que pensez-vous du pôle de compétitivité en logiciels libres ?
Tout d'abord c'est vraiment positif de parler enfin de logiciel comme un enjeu pour l'économie! Donc toutes les initiatives qui vont développer des compétences dans le logiciel et susciter des vocations sont les bienvenues.

Maintenant, libre est il synonyme de libre pensée ou de pensée unique? L'industrie du logiciel se développera en France en s'appuyant sur tout ses atouts. Il y a de nombreux éditeurs propriétaires, et de plus en plus d'éditeurs "mixtes" qu'il est absolument aussi nécessaire de valoriser.

On a l'impression que la création de start-up est repartie en France, c'est bon signe, non ?
Oui c'est très bon signe. Vu des Etats-Unis les Français sont "bons" dans le logiciel et les équipes techniques des start-up Idées (et de beaucoup d'autres) sont au meilleur niveau mondial il n'y a pas de complexes à avoir.

Ce qui est en plus très positif c'est que nous rencontrons beaucoup d'entrepreneurs qui ont maintenant une très bonne expérience business (ils ont pour la plupart vécu la bulle internet et ont appris). Et les capitaux-risqueurs sont dans une nouvelle phase d'investissements.

Dans son texte fondateur du Web 2.0, O'Reilly affirmait que Microsoft n'était pas "nativement" une société web 2.0. Que lui répondez-vous ?
Le web 2.0 c'est un peu remettre l'utilisateur "au centre" d'Internet, après une première phase où les serveurs étaient plutôt au centre. Nous avons toujours mis l'utilisateur "au centre" de nos activités donc d'un point de vue stratégique nous nous sentons quand même bien en phase avec les usages du web 2.0.

D'un point de vue technique le futur c'est software+service, c'est à dire du logiciel sur les clients et du logiciel sur les serveurs, la richesse vient de la complémentarité des deux (c'est à dire que nous ne parions pas sur un futur exclusivement serveur/services).

Comment voyez-vous des acteurs tels que Google ou Mozilla, sont-ils innovants ?
Oui bien sûr, ils sont innovants et c'est positif car nous aimons la saine émulation.

Google lance aujourd'hui mondialement sa toute nouvelle solution Enterprise : Google Apps Edition Premium, cela vous inquiète-t-il ?
   
  Il est difficile d'imposer une vision mais cela fait plaisir quand les clients nous donnent raison sur le long terme "

Même réponse - je ne suis pas cependant si sûr du niveau d'innovation réel dans ce cas. Je vous encourage à découvrir Office 2007 qui a été lancé en même temps que Vista.

Vous êtes un développeur ou un marketeur ?

J'ai été un développeur (sur station Sun avec les premiers produits d'Ilog, sur MAC avec 4D...) mais depuis je suis plutôt passé du coté marketing et mes équipes se moquent maintenant de moi quand je leur montre mon programme de résolution de Sudoku en C#...

Croyez-vous au rapprochement progressif des clients riches et légers, comme l'avait affirmé Steve Ballmer au Mix l'an dernier ?
Oui toujours, nous aurons d'ailleurs l'occasion de présenter beaucoup de nouveautés dans ce domaine lors de MIX à Las Vegas fin Avril et MIX à Paris le 21 juin !

Aujourd'hui, où en est l'adoption de ASP.Net 2.0 et Atlas ?
Atlas regroupe les composants Ajax pour Visual Studio et les serveurs ASP et est disponible. Globalement sur .NET nous sommes en forte progression et avons dépassé Java dans la plupart des études. Mais nous assistons aussi en parallèle à une progression des technologies PHP. Sur ces sujets, je vous encourage à découvrir les sessions TechDays en webcast (notre plus grande conférence technique jamais organisée en France avec 12 000 visiteurs début février).

Microsoft profite-t-il de sa position dominante dans le monde de l'informatique pour "imposer" sa vison ?
J'ai toujours été dans des activités chez Microsoft où nous étions plutôt l'outsider (LAN Manager, SQL Server, Windows NT, COM/DCOM puis .NET etc...) et où la concurrence a toujours été très rude. C'est d'ailleurs toujours le cas dans le domaine des outils de développement et des plates-formes pour les développeurs.

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Dans ce contexte il est difficile "d'imposer" une vision mais cela fait plaisir quand les clients nous donnent raison sur le long terme (par exemple avec les composants dans le système, les web services, le multi-langage pour .NET, j'espère LINQ et XAML dans le futur).

Qu'est ce qui fait la réussite d'une bonne idée ?
C'est la qualité de l'équipe qui va la mettre en oeuvre ! D'ailleurs, c'est souvent plus important d'avoir une bonne équipe qu'une bonne idée...

Merci à tous, et à bientôt, rendez-vous en "Live" à Mix le 21 Juin.

 
Propos recueillis par Fabrice DEBLOCK, JDN Solutions

PARCOURS
 
 
Marc Jalabert est directeur de la division DPE (Développeur, plate-forme et écosystème) de Microsoft.

1992 Il rejoint Microsoft France, après un peu plus de 3 ans passés dans les équipes de développement produits de Microsoft Corporation. Il a occupé des postes de chef de produit puis d'ingénieur d'affaires grands comptes avant de devenir responsable de l'entité fournisseurs de services Internet en 1999.
2001 Directeur Commercial du secteur télécommunications et médias.
2004 Directeur du Business Development, 2004.

Il est titulaire d'un diplôme d'ingénieur en informatique de l'Enseeiht et d'un MBA de l'Insead.

   
 
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