Faciliter
une prise de décision pertinente dans un laps
de temps limité, telle est la nouvelle contrainte
que doit désormais intégrer la Business
Intelligence. Le point avec Patrick Bensabat, PDG
de Business & Decision.
Une entreprise confrontée à la gestion
pertinente de ses données est un peu à
l’image du roi légendaire de Corinthe Sisyphe
poussant son rocher : c’est au moment où
elle pense maîtriser la masse d’informations
qu’elle prend conscience de la remise en cause
permanente de leur pertinence. Ce travail sans relâche
ne doit pas toutefois la décourager, tant les
progrès accomplis depuis une décennie
en matière de Business Intelligence favorisent
une gestion plus efficace.
Pouvoir agir sur le champ
« En dix ans, beaucoup de choses ont changé,
confirme Patrick Bensabat, PDG de la société
de conseil et d’ingénierie Business &
Decision. Les volumes de données analysées
ont été multipliés par 100, tandis
que les champs couverts par les outils décisionnels
se sont élargis à de nouvelles fonctions
de l’entreprise. Désormais, certaines compagnies
aériennes analysent ainsi les données
issues de leurs coupons de vol, de même que les
opérateurs télécoms décryptent
les ‘tickets’ de consommation ou de localisation
géographique. »
Dans le même temps, la création de canaux
électroniques de communication (centres d’appels,
sites Web, assistants personnels numériques,
SMS, WAP, UMTS) a multiplié les sources qui alimentent
les entrepôts de données. Le défi
consiste à savoir lire ces informations au fil
de l’eau, et à repérer celles qui
nécessitent un traitement immédiat. «
Pouvoir détecter et gérer plusieurs réclamations
déposées en ligne et concernant toutes
le même produit, ou bien analyser les conditions
d’une offre transmise électroniquement,
font partie des nouvelles demandes des entreprises »,
détaille Patrick Bensabat. Cette évolution,
fondamentale dans la façon de diriger une entreprise
au quotidien, entraîne des difficultés.
Au plan de l’organisation, il faut s’assurer,
en amont, que les filtres appliqués sur les données
sont bien ceux qui aident à mieux gérer
l’entreprise ; et en aval, que les alertes déclenchées
par les systèmes décisionnels seront prises
en charge par les managers compétents en la matière.
Au plan technique, les volumes stockés dans les
entrepôts de données sont passés
en dix ans d’un giga-octet à plusieurs
téra-octets. Les serveurs, les bases de données,
les réseaux : toute la chaîne de traitement
informatique a dû revoir ses performances à
la hausse, afin de maintenir des temps d’accès
acceptables pour les utilisateurs – de l’ordre
de quelques secondes.
La pression du temps
Ainsi, à prix constant, la puissance de calcul
a été plus que décuplée.
De même, les bases de données (relationnelles
ou multidimensionnelles) ont été optimisées
afin de ne recalculer que les variables modifiées
par l’utilisateur, et non plus l’ensemble
d’une requête complexe.
« La contrainte pour les entreprises est de réaliser
ces traitements dans des périodes de temps limitées
et précises », indique Patrick Bensabat.
Une prise de décision pertinente, à partir
d’informations synthétisées dans
des tableaux de bord, se joue parfois à quelques
minutes près... Aussi est-il nécessaire
d’assister les managers dans leurs prises de décision
par des logiciels qui proposent des recommandations.
Malgré les progrès réalisés,
le PDG de Business & Decision estime que le principal
frein, actuellement, à l’avènement
d’une gestion décisionnelle en temps réel,
réside dans l’absence d’un «
dictionnaire » de données unique. «
La Business Intelligence se nourrit de toutes les informations
d’une entreprise. Or, faire dialoguer un centre
d’appels, un entrepôt, une chaîne
de fabrication et un service financier implique de structurer
auparavant la ‘logique’ de l’entreprise
- par exemple : quels critères définissent
ses clients ? -, mais aussi son système d’information
», conclut-il.
De fait, les entreprises capables de se développer
dans une économie des plus concurrentielles,
sont celles qui sauront concilier un double mode de
pilotage : à la fois général (macro-économique)
et personnalisé (par activité, en temps
réel ou quasi-réel). P.B.
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