Surface Pro 3 : notre test

Surface Pro 3 : notre test En agrandissant son écran, la dernière Surface Pro de Microsoft s'éloigne de la tablette très mobile pour se rapprocher d'un bel ultrabook aux performances et potentiel honorables.

Microsoft vient de lancer en France la commercialisation de sa Surface Pro 3 présentée comme "la tablette qui peut remplacer votre ordinateur". Ce qui est en partie vrai, car il faut quand même bien nuancer cette affirmation, d'après le test que nous avons pu réaliser. Microsoft aime aussi souligner la polyvalence de la Surface Pro 3, n'hésitant pas à qualifier son nouveau terminal de véritable "4 en 1", étant à la fois un bloc-notes, une tablette, un portable et un PC. Ce qui n'est, là encore, qu'en partie vrai, car chacune de ces quatre utilisations peuvent vite rencontrer des limites. Mais, à regarder de plus près les différents griefs qui avaient pu être précédemment émis depuis le lancement de cette Surface équipée de la version Pro de Windows 8, force est de constater que Microsoft a bien fait évoluer son terminal dans le bon sens... mais il y a encore des points qui peuvent rebuter et être améliorés.

Premières impressions

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La Surface Pro 3 mesure 0,91 centimètre d'épaisseur. Elle pèse 800 grammes sans clavier, et 1,09 kilo avec. © Microsoft

Cette fois, les changements apportés à ce nouveau modèle sont conséquents, et immédiatement visibles. Il y a plus de différences entre cette troisième mouture et la précédente qu'entre la Surface Pro 2 et le premier modèle. Pour cette Surface Pro 3, Microsoft a en effet agrandi la diagonale de l'écran. La tablette est désormais dotée d'un écran de 12 pouces (contre 10,6 pour les deux premières versions de Surface Pro), qui passe d'ailleurs en format 4:3. Si elle est plus grande, elle est toutefois moins lourde (de 100 grammes) et aussi bien moins épaisse (0,91 cm, contre 1,35 cm précédemment), ce qui est évidemment appréciable. Elle a aussi un autre look, grisé grâce au magnésium qui l'habille, et plutôt classe. Résultat : il faut bien admettre que cette Surface Pro 3 est un bel objet. Et lorsque l'écran s'allume, lui et sa définition (2160 x 1440 pixels) flattent la rétine de manière très agréable.

En revanche, avec cette taille, en gros celle du format A4, et avec ce poids, et même si ce dernier a fondu, la tablette reste trop imposante pour pouvoir être véritablement mobile. Mais elle le sera plus que bien des ultrabooks... Avec ces dimensions, la Surface Pro 3 se rapproche en tout cas plus d'un ultrabook tactile que d'une tablette très nomade.

 
Surface Pro 3 : les différents modèles et accessoires, et leurs prix
Produit Prix
Source : Microsoft France
Surface 64 Go / Intel i3 / 4 Go de RAM 799 euros
Surface 128 Go / Intel i5 / 4 Go de RAM 999 euros
Surface 256 Go / Intel i5 / 8 Go de RAM 1299 euros
Surface 256 Go / Intel i7 / 8 Go de RAM 1549 euros
Surface 512 Go / Intel i7 / 8 Go de RAM 1949 euros
Clavier Type Cover 3 129 euros
Station d'accueil pour Surface Pro 3 (en précommande, disponible le 12/09) 199 euros
Adaptateur Ethernet ou HDMI ou VGA 39 euros

Une béquille enfin flexible !

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L'angle d'inclinaison de la béquille de la Surface Pro 3 est bien plus flexible que sur les modèles précédents. © Microsoft

Autre élément qui attire immédiatement l'attention et qui a fait l'objet (enfin) des efforts nécessaires et attendus depuis longtemps : la béquille. Elle est enfin totalement ajustable – elle ne propose pas tous les angles sur 180°, mais c'est suffisant pour la plupart des utilisations. Pour rappel, nous avions critiqué une béquille complétement figée dans le premier modèle. Pour la Surface Pro 2, Microsoft avait fait les choses à moitié, et proposé deux angles d'inclinaison au lieu d'un. Cette fois, enfin, Microsoft a inclus une béquille à l'inclinaison flexible. Il faut la forcer un peu pour la mettre en place, mais c'est ainsi qu'elle tient avec robustesse. Les conséquences ne sont pas anodines : avec son clavier, la Surface Pro 3 ressemble enfin à un vrai ultrabook que l'on peut mettre sur une table, et sur ses genoux avec beaucoup plus de liberté. Un bon point donc.

Coté connectique, le terminal est toujours assez bien fourni pour une tablette, mais rivalise mal avec d'autres ordinateurs portables, avec seulement un jack pour le casque, un port USB 3.0, un lecteur de carte microSD (caché sous la béquille) et un mini DisplayPort pour la relier à un écran ou un adaptateur HDMI.

Un stylet efficace, mais pas encore assez bien exploité

Nous voulions aussi mesurer les capacités du stylet, qui dispose désormais de trois boutons, permettant notamment d'effacer. Il est aussi d'une sensibilité remarquable : Microsoft annonce pas moins de 250 niveaux de sensibilité à la pression.

Il est intimement lié à OneNote, le bloc-notes numérique que Microsoft a inclus dans sa suite Office. Un clic sur son capuchon permet d'ouvrir et sauver un document dans le cloud OneDrive, c'est assez réactif et même spectaculaire, et finalement bien pensé car cela peut se révéler pratique. Relié à la Surface Pro 3 en Bluetooth, il peut même la sortir de veille par un simple clic.

Ce "bloc-notes" est bien trop lourd et imposant pour nous suivre partout

C'est donc en pensant à ce tandem stylet/OneNote que Microsoft considère sa Surface Pro 3 comme un bloc-notes. Pourquoi pas, car même si ce bloc-notes est bien trop lourd pour nous suivre partout, il peut cependant être rapidement saisi pour noter une idée qui jaillit. Mais il faut alors s'habituer à OneNote, qui a ses atouts (multidevice, cloud, fonctionnalités finalement assez riches à explorer), mais qui ne conviendra pas forcément aux utilisateurs d'Evernote... D'autant que l'app Windows 8 d'Evernote ne supporte pas le stylet des Surface Pro 3, ce qui est aujourd'hui quand même très gênant pour ses utilisateurs.

C'est d'ailleurs là que le bât blesse concernant le stylet, qui est trop timidement adopté par les éditeurs tiers (même si la suite Creative Cloud d'Adobe a fait des efforts), ce qui bride son intérêt. Même Microsoft ne joue pas le jeu à fond (et tellement moins que Samsung avec ses Galaxy Note) : le stylet n'a pas été pensé pour piloter Windows, et s'il fonctionne bien pour Paint, il n'est pas supporté par Word ou Excel.

Une tablette puissante comme un PC ?

La question des performances de la Surface Pro est évidemment essentielle pour certains usages professionnels. Pour y répondre, il faut d'abord bien voir que les différents modèles de Surface embarquent des processeurs différents, aux performances variables, qu'il faudra soigneusement adapter à l'usage que l'on veut en faire.

C'est important, car, par exemple, les différences de performance entre le processeur de la Surface Pro 3 d'entrée de gamme (Core i3 - 4020Y) et celui de la précédente Surface Pro 2 de première génération (Core i5-4200U) sont assez minimes d'après certains benchmarks. Quant aux autonomies, d'autres tests comparés ont aussi pu révéler que la Surface Pro 3 avec un Core i3 permet de surfer 9h15, là où la Surface Pro 2 présentait une autonomie de 8h33 (l'iPad Air tenant, lui, 10 heures). La Surface Pro 3 avec un Core i5 dure cependant un peu moins longtemps (8h05).

 
Détails sur les puces Haswell d'Intel embarquées dans les Surface Pro 3
Modèle du processeur Fréquence Carte graphique intégrée
Source : Microsoft
i3 - 4020Y 1.5 GHz Intel HD Graphics 4200
I5 - 4300U 1.6 GHz (et jusqu'à 2,9 GHz avec Intel Turbo Boost) Intel HD Graphics 4400
i7 - 4650U 1.7 GHz (et jusqu'à 3,3 GHz avec Intel Turbo Boost) Intel HD Graphics 5000

Le modèle que nous avons pu tester (affiché à 1 299 euros, avec 256 Go de stockage, 8 Go de RAM et un Core i5) est capable de gérer sur la longueur des applications assez gourmandes, même si des confrères ont pu le voir crasher après deux heures d'usages assez intensifs - mais pas exceptionnels non plus. La Surface Pro 3 se met alors à chauffer, mais de manière localisée, et en apparence bien moins qu'avec les modèles précédents. Ses ventilateurs se mettent alors à tourner, et contrairement à ce qu'affirme Microsoft, ils s'entendent un peu, mais rien de grave. Mais, en conclusion, non, il n'est pas totalement incorrect de dire que les performances de la Surface Pro 3 n'auront pas à rougir devant celles d'un PC - disons que cela dépend beaucoup du modèle de Surface Pro 3, et il ne faut pas non plus que la comparaison se fasse avec un PC trop haut de gamme et avec une bonne carte graphique...

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La station d'accueil de Surface Pro 3, ici vue de face et de dos, est facturée 200 euros. Elle enrichit la Surface Pro de trois ports USB 3.0, de deux ports USB 2.0, d'un port Gigabit Ethernet, d'un port pour un casque, et d'un mini DisplayPort. © Microsoft

Enfin, un petit mot sur le nouveau clavier. Ce Type Cover 3 dispose de touches suffisamment grandes, pour que de longs textes puissent y être écrits sans trop de mal. Il est relié de manière magnétique assez bien pensée, et permet évidement à la Surface Pro 3 de mieux concurrencer un "vrai PC". Mais il faut là encore un autre accessoire, la station d'accueil (enrichissant la connectique et permettant de projeter l'écran sur des moniteurs), pour que cette Surface Pro 3 rivalise encore mieux avec un PC de type Desktop. Un modèle haut de gamme, un clavier, une station d'accueil... : la note commence donc à sérieusement grimper pour que cette Surface Pro 3 puisse prétendre dignement défier de "vrais PC".

Le prix, la qualité, et la concurrence

Vient enfin la question du prix, à laquelle Microsoft préfère répondre en parlant "qualité-prix" , en positionnant sa tablette comme un concurrent des MacBook Air et en rapprochant ses prix de ceux pratiqués par Apple. Or, la comparaison détaillée des caractéristiques des deux terminaux ne donnent pas toujours l'avantage à Microsoft (voir ci-dessous).

 
Surface Pro 3 vs Mac book Air
Spécification Surface pro 3 (sans clavier) MacBook Air
Source : Microsoft et Apple
Taille de l'écran et résolution 12 pouces (30,48 cm) en 3:2 et avec 2160x1440 pixels (216 ppi) 1366x768 pixels/16:9 pour le 11,6 pouces (135 ppi) et 1440x900 pixels/16:10 pour le 13,3 pouces (127 ppi)
Dimensions  29,21 cm (largeur) x 20,14 cm (profondeur) x 0,91 cm (épaisseur) 30 cm (largeur) x 19,2 cm (profondeur) x 1,7 cm (épaisseur) pour le 11 pouces. 32,5 cm (largeur) x 22,7 cm (profondeur) x 1,7 cm (épaisseur) pour le 13 pouces
Poids 800 grammes (clavier dédié 295 g, soit 1,095 kg avec le clavier) 1,08 kg (11 pouces) et 1,35 kg (13 pouces)
Connectique Un port USB 3, un lecteur de carte microSD, prise casque, mini DisplayPort Deux ports USB 3 x 2, casque, thunderbolt (lecteur sdxc pour le modèle 13 pouces)
Processeur Haswell Core i3 4020Y (cadencé à 1,5 GHz) ou I5 - 4300U (1,6 GHz) ou i7 - 4650U (1,7 GHz ) i5-4260U (Haswell cadencé à 1.4 GHz) ou i7-4650U (1,7 GHz)
Graphismes  Intel HD Graphics 4200 pour le modèle i3, Intel HD Graphics 4400 pour l'i5, Intel HD Graphics 5000 pour l'i7 Intel HD Graphics 5000
Mémoire RAM 4 ou 8 Go 4 ou 8 Go
Stockage 64 à 512 Go 128 Go mini, et pouvant atteindre 512 Go 
Autonomie annoncée Jusqu'à 9h de navigation Web 9 h pour le 11 pouces, 12h pour le 13 pouces
Tactile Oui Non
Caméra Deux caméras avant et arrière HD de 5MP Caméra avant HD de 720p/0,9MP
Prix A partir de 799 euros (928 euros avec le clavier dédié) A partir de 899 euros pour le 11 pouces ; 999 euros pour le 13 pouces

Par ailleurs, une recherche rapide permet de s'apercevoir qu'il existe aujourd'hui des ultrabooks certes moins chers, mais qui sacrifient souvent la performance (le processeur), le poids, ou la capacité de mémoire pour rendre leur prix plus attractif. Reste à voir si les nouveaux modèles attendus pour cette rentrée, dont ceux qui sont actuellement présentés à l'IFA, ne vont pas pouvoir sérieusement concurrencer cette Surface Pro 3.

La Surface Pro 3 a gommé bien des défauts des précédents modèles

En résumé, ce prétendu "4 en 1", en voulant être tout à la fois, n'est excellent nulle part, et brille peut-être le plus en tant que bel ultrabook, mais pas donné. Toutefois, force est de constater que certains des défauts que nous avions pu citer lors des tests des modèles précédents ont bien été corrigés. Nous en avions d'ailleurs listé huit, il y a un an. Beaucoup avaient déjà été corrigés, au moins en partie avec la Surface Pro 2. Sur les huit points critiqués, la moitié ont aujourd'hui été très largement améliorés : la tablette est bien moins lourde, le problème de la béquille est enfin réglé, la chaleur est mieux gérée, et l'autonomie de la batterie est désormais correcte, tenant toute une journée de travail.

Mais il reste des points noirs, déjà évoqués : le stylet n'a toujours pas été pleinement intégré, Office n'est toujours pas inclus, et la connexion 4G est toujours absente. Le prix peut aussi toujours être assez dissuasif. Pourtant, si la tablette voyait son prix fondre de 20%, avec un clavier et Office 2013 offerts, elle aurait bien plus de chance de secouer le marché...