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21/02/2008

Philippe Hedde (Syntec Informatique) : "La guerre des compétences fera rage au sein des pays occidentaux"

Politique publique de promotion des TIC, financement des projets, gestion des compétences, etc. Le président de la Commission Innovation du Syntec Informatique a répondu aux questions des lecteurs.
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Philippe Hedde (Syntec Informatique)
 
 
 

Comment en vient-on à s'engager au Syntec ? Vous êtes mandaté par IBM  ?

Je suis arrivé à Syntec informatique grâce à IBM que je représente et qui est adhérent de la chambre professionnelle. j'ai été élu il y a un an pour trois ans par l'assemblée générale de Syntec informatique.

Fondamentalement, c'est par passion pour notre industrie, pour ce qu'elle porte, que je me suis engagé et que j'ai rejoint une équipe dirigée depuis quarte ans par Jean Mounet.

En fait, j'ai pris la responsabilité de la commission innovation, qui a pour objectif de promouvoir le rôle des TIC dans l'ensemble des innovations qui existent pour l'ensemble de nos industries et de nos administrations.

L'immense majorité des innovations de produits, services ou de business models n'a pu être réalisée que grâce aux TIC. Prenons l'exemple du Vélo'v à Lyon ou du Vélib à Paris, qui a pour objet de faciliter les déplacements intra muros grâce au vélo. Cette innovation n'a été possible que par une maîtrise de bout en bout de technologies informatiques.

Que pensez de la politique du gouvernement sur le plan des TIC et de la promotion de l'innovation dans ce domaine ?

Vaste programme !... Je crois que le gouvernement a fait preuve d'innovation en lançant par exemple la commission Attali. Au fond, loin de travailler seule, l'administration s'est proposée de réunir 40 personnalités d'horizons très différents qui eux mêmes ont fait appel à des centaines d'expertises pour proposer plus de 300 mesures dont l'objectif est de décloisonner la société française.

 
Cécile Genest © Journal du Net
 
"J'ai eu l'occasion de plancher devant la commission Attali, un certain nombre de nos points ont été repris"

Or, on sait de façon certaine, que l'innovation ne vient pas uniquement de la recherche et développement, mais de la capacité à faire travailler ensemble collaborateurs, fournisseurs, clients... En soit cette démarche de la commission Attali est très innovante.

Qu'aviez-vous pensé des point du rapport Attali concernant l'informatique ?

Sur le fond, la commission Attali a fait une large place à l'industrie du numérique en tant que "passeport de croissance" pour la France et pour ses industries. Mais comme toujours, c'est l'implémentation qui est intéressante, et là on peut craindre que la réduction de la commission Attali au problème des taxis ralentisse les propositions intéressantes qui ont été faites.

J'ai eu l'occasion de plancher devant la commission Attali, un certain nombre de nos points ont été repris, en particulier autour du rôle des PME, de l'e-administration. Je pense que les propositions sur le crédit impôt recherche ne vont pas assez loin. Nous avions proposé un crédit impôt innovation en particulier pour les éditeurs de logiciels.

Cette industrie de l'édition de logiciel, qui est très innovante, a besoin réellement d'être supportée pour rester en Europe. Elle est beaucoup plus supportée en Angleterre. Il est capital de l'aider. Nous avions fait également des propositions sur le sujet des financements via les business angels.

Comment inciter les investisseurs à soutenir les PME des TIC, ce qui n'est pas vraiment le cas aujourd'hui ?

Nous avons fait le même constat que vous. Nous avions proposé de créér un vrai statut de société d'investissement de Business Angels. Ce statut bénéficierait du statut fiscal de société de capital risque sur le modèle anglais, qui sans rentrer dans les détails techniques et financiers a démontré son succès. Nous avions aussi proposé de transposer le système des SOFICA en SOFICIEL ce qui permettrait un plus large accès au financement de nos PME. A titre d'information, nous avons plus de 2500 entreprises dans le domaine de l'édition, mais aucun français dans les 15 leaders mondiaux.

 
Cécile Genest © Journal du Net
 
"Le rapport est de 1 à 4 entre la croissance du PIB et celle des entreprises IT"

Les profils de compétence disponibles sur le marché informatique en France sont-ils à la hauteur des enjeux, en termes qualitatif et quantitatif ?

La réponse est oui. Les entreprises trouvent aujourd'hui les compétences dont elles ont besoin avec une certaine tension au profit des employés. Au demeurant, nous avons fait le constat que notre secteur qui bien qu'il participe de façon considérable à la transformation des entreprises, des administrations et de la société, ne jouit pas forcément de l'image qu'il mérite face à d'autres secteurs comme la banque...

Par contre, nous savons que dans l'avenir et malgré le développement de l'offshore, la guerre des expertises et des compétences dans les pays occidentaux fera rage. Nous avons lancé une grande campagne www.changeursdemonde.com à destination des lycéens pour faire découvrir les métiers et susciter les vocations.

Je suis DRH d'une SSII. Quelle est votre vision sur l'évolution des métiers de l'informatique ?

L'informatique n'a comme limitation que la capacité des organisations à pouvoir mettre des moyens financiers à développer des projets. En un mot, il n'y a pas de limite sur les projets à réaliser, sauf des limites financières. C'est donc un secteur très porteur qui permet de donner vraiment du sens aux missions des collaborateurs, qu'ils soient en société de services ou qu'ils travaillent sur les projets dans les entreprises. Les métiers vont profondément évoluer, et en particulier sur la problématique de la maîtrise bout en bout des projets de transformation.

Quid des pôles de compétitivité ? Jouent-ils leur rôle ?

La démarche est très intéressante, mais il y a certaines lourdeurs dans le dispositif. Nous nous sommes intéressés en particulier au logiciel embarqué et nous avons très bien travaillé avec les trois pôles qui s'y consacrent. Nous avons lancé l'an dernier avec System@tic et la DGE les premières assises de l'embarqué.

 
Cécile Genest © Journal du Net
 
"Nous travaillons en étroite collaboration avec le Comité Richelieu, notamment pour la promotion d'un Small Business Act européen"

Cette manifestation a permis à cette industrie de prendre conscience de son importance et de se "compter". Cette manifestation permet maintenant de monter une journée franco-allemande de l'Embarqué qui aura lieu le 26 juin prochain à Paris. Les pôles français et allemands ont décidé de travailler ensemble sur ce sujet.

Europe, pôles de compétitivité, Anvar, aide à l'export via UbiFrance et la Coface… Le problème n'est-il pas la dispersion des aides et leur manque de coordination ?

Absolument, c'est un vrai souci qui a été reconnu par la commission Attali. On ne voit pas les choses s'améliorer.

Que pensez-vous des idées poussées par le Comité Richelieu en matière de promotion des PME innovantes ? Faut-il mettre en œuvre une politique un peu plus interventionniste pour faciliter l'accès des PME innovantes aux appels d'offres des grands donneurs d'ordres ?

Nous travaillons en étroite collaboration avec le Comité Richelieu, notamment pour la promotion d'un Small Business Act européen. D'ailleurs Syntec informatique et le Cigref ont signé en 2006 une déclinaison IT du Pacte PME.

Existe-t-il des indicateurs pour connaître la contribution des TIC à l'innovation pour une entreprise ?

C'est un sujet sur lequel nous avons travaillé. Il n'y a pas d'indicateur formel. En revanche, ce que l'on constate, c'est qu'il y a un rapport de 1 à 4 entre la croissance du PIB et celle des entreprises IT. Quand la croissance du PIB français est de 1.5%, la croissance du secteur des TIC est d'environ 6%. En Chine, où la croissance du PIB est au-delà de 10%, les entreprises du secteur des TIC sont au-delà de 35%.

Quel est votre point de vue sur les brevets logiciels ? Est-ce une mesure qui irait dans le sens de l'innovation, ou au contraire la bloquerait ?

Nous sommes d'abord fondamentalement pour les systèmes ouverts et l'interopérabilité, c'est fondamental. Mais au demeurant, il faut bien que la recherche, l'innovation, le développement logiciel - environ 20% du CA des éditeurs de logiciel - soient rémunérés. Les brevets doivent rémunérer la recherche, mais l'interopérabilité est indispensable.

 
Cécile Genest © Journal du Net
 
"Alors qu'un mouvement de consolidation s'opère, de très nombreuses entreprises se crééent"

Que pensez de la consolidation du marché de l'informatique ? Cette tendance favorise-t-elle vraiment l'innovation ?

Je vais vous étonner, il n'y a pas de consolidation réelle. Si vous prenez le secteur automobile, c'est un secteur qui a connu depuis 40 ans une vraie consolidation. Par contre, dans les TIC, malgré la consolidation apparente, le leader mondial de l'informatique, IBM n'a toujours que 13% environ de parts de marché. Alors qu'un mouvement de consolidation s'opère, de très nombreuses entreprises se crééent, dans un mouvement incessant de régénération. Cela démontre que notre industrie est dans une formidable phase de développement.

Quel est votre rôle au sein d'IBM ?

Pendant 3 ans j'ai dirigé l'activité Conseil-Intégration d'IBM France et je suis maintenant responsable des opérations de cette même division pour l'Europe du Sud. Je suis engagé dans de nombreux projets de transformation auprès de nos clients.

 

Administrateur de Syntec informatique, Philippe Hedde préside la Commission Innovation, très impliquée dans la sensibilisation à l'innovation dans la croissance et au rôle des TIC dans ce domaine. Cette action de sensibilisation générale prend diverses formes (trophées de l'innovation, livres blancs...). P

hilippe Hedde est aussi directeur général business operations au sein d'IBM France. Il est Ingénieur des Travaux Publics et diplômé de l'Institut Supérieur des Affaires. Il est par ailleurs ancien auditeur de l'Institut des Hautes Etudes de la Défense Nationale.

Il a exercé de nombreuses responsabilités au sein d'IBM, en France, en Europe et aux Etats-Unis. Depuis 10 ans, il a entre autres dirigé l'activité des services d'outsourcing, puis jusqu'en 2007, celle du conseil et des services d'intégration applicative d'IBM France (GBS).

 


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