Big Data et Internet des Objets au secours du dérèglement climatique

En accueillant COP 21, la France joue déjà un rôle majeur. Mais elle peut aller plus loin dans la lutte contre le dérèglement climatique. Notamment en valorisant ce qui fait sa force sur la scène mondiale : l’innovation technologique.

A l’heure où les représentants de plus de 190 pays du globe se réunissent à Paris pour sceller un accord global sur la réduction des gaz à effet de serre, les conséquences du réchauffement climatique ne font plus de doute. L’urgence est réelle : si rien ne change, les 5 degrés de température supplémentaires à l’horizon 2100 vont rendre notre planète invivable. Alors que la prise de conscience semble réelle, les intérêts des nations divergent, rendant le consensus difficile à trouver.

En accueillant cette conférence internationale décisive, la France joue déjà un rôle majeur. Mais elle peut aller plus loin. Notamment en valorisant ce qui fait sa force sur la scène mondiale : l’innovation technologique. La COP 21 s’est ouverte sur fond de révolution dans le domaine de l’énergie, notamment avec l’apparition des premiers réseaux intelligents. L’initiative d’ERDF qui vise à déployer dans 35 millions de foyers français un compteur électrique dit « intelligent », combinant différentes technologies – électrotechnique, information et télécommunications – pour optimiser la gestion des ressources électriques est sans équivalent dans le monde.

En effet, l’analytique et les Big Data pourraient s’avérer décisifs dans notre lutte contre le dérèglement climatique. Associées à l’Internet des Objets, les technologies de Big Data pourraient nous aider à optimiser la consommation de ressources (énergie, eau, voire produits alimentaires), à réduire notre empreinte carbone, à rationaliser les transports, etc.

Dans le domaine de l’énergie et du transport, les Big Data associés aux objets connectés peuvent permettre de réduire l’empreinte carbone de manière significative. En croisant les données produites par différents acteurs (producteurs électriques, réseaux de transport, municipalités, particuliers, open data...), il est possible de modéliser le comportement d’une ville et d’en réduire l’impact sur l’environnement. C’est tout l’intérêt du concept de « ville intelligente » ou « ville connectée », portée par des acteurs comme m2ocity, dont l’infrastructure permet d’une part de rationaliser la collecte des données des compteurs et d’autre part, d’en industrialiser l’analyse dans le but d’aider villes et collectivités à trouver des solutions plus écoenergétiques.

Les objets connectés se retrouvent à tous les niveaux : production, transport, consommation. Les compteurs connectés ont une incidence directe sur le comportement et la consommation d’énergie individuels, mais ils permettent également d’instaurer une politique à l’échelle de l’ensemble d’une ville. L’échange de données énergétiques contribue à mettre en lumière de nombreux leviers d’économie d’énergie. Par exemple : gestion en temps réel des énergies renouvelables, détection des incidents, adaptation du service à la consommation réelle (régulation automatique de la consommation d’énergie en fonction des activités et habitudes des individus), création de nouvelles offres « éco-responsables », etc. L’accès à ses données sur smartphones ou tablettes ainsi que la mise en place de systèmes d’alerte permet également aux individus de devenir plus responsables – diminution de la température de son chauffage individuel, gestes quotidiens pour éviter de gaspiller l’eau etc.

L’exemple du compteur connecté prouve toute la validité d’un modèle combinant Internet des Objets et technologies Big Data. Dès lors, il est aisé d’imaginer tout le champ des possibles, comme par exemple l'énergie intelligente (smart grids), la mesure et le contrôle de la pollution, la gestion des infrastructures publiques – éclairages, routes, déchets, réseaux d’eau, etc. Des municipalités ont franchi le pas pour devenir des villes intelligentes – c’est le cas de Chicago aux Etats-Unis et du projet « Array of Things » ; plusieurs capteurs installés dans la ville ont pour but de suivre les données de pollution, de bruit, sur les infrastructures etc. Ses données seront alors couplées avec d’autres indicateurs, de santé par exemple, afin d’améliorer la qualité de vie des habitants.

Au-delà de la prise de conscience des particuliers, les clés du succès de telles initiatives résident à la fois dans l’implication des pouvoirs politiques aux niveaux régional, national et européen, et dans la maturité des technologies. Avec la généralisation des technologies de smart grid, les besoins en compétences et en technologies d’analyse de données vont se multiplier. L’arrivée à maturité des technologies de Big Data, portée notamment par les progrès d’Hadoop, ainsi que des systèmes de visualisation de données et des algorithmes de gestion de données, répond à ce besoin.