ANALYSE
 
20/09/2007

La bureautique : bientôt un marché ouvert et standard ?

Microsoft et IBM sont attaqués de toute part sur leur suite Office et Lotus Notes. L'Open Source, les modèles gratuits ou en ligne viennent bousculer un marché endormi, où les clients attendent du neuf.
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Le marché des suites bureautiques et collaboratives continue de se transformer. Outre la montée de nouveaux acteurs comme Zoho, Thinkfree Office ou ContactOffice, de solutions Open Source comme OpenOffice ou Koffice intéressent de plus en plus d'entreprises et forcent les grands éditeurs à se réinventer pour rester dans la course.

Cette semaine, les annonces se sont bousculées : Google qui lance sa solution de gestion de présentation Web (concurrent de Powerpoint), IBM qui rejoint les développeurs OpenOffice et lance sa suite bureautique gratuite Lotus Symphony. Et enfin Yahoo qui rachète Zimbra pour 350 millions de dollars (messagerie et outils collaboratifs pour l'entreprise).

«Le besoin d'applications en ligne est latent, mais pas encore clairement exprimé. Le marché sera mûr lorsqu'il se sera posé la question : a-t-on réellement besoin d'Office ? Pour l'instant, les entreprises font le constat de 25 ans de situation monopolistique aboutissant à un échec. Lotus Notes ou Microsoft Office ne sont pas des outils pleinement efficaces, car trop lourds à mettre en oeuvre et trop complexes pour les utilisateurs. Il y a un marché pour des fournisseurs de système d'information à la carte», estime Frédéric Cavazza, consultant indépendant.

Et ce marché attire aussi bien de nouveaux acteurs que des spécialistes du Web. Google et sa solution Google Apps mène par exemple la vie dure à ses concurrents. Yahoo et Microsoft ont toutefois répliqué, le premier avec ses outils Yahoo Mail et Yahoo Messenger, le second avec Office Live et Windows Live. Salesforce mise lui aussi sur le travail collaboratif en plus de ses outils de CRM.

«Ils ne réagissent pas tous à la même chose. Microsoft essaie de contrôler Google, mais opte pour un modèle software + service. L'objectif étant de continuer à travailler sur le logiciel tout en offrant du collaboratif avec les logiciels en ligne. Microsoft maintient donc le couple Windows et Office qui sont ses vaches à lait», indique Guillaume Plouin, consultant chez SQLI.

"Microsoft essaie de contrôler Google"
(Guillaume Plouin - SQLI)

«IBM réagit plutôt au fait que les grands comptes, jusqu'à présent sous Lotus, passent sur Exchange depuis deux ans environ. IBM n'est pas positionné sur le segment des applications en ligne. Il pousse une alternative standard à Exchange, basée sur des modèles gratuits et Open Source. Et ce concept marche, ils l'ont déjà démontré avec Eclipse», ajoute Guillaume Plouin.

A l'inverse, Google tire son épingle du jeu avec Google Apps. «Le collaboratif en ligne de Google est maintenant très avancé. L'édition de tableau à plusieurs est une offre assez bluffante. Globalement, l'offre de Google équivaut à Office, Sharepoint et Office Live Meeting, avec pour force de tout proposer dans la même suite. Si le côté collaboratif est bien complet, certaines fonctionnalités doivent encore être mise à niveau», complète le consultant de SQLI.

A mesure que les fonctions se standardisent, la part de marché des solutions Open Source ou en ligne devrait logiquement progresser. Les modèles sont donc à réinventer : Google mise par exemple sur un mixte gratuit / payant. Pour le grand public, des offres financées par la publicité sont même envisageables, à l'instar d'autres services en ligne.

«On ne peut pas parler de marché mais d'écosystème. En gros, l'outil informatique en entreprise, c'est une multitude de solutions et d'acteurs. Au sein de cet écosystème, il y a plusieurs familles. Les solutions de communications de type messagerie / IM, les solutions de production comme la suite Office, et les fournisseurs de solutions de collaboration et diffusion type IBM ou Salesforce. Les offres ne sont pas comparables», rappelle Frédéric Cavazza.

Mais l'évolution en cours tend à rapprocher de plus en plus ces univers, et le regard tourné vers l'utilisateur final pousse à une solution intégrée de bout en bout. L'Open Source, de même que les modèles gratuits répondent en général au premier problème à résoudre au sein des DSI : le prix des licences des suites bureautiques, jugé trop onéreux. L'Open Source résout même un second problème : celui de l'interopérabilité et du respect des standards, depuis qu'OpenDocument a été normalisé ISO.

Des freins qui tendent à être levés : sécurité, disponibilité et réversibilité

Les services Web hébergés répondent enfin à un dernier enjeu, celui de simplifier la gestion de parc et l'administration des outils bureautiques. Un objectif à rapprocher de la tendance actuelle des DSI à recourir à l'externalisation. La confiance vis-à-vis du prestataire et sa réputation deviennent alors des critères essentiels de choix pour les clients.

«Des sociétés comme Socialtext, Zimbra ou d'autres ont déjà conquis des clients et prouvé leur sérieux. La confiance s'établit aussi dans le contrat de service. Après, est-ce qu'on peut faire confiance à Salesforce ou Zimbra ? Oui, je dirais, et pas plus ou pas moins qu'à Oracle, Microsoft, SAP ou IBM. Ils vendent un logiciel ou un service avant tout», analyse Frédéric Cavazza.

Reste pour ses nouveaux acteurs à répondre aux nombreuses attentes et spécificités des clients. «Je vois 3 freins aux suites collaboratives en ligne : la sécurité, la disponibilité et la réversibilité. La sécurité, c'est garantir la confidentialité des données et protéger l'accès à ses données. La disponibilité, c'est pouvoir faire confiance à l'hébergeur sur la fiabilité de sa plate-forme. Enfin, la réversibilité, c'est pouvoir récupérer ses données si l'entreprise souhaite changer de prestataire», note Guillaume Plouin.

Dans ce domaine, les choses avancent à grand pas. Google propose par exemple de garantir 99,99% de disponibilité à ses clients de l'offre payante Google Apps. Même chose côté sécurité, où des entreprises comme Salesforce ont déjà subi à plusieurs reprises des attaques et se protègent. Les grands comptes commencent par conséquent à étudier ces alternatives.

 
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«D'ici quelques années, on ne pourra plus faire payer la bureautique aux entreprises. C'est un marché moribond, où les nouvelles versions n'apportent plus vraiment de nouveautés. Les offres gratuites et Open Source prendront alors le relais», estime Guillaume Plouin. Autre avantage des suites bureautiques en ligne, le contenu est immédiatement partagé entre tous les collaborateurs et ne reste pas isolé et sous-exploité.

En revanche, des connecteurs seront à réaliser entre fournisseurs de services et entre applications internes et services Internet pour conserver les solutions métiers d'entreprise connectées aux applications bureautiques. Tout reste donc à faire, et il n'est pas exclu que d'autres grands acteurs investissent dans des solutions nouvelles pour rattraper le train en marche.

 


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