Laurent Prével (Aproged) L'Open Source dans la GED est en très forte croissance

Dans un contexte économique houleux, le secteur de la gestion électronique de documents ne va pas tomber à la renverse. Au contraire, une croissance vigoureuse à deux chiffres est attendue.

 Comment va évoluer le secteur de la GED en 2009 ? 

Le secteur de l'économie numérique dans son ensemble et de la GED en particulier va poursuivre son dynamisme en 2009, porté par plusieurs facteurs. Tout d'abord, la forte demande du secteur public en matière de solutions de GED et de prestations de services associées mais aussi les initiatives comme le plan Besson. 

Dans notre pays, le dynamisme de ce secteur est porté par les conséquences de l'évolution du paysage normatif, légal et réglementaire. L'un des exemples les plus marquants concerne le domaine de la facture électronique qui a amené les acteurs à se positionner sur un marché à forte croissance.

L'autre aspect qui fait évoluer le marché est tout ce qui a trait au développement durable. Dans la sphère numérique telle que nous l'appréhendons, cela ne concerne pas seulement le green IT. Mais également le développement durable en matière sociale et sociétale, et de la transformation de l'usage des technologies numériques au quotidien.

Les solutions de GED ont gagné en maturité et nombreuses sont celles à orienter leur couverture fonctionnelle vers la maîtrise de l'information numérique au sens large. Derrière ces enjeux, on trouve bien évidemment celui du traitement des informations non structurées. Pour 2009, nous estimons que le marché de la GED et tout particulièrement celui de l'intégration de services dans le domaine de la dématérialisation des factures évoluera sur une croissance à deux chiffres.

"Je ne pense pas que l'offshore en matière de GED soit aussi développé que ce que l'on aurait pu imaginer au départ"

Open Source, offshore, conséquences de la crise économique... Quels facteurs renforceront ou pénaliseront ce secteur ?

Les technologies Open Source liées à l'économie numérique et à la GED sont en très forte croissance. Mais il n'existe pas une particularité qui soit propre au secteur. Ce phénomène de croissance est comparable à celui des technologies de l'information au sens large. Lorsqu'une entreprise se met en recherche d'une solution de GED, c'est désormais très rare qu'elle fasse l'impasse sur les technologies issues du monde Open Source.

En revanche, je ne pense pas que l'offshore en matière de GED soit aussi développé que ce que l'on aurait pu imaginer au départ. La tendance serait même au contraire à la relocalisation de la production documentaire. 

Tout le bruit que l'on a pu faire autour des centres d'appels et de services sur la dématérialisation est à relativiser aujourd'hui. Les entreprises commencent en effet à se rendre compte que le travail d'enrichissement et d'indexation documentaire se révèle au final plus compliqué que prévu à réaliser en offshore. Ce qui n'empêche bien sûr pas les grands intégrateurs de profiter du dynamisme global du secteur pour se positionner.

Nous sommes convaincus que le secteur de la GED dans son ensemble sortira renforcé de la crise. La croissance est plus que jamais à l'ordre du jour aussi bien sur le segment de la gestion du cycle de vie des documents, de la transformation et de la gestion de l'information non-structurée que sur d'autres technologies comme la 3D. Cette dernière permet de personnaliser les chaînes de production documentaire et de faire évoluer les entreprises vers l'Entreprise 2.0.

Quel bilan tirez-vous de la forte concentration du secteur sur ces dernières années ?

La concentration est un phénomène qui n'est pas caractéristique du marché de la GED mais est général au secteur des TIC. Les rapprochements significatifs qui ont été réalisés tout au long des dernières années comme EMC avec Documentum, IBM avec FileNet ou dernièrement le rachat d'Interwoven par Autonomy témoignent que la maturité est atteinte pour nombre de briques de GED.

Cette tendance amène d'ailleurs à un double constat sur le marché français en particulier : sur les briques de l'économie numérique où il y a concentration, les éditeurs de solutions Open Source tapent forts en proposant des offres pertinentes, tandis que l'émergence des mouvements de concentration à l'international voit paradoxalement fleurir en France une kyrielle de petits acteurs spécialisés qui parviennent à tirer leur épingle du jeu.  

Laurent Prével est président de l'Aproged.