Pourquoi
avoir créé United Linux ?
François Mauny.
La raison première est la suivante : nous
voulions à tout prix obtenir la certification
des grands constructeurs de serveurs pour environnement
critique, ainsi que celles des grands éditeurs.
Mais ils nous ont fait savoir qu'ils n'étaient
pas prêts à examiner et à valider
les produits de toute une constellation d'éditeurs.
Ils nous ont fortement pressés de nous unir.
Et nous voilà unis, prêts à passer
tous les tests nécessaires pour asseoir notre
crédibilité.
United
Linux n'est pas une distribution généraliste ?
Vous ne visez pas le grand public ?
Non. Nous ne visons ni le grand public,
ni les petits serveurs du type serveur Web. Ces marchés
sont verrouillés et ne rapportent presque rien.
Nous sommes clairement
orientés vers une partie du marché sur
laquelle les jeux
ne sont pas encore faits : les serveurs critiques.
Vous
jouez donc la carte de la spécialisation ?
Tout à fait, et nous
la revendiquons. Pour tout dire, nous pensons qu'il
n'y a pas un seul éditeur qui soit suffisamment
solide pour conquérir tous les segments du marché
Linux - c'est-à-dire le grand public, le
desktop, les serveurs web, les serveurs critiques, etc.
Red Hat peut-il prétendre avoir l'envergure de
Microsoft ?
Revenons
aux éditeurs qui ont créé United
Linux. Vous êtes-vous regroupés car vous
n'aviez pas atteint une taille critique pour survivre?
Toutes les distributions de Linux sans
exception ont des problèmes de rentabilité.
Toutes tentent donc de repenser leur modèle économique.
Mais
tout de même : Turbolinux, Connectiva, SuSE,
SCO... Votre part de marché cumulée semble
assez ténue ?
C'est difficile à dire : il n'existe à
cette heure aucun chiffre fiable. Certaines distributions
ne sont pas commerciales, et il n'est pas étonnant
qu'elles soient très répandues. A côté
de cela, il en existe des commerciales, vendues à
différents prix, mais les chiffres de diffusion
pour ces produits émanent de leurs éditeurs :
on ne peut pas leur faire confiance. C'est le flou le
plus total. Je ne suis pas sûr que les éditeurs
de United Linux aient une diffusion confidentielle partout
dans le monde : certains font partie des leaders
sur le continent asiatique par exemple. Dans ce flou
artistique, on ne peut être sûr que d'une
chose : il existe un grand leader, et c'est Red
Hat. C'est lui que nous attaquons de front sur le marché
des serveurs critiques.
Concrètement,
United Linux a ses propres développeurs et ses
propres bureaux ?
Tout à fait. United Linux a des
bureaux aux Etats-Unis dans lesquels travaillent une
centaine de personnes - essentiellement des ingénieurs.
Tous ont été détachés des
équipes de SCO, et de celles de ses trois partenaires.
Ils travaillent sur le coeur de United Linux. Par contre,
chaque éditeur garde pour lui des équipes
chargées de sélectionner et de développer
toutes les applications qui font la spécificité
de chaque distribution. Dernière précision :
chaque éditeur conserve également ses
équipes commerciales et ses canaux de distribution.
Il
n'y a donc plus qu'une distribution commune, avec quatre
variantes, et quatre canaux de distribution ?
Ce n'est
pas tout à fait exact. SuSE et Connectiva vont
garder leur propre distribution, en parallèle
à United Linux. Pour Turbolinux et SCO, il est
fort probable qu'ils se consacreront exclusivement à
United Linux : leur positionnement est très
axé sur l'entreprise et les applications critiques.
Pour ce qui me concerne, et donc pour SCO, la décision
n'a pas encore été prise.
Au
départ, avez-vous vraiment cru que Red Hat et
Mandrake allaient s'embarquer dans United Linux ?
Je n'ai jamais imaginé que Red
Hat allait saisir la perche tendue par United Linux.
Par contre, j'ai vraiment cru que Mandrake allait nous
rejoindre. Force est de constater que Mandrake a les
chevilles un peu trop grosses pour passer la porte de
United Linux. Et c'est bien dommage : le rapprochement
aurait profité à Mandrake comme à
United Linux.
Quel
effet cela fait-il de travailler main dans la main avec
les concurrents d'hier ?
Ca fait un peu le même effet qu'à
un député UDF qui décide de passer
à l'UMP. On est intégré dans un
grand tout, mais on conserve son identité.
Quel
sera le prix de United Linux ?
Entre
500 et 2 000 euros suivant le niveau de support
souhaité.
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