Infrastructure/Chantiers
L'âge d'or de Linux est-il derrière lui ?
Dix ans après ses débuts, l'OS de Linus Torvalds triomphe. Mais Linux est maintenant devenu un vrai business, et le pingouin risque de perdre son capital sympathie. (Jeudi 12 septembre 2002)
     
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Que de chemin parcouru entre le petit OS confidentiel - utilisé en 1991 par un millier de passionnés - et la flamboyante alternative qu'il est devenu dix ans plus tard ! Linux a su se frayer un passage vers les 20 millions d'utilisateurs actuels, principalement localisés dans les enteprises - selon l'estimation de A.D.H Brown Associates - mais aussi parfois dans les administrations. Linux a su mûrir, Linux a su convaincre, Linux a su s'imposer.

Glissade
Et le pingouin s'est glissé partout. Dans les postes clients, à l'occasion. Dans les serveurs d'entrée de gamme beaucoup plus souvent. Et parfois aussi dans les serveurs moyen et haut de gamme. On a d'ailleurs surpris de gros mainframes d'IBM en train de faire tourner des milliers de sessions de Linux, en simultané.

Quid du nouveau marché naissant ? Il n'y a quasiment pas de grand fabriquant de serveurs qui ne coure après sa part de gâteau. IBM multiplie les annonces à tous les étages, depuis les serveurs Intel aux systèmes les plus colossaux. Le géant a d'ailleurs investi dans un prestigieux show-room à Manhattan, ainsi que dans un portail Linux sur son site corporate. Sun est aussi de la partie, avec 400 développeurs à temps pleins sur ses projets Linux. Même si son Unix (Solaris) souffre clairement de l'ombre que l'OS de Linux Torvalds lui prodigue. HP a de son côté lancé une version de Linux spécialisée dans la sécurité, et ses produits mettent de plus en plus souvent un pingouin dans leur moteur. Quant à Dell, le challenger propose de livrer une partie de ses produits avec Red Hat pour OS.

Linux perd son âme ?
Réjouissant ? Peut-être pas tant que ça : une bonne partie des développeurs qui ont eu la chance de participer au LinuxWorld du mois dernier sont revenus avec des sentiments mêlés. Dans les couloirs de la conférence, la ligne de fracture entre la communauté Linux traditionnelle et les nouveaux arrivants était palpable. Signe qui ne trompe pas : les Linuxiens déambulent encore en T-shirt et en jeans, alors que le costume est de rigueur pour les commerciaux des grands fabriquants. Linux n'est plus seulement l'affaire d'une armée de hackers passionnés, le Pingouin est aussi devenu une histoire de gros sous.

Preuve en est la bataille que se livrent SCO (ex Caldera), Mandrake, SuSE et Red Hat pour une place de numéro 1. Chaque éditeur cherche à devenir la référence dans la jungle des distributions de Linux, et à ce petit jeu c'est Red Hat qui semble être - commercialement - le plus fort. Résultat : des arborescences de fichiers différentes, des binaires qui doivent être spécifiquement compilés, etc. Et si Red Hat comptait devenir l'unique référence, c'était sans compter avec la combativité de ses adversaires : quatre d'entre-eux se sont regroupés pour créer un Linux "unifié" - United Linux. De quoi replonger le Pingouin dans une période d'incertitudes, et l'empêcher de grignoter de nouvelles parts de marché.

Linux payant ?
Les craintes de la communauté Linux ne s'arrêtent pas là, et c'est une trahison en bonne et due forme que certains anticipent. Les éditeurs pourraient ainsi créer des versions propriétaires de Linux, ou encore des distributions non conformes aux règles que s'est fixée la communauté open-source, règles symbolisées par le système Debian/GNU. Avec trois grands dangers : la fragmentation de Linux, le gel de l'innovation, et bien sûr le passage de certaines distributions - plus précisément, de parties de distribution - sous licence, à des tarifs proches de ceux pratiqués par les autres éditeurs de systèmes d'exploitation.

Et leur crainte est sans doute fondée : SCO, Mandrake, SuSE, Red Hat, etc ... sont des sociétés commerciales, avec des objectifs qui paraissent - malgré les déclarations de bonnes intentions - difficilement compatibles sur le long terme avec ceux de la communauté opensource. Les éditeurs Linux en mauvaise posture seront sans doute prêts à certaines concessions pour survivre. Ceux qui sont en position dominante aurant la tentation de profiter de leur victoire pour glisser dans un modèle plus proche de l'édition classique.

Le meilleur rempart contre ces dérives ? Sans doute la force de la communauté opensource, qui n'est pas prête d'abandonner son animal fétiche. C'est peut-être ce qui permettra à l'OS de Linus Torvalds de demeurer ouvert et libre.
[Nicolas Six, JDNet]
 
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