JDNet Solutions. De
2000 à 2003, quelle évolution a subi la rémunération des patrons du secteur informatique
?
Eymeric Prot. Sur
la période 2000-2002, l'euphorie Internet a causé la surenchère à tous les niveaux
et en particulier sur les salaires. Etre rémunéré en stock-options, signifiait
pour les dirigeants, mais aussi pour un certain nombre de salariés, faire fortune
rapidement. Ainsi, le volume de stocks-options possédés était considéré comme
plus intéressant que la part fixe du salaire. Avec la dégringolade du marché,
et jusqu'à aujourd'hui, les cours de Bourse ont perdu leur valeur et les salaires
se sont dégonflés aussitôt, sans compter les entreprises qui ont mis la clef sous
la porte. Le mouvement de déflation a touché tout le monde, mais les dirigeants
ont proportionnellement été plus touchés, puisque qu'ils possédaient la majorité
des stock-options.
Et
aujourd'hui, y a-t-il un changement de comportement sur la rémunération
des dirigeants ?
La tendance est à une plus grande
sagesse. On ne parle plus de stock-options, sauf dans les entreprises comme Amazon,
e-Bay ou Kelkoo qui récoltent les fruits de leur succès. Maintenant le niveau
du salaire fixe va évoluer au même rythme que le taux d'inflation, c'est pour
dire
Quant à la part variable, elle représente pour la majorité des dirigeants
entre 10 et 20% de leur rémunération de base, parfois plus, jusqu'à 40%. Les années
qui viennent seront des années de consolidation pendant lesquelles la croissance
des entreprises et des salaires suivra petit à petit la croissance globale, de
3% à 5% environ.
Nous avons constaté que
toutes les sociétés françaises ne respectent pas la loi NRE qui consiste à publier
les rémunérations des cinq plus gros salaires. Quel enjeu y a-t-il à afficher
les rémunérations des dirigeants ?
La transparence est une qualité appréciable pour une entreprise
vis à vis du public. Publier le montant du salaire d'un patron n'a pas beaucoup
d'impact, que ce soit sur le marché boursier ou sur le public ; mais il est vrai
aussi que connaître la révision de cet élément dans une société peut être un indicateur
significatif de la santé d'une société. Cependant, je tiens au fait que tout n'est
pas forcément bon à publier. Et si les patrons français, comme les allemands,
sont moins enclins que les américains à afficher leur salaire, c'est sans doute
une différence de culture, mais certainement aussi une question de discrétion
vis à vis de l'administration fiscale.
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