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Solutions. En 2000 vous étiez reconnu comme une webagency,
Comment avez-vous négocié votre mutation en SSII lors de l'éclatement de la bulle internet ?
Yahya El Mir. La dénomination webagency à cette époque était surtout du marketing, utilisé dans une optique financière. L'éclatement de la bulle internet n'a pas eu d'impact sur l'organisation de notre entreprise.
Nous étions notamment spécialisés en client-serveur avant de devenir webagency : nous avons pris le virage de l'Internet en 1995 parce que les demandes des clients se sont progressivement orientées des applicatifs aux usages de l'internet, et nous avions alors développé une activité correspondante et acquis de nouvelles compétences en conseil, marketing ou web
design.
Quel pourcentage la création de sites internet représentait dans votre activité en 2000 ? Et maintenant ?
En 1997, notre chiffre d'affaires a basculé, les technologies Internet représentaient alors plus de 50% de notre CA. Aujourd'hui les choses ont évolué, on peut considérer que 100% de nos activités sont réalisées sur des technologies Internet car le Web s'est élargie à de nouveaux types d'applications comme la gestion de la relation client.
Quelle analyse faites-vous de l'évolution du marché des prestataires internet ?
On a assisté à un écrémage du marché. Certains
acteurs avaient au moment de la crise des stratégies risquées d'acquisitions. 2002-2003 était une très mauvaise année pour le secteur des services informatiques : le recul du marché était de 7%, à comparer aux 5% de 1993. Beaucoup d'entreprises créées dans les années 1997-2000 n'apportaient pas de valeur ajoutée. Les entreprises qui se sont créées en temps de crise ont finalement été plus pérennes.
Qu'est-ce qui vous a permis de survivre à la crise ?
Nos expertises ont été développées par croissance organique. Nous n'avons pas eu les problèmes de synchronisation ou de cloisonnement que l'on peut connaitre par croissance externe. De plus nous avons investi depuis mi 2002 dans le développement qualité avec la démarche CMM-I. L'investissement a été lourd, il représentait un million d'euros en outils et formation en 2003.
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Le terme webagency est
aujourd'hui mal vu" |
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Que pensez-vous du terme webagency ?
Il est aujourd'hui mal vu, il y a eu beaucoup de déceptions autour de ces sociétés, vendues plus sur leur croissance que sur leur activité. Les entreprises qui avaient cette étiquette ne se ressemblaient pas. Aujourd'hui nous nous définissions comme un intégrateur.
Comment ont évolué les demandes de vos clients ?
Les sites Web ont pris des dimensions technologiques plus poussées - gestion des contenus, création d'interfaces avec le système d'information de l'entreprise... Le budget n'est plus le même, aujourd'hui il faut souvent compter plusieurs centaines de milliers d'euros pour un site sans compter le coût récurrent. La principale évolution a donc été l'élévation du niveau d'exigences et il faut désormais posséder des expertises pointues et complémentaires.
Le client ne vient plus pour la création d'un site Web, il recherche plutôt un partenaire dans une orientation stratégique. Les clients réfléchissent davantage à la manière d'utiliser les outils Web dans leurs métiers, bien loin des sites plaquettes. Les clients ont gagné en maturité, ils savent désormais ce que représentent les projets Internet.
Est-ce que vous recrutez des profils plus techniques ?
Nous avions déjà des profils techniques à l'époque mais nous que ce soit dans des domaines fonctionnels - usabilité, éditorial, marketing Web... - ou liés à la gestion de la complexité technique - architectes logiciels, ingénieurs J2EE... -, nous recherchons désormais davantage de profils spécialisés. Sur un projet qui va coûter 100 jours, la conception représentera 15-20%, les technologies autour de 80%.
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