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 INTERVIEW 
 
Bernard Liautaud et John Schwartz
CSO et CEO
Business Objects
Bernard Liautaud et John Schwartz
"En s'intéressant au décisionnel, SAP, Oracle ou Microsoft contribuent à étendre notre marché"
A l'heure où le premier éditeur de logiciel français au plan mondial fête ses 15 ans, son fondateur Bernard Liautaud quitte la direction opérationnelle au profit de John Schwartz, ancien président de Symantec, pour se consacrer à la stratégie. 19/09/2005
 
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Dossier Systèmes décisionnels : pour mieux piloter
JDN Solutions. La nomination de M. Schwartz a été une surprise pour beaucoup de monde : depuis quand était-elle en discussion ?
Bernard Liautaud. Depuis environ huit mois, soit la fin de l'année dernière. J'avais alors soumis au conseil d'administration mon projet d'évolution de la direction et mon souhait de me focaliser sur la stratégie. Nous sommes aujourd'hui une entreprise représentant un milliard de dollars de chiffre d'affaires, profitable et évoluant dans un marché qui bouge très vite : cela nécessite de repenser le top management. Je suis toujours là, en tant que Chief Strategy Officer, et je ne m'en porte que mieux.

Vous avez coupé court aux spéculations d'un éventuel rachat de Business Objects, que la nomination de M. Schwartz aurait pu préparer...

BL. Oui, l'une de nos forces est notre indépendance : nous ne préparons pas notre vente.
John Schwartz. J'ajouterai que, lorsqu'il y un changement de direction opérationnelle, on a tendance à penser que cela signifie que quelque chose va mal. Ce n'est pas du tout le cas pour Business Objects. Je pense qu'avec Bernard nous formons une bonne combinaison pour bâtir le Business Objects de demain.

SAP et Oracle sont plus des partenaires que des concurrents"
Aujourd'hui, des géants de l'informatique comme SAP ou Oracle s'intéressent à la Business Intelligence. Représentent-ils une menace ?
BL. Oracle est loin de placer le décisionnel parmi ses priorités, dans la mesure où il reste concentré sur les progiciels de gestion. Il a beaucoup à faire dans ce domaine : intégrer les offres Siebel et PeopleSoft, faire face à la concurrence de SAP qui pour sa part investit plus dans la Business Intelligence. Mais ce dernier n'a pas la même expérience et le même historique que nous. Son offre est centrée sur sa propre technologie, à la différence de la nôtre qui est beaucoup plus ouverte. SAP et Oracle sont finalement plus des partenaires que des concurrents. Leur ERP font partie des sources de données sur lesquelles nos solutions décisionnelles peuvent s'appuyer. Des solutions qui, de surcroît, réduisent la complexité.

Cognos reste votre principal concurrent ?
BL. Le rachat de Crystal Decisions nous a permis de passer devant Cognos, qui était alors leader, en termes de parts de marché, et ce avec une confortable avance. Nous avons réussi à lancer une plate-forme de Business Intelligence entièrement intégrée avec onze mois d'avance sur Cognos, ce qui nous donne un avantage concurrentiel important.

Microsoft représente t-il une menace sur votre marché ?
BL. Microsoft cible le segment des petites et moyennes entreprises. Comme pour le reste de son offre applicative, la technologie qu'il propose en la matière implique aussi de déployer sa propre plate-forme, .Net. En cela, nous considérons plutôt Microsoft comme un fournisseur de solutions de développement et d'infrastructure. Là encore, il s'agit avant tout d'un partenaire.
JS. Des acteurs comme Oracle, SAP, Microsoft, en s'intéressant au décisionnel, contribuent à étendre le marché, ce qui est très positif pour nous qui disposons d'une avance technologique et métier. Plus on parle du décisionnel, plus bien sûr cela nous est bénéfique.

Et l'Open Source ? Des solutions de Business Intelligence ont vu le jour dans ce domaine...
BL. Nous suivons de très prêt le phénomène Open Source qui prend une importance de plus en plus importante sur le créneau de l'infrastructure, avec Linux en particulier. Mais du point de vue applicatif, cette approche ne fonctionne que dans la mesure où elle touche à des domaines standardisables. Ce qui n'est pas vraiment le cas de la Business Intelligence qui, par définition, nécessite une démarche spécifique très métier.

Comment envisagez-vous l'évolution du marché de la Business Intelligence ?
JS. Je m'attends à une explosion. L'ensemble de ce marché, des entrepôts de données au reporting en passant par la plannification, croît de 10% par an, et pourtant la pénétration des solutions correspondantes dans les entreprises est encore faible. Celle-ci chute de plus considérablement lorsqu'on prend en compte des entreprises de plus petites tailles.

Quelle va être votre stratégie pour séduire les nouveaux entrants ?
JS. Proposer des outils dynamiques, et plus fondamentalement présenter nos solutions comme un outil pour mieux travailler.

Le pire moment des 15 ans ? 1996"
Les entreprises ont parfois du mal à relier ce qui est perçu comme un outil logiciel de plus avec une amélioration de la performance de leur entreprise ?
BL. Oui, c'est pourquoi nous avons adopter pour notre force commerciale une méthodologie de vente différente, plus axée sur les métiers que sur le système d'information, et nous essayons de démontrer que la Business Intelligence ne permet pas seulement un retour sur investissement en termes de réduction de coût, mais bien d'amélioration de la performance globale. Nous avons aussi, dans cette optique, une approche verticale.

Quel marché, géographiquement parlant, est le plus porteur pour vous ?
BL. La répartition de notre chiffre d'affaires est la suivante : 45% en Amérique, 45% en Europe, 10% en Asie. Ce dernier marché est celui qui croît le plus vite, le marché européen étant un peu moins dynamique que le marché américain.
JS. Nous sommes une société internationale : il nous faut raisonner d'abord de manière globale.

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Bernard Liautaud, quelle a été période la plus difficile de ces 15 ans ?
BL. C'était en 1996. Cette année là, nous lancions un produit basé sur Windows NT. Or, le marché n'avait pas encore migré vers cette nouvelle plate-forme. Nous avons perdu des parts de marché, alors que notre produit était plébiscité par tous. Mais cette déconvenue nous a également servi. Pour faire face à cette difficulté, nous en avons en effet décidé renforcer notre présence aux Etats-Unis, où les projets de migration étaient plus avancés. Deux ans après, nous avions comblé notre retard.
 
Propos recueillis par Antoine CROCHET-DAMAIS et Jérôme MORLON, JDN Solutions

PARCOURS
 
 

Bernard Liautaud, né le 17 juin 1962 à Paris, Bernard Liautaud, sort diplômé de l'Ecole Centrale en 1983 et poursuit ses études en Californie avec un Master of Science, Engineering Management à Stanford University (1984). Il commence sa carrière comme ingénieur stagiaire sur les plates-formes pétrolières en Mer du Nord chez Schlumberger (1982), avant de devenir attaché scientifique adjoint à la Mission scientifique, et représentant de l'Anvar à l'ambassade de France à Washington entre 1985 et 1986. De 1986 à 1990, il est responsable marketing de Oracle France, alors en pleine expansion. En août 1990, il crée Business Objects et en devient le PDG à 27 ans. En 1994, il introduit Business Objects au Nasdaq, avec Denis Payre, et en fait la première société française indépendante introduite sur ce marché.

John Schwartz. CEO de Business Objects, John Schwartz était précédemment le Président de Symantec Corporation qu'il a rejoint à ce titre en 2002. Il a notamment joué un rôle important dans l'essor de cette société, et dans le rapprochement de cette dernière avec Veritas. Diplômé des universtés de Toronto et de Manitoba, John Schwartz a passé 25 ans au sein d'IBM avant d'entrer chez Symantec. Il y a notamment occupé de nombreux postes à responsabilités, touchant au marketing en particulier, avant d'être nommé à la tête du pôle Industry Solutions.


   
 
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