Réseau social d'entreprise : quel avenir pour les français ?

Réseau social d'entreprise : quel avenir pour les français ? Le rachat de Yammer par Microsoft pour 1,2 milliard de dollars révèle le potentiel financier du marché des RSE. La coexistence de plusieurs réseaux sociaux internes dans l'entreprise pourrait sauver les éditeurs hexagonaux.

En mettant 1,2 milliard de dollars sur la table pour s'emparer de Yammer, star montante des RSE, Microsoft a franchi le Rubicon. Et propulsé dans le même temps le marché des réseaux sociaux d'entreprise dans une autre dimension.

C'est d'ailleurs plutôt bien joué de sa part, car il a désormais toute liberté pour intégrer une solution au potentiel social tant relationnel que conversationnel qui n'est plus à démontrer dans ses propres offres. A commencer par SharePoint sachant qu'il en sera de même pour Dynamics CRM (une manière de tacler Salesforce avec Chatter) mai aussi sa suite bureautique Office.

Le montant astronomique payé par Microsoft démontre en tout cas, s'il en était encore besoin, le potentiel financier du marché des RSE. Un segment estimé par le cabinet Forrester à 600 millions de dollars sur l'année écoulée, et qui pourrait atteindre 6,4 milliards en 2016. Un chiffre qui laisse songeur mais qui contraste surtout avec celui du marché français qui a peiné à dépasser en 2011 les 10 millions d'euros, selon Lecko.

Les éditeurs hexagonaux n'ont pas à rougir en termes de fonctionnalités

Les éditeurs hexagonaux n'ont certes pas à rougir de la comparaison avec leurs homologues étrangers. Certains comme SeeMy, Jamespot ou encore Dassault Systèmes avec 3D SwYm proposent d'ailleurs des fonctionnalités pour le moins innovantes et n'ont pas à rougir de la comparaison face à leurs concurrents internationaux (Tibco Tibbr, VMware Socialcast, Cisco WebEx Social...). En France, d'autres acteurs se démarquent également comme Dimelo, Yoolink ou blogSpirit.

Encore faut-il que les solutions françaises aient les reins assez solides pour résister à l'offensive des géants, en particulier américains, visant à s'accaparer une part d'un appétissant gâteau. De ce point de vue, la situation reste fragile pour ces éditeurs dont la plupart peinent cependant à dépasser les 3 millions d'euros de chiffre d'affaires. A ce titre, le rachat de blueKiwi - pourtant fleuron hexagonal du secteur - par Atos a été réalisé pour environ 20 millions d'euros.

La socialisation des applications métier, un enjeu vital pour les RSE

Les éditeurs français doivent (et devront) donc se battre pour résister à l'assaut de la concurrence internationale de plus en plus forte. Et ce, alors que les fournisseurs historiques du progiciel se sont, chacun à leur tour, positionnés sur le juteux créneau du RSE. IBM tout d'abord avec Connections (qui est notamment issu de l'expérience acquise autour de Lotus), mais aussi Oracle  avec son offre Social Network - qui accueille notamment les communications temps réel (type messagerie instantanée) de même que les contenus partagés entre les utilisateurs. Sans compter SAP Jam, brique collaborative et sociale offerte gratuitement aux utilisateurs des solutions de l'éditeur (notamment RH), pour leur permettre de partager des flux d'activités et de gérer leurs profils, groupes er blogs - le tout dans un environnement centralisé.

D'autres acteurs tentent également de se (re)positionner. C'est le cas de VMware qui depuis début juin a choisi la voie ouverte du modèle économique fremium emprunté à un certain Yammer pour doper son offre Socialcast. Ou encore Cisco qui a fait une croix sur l'appellation Quad pour son offre de RSE, et s'adosse désormais à une marque ombrelle beaucoup plus porteuse et évocatrice aux yeux des entreprises : WebEx. D'autres très bien implantés sur des marchés connexes (réseau social pour le recrutement et/ou le grand public) tentent aussi leur chance. C'est le cas de LinkedIn dont la stratégie de pénétration se rapproche de celle d'un Google+ qui a annoncé de nouvelles fonctions, ou encore Jive qui s'est résolument orienté sur le haut de gamme.

Sur un marché où les cartes sont régulièrement rebattues, difficile de prédire qui sortira vainqueur. Mais dans cette partie, les éditeurs français sont clairement en mesure de tirer leur épingle du jeu. Ces derniers ont en effet su gagner la confiance de nombreuses entreprises qui n'hésitent plus d'ailleurs à s'équiper avec plusieurs solutions. La coexistence d'une solution de RSE groupe aux côtés d'autres répondant à des besoins spécifiques (départementaux, projets...) pose la problématique de leur gouvernance. Mais, cette tendance constitue aussi une bonne nouvelle pour les éditeurs français qui peuvent jouer la carte de la complémentarité.

Mais ces acteurs sont également de plus en plus nombreux à proposer des connecteurs et/ou des modules visant à "socialiser" les applications - historiques ou non.  Une caractéristique qui devient un véritable facteur différenciant.