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16/07/2007

Jérôme Relinger (RMLL) : "Depuis la fin de la campagne présidentielle, le débat sur le libre est enterré par le politique"

Référentiel général d'interopérabilité et dossier médical partagé sont au point mort. Une menace pour l'économie du logiciel libre qui dépend en partie de la commande publique.
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Jérôme Relinger

(RMLL)

 
 
 

Quel était le public présent autour de la thématique économie publique ?

Le thème a rencontré le même succès que l'ensemble des autres thèmes des Rencontres mondiales des Logiciels Libres. Le public était très diversifié, composé essentiellement de responsables des fonctions publiques de l'Etat. La fonction publique territoriale était représentée notamment par la mairie de Pierrefitte et celle de Paris. Cette dernière a montré qu'un CMS public, Lutece, pouvait avoir une qualité exceptionnelle. L'Etat était également présent avec la DGME et la forge nationale Admisource.

La thématique exacte portait sur économie publique, services publics et fonction publique. L'idée, c'est que la connaissance occupe une place croissante et les logiciels libres constituent un modèle exportable à de nombreux autres pans de l'économie du savoir comme les médicaments, les contenus artistiques et la culture.

Les logiciels libres permettent de dépasser le régime de la propriété intellectuelle et d'aller vers une société construite sur le bien commun. Déjà des pays européens montrent de bons exemples en matière d'informatique.

On a par ailleurs eu de très bons retours, avec entre autre des expériences de la fonction publique territoriale.

Les décideurs politiques sont ils mal informés des enjeux de la lutte entre le modèle libre et propriétaire ?

Non, le problème n'est pas celui de la méconnaissance ou de la non information. Les décideurs actuels ont conscience de l'opposition des démarches entre logiciels libres et propriétaires. Mais ils choisissent dans une optique politique et idéologique les logiciels propriétaires. Depuis la fin de la campagne présidentielle, le débat sur le libre est enterré par le politique.

" Les décideurs actuels ont conscience de l'opposition entre logiciels libres et propriétaires"

Un exemple, dans le domaine de la santé, le dossier médical partagé est à l'heure actuelle bloqué par les éditeurs propriétaires, et c'est très grave que les politiques ne veulent pas trancher sur ce point.

Certains chantiers sont menacés. La question des RGI (Référentiel Général d'Interopérabilité) est préoccupante. Promis il y a maintenant plus de 18 mois, on l'attend toujours. Au lieu de la mise en place du RGI, c'est une commission d'étude qui a été nommée et elle estime qu'il est urgent d'attendre pour ne pas gêner le lancement de Windows Vista d'une part, mais aussi attendre que ISO reconnaisse la norme Microsoft.

Pour finir, j'ajoute que la commande publique est fondamentale pour les SSLL. C'est la commande publique qui fait progresser l'industrie du libre. Il est donc important que les politiques prennent conscience de leur rôle dans ce domaine.

Quels sont les chantiers de l'économie publique qui sont concernés par le modèle libre ?

Tous les pans de l'économie publique sont concernés par le libre et ses avantages. Par ailleurs, les logiciels libres sont particulièrement bien adaptés aux spécificités du Service Public.

 

En savoir plus

 
 
 

Les logiciels libres, c'est l'économie de la demande. C'est-à-dire que ce sont les utilisateurs qui choisissent les développements et les usages. Les logiciels propriétaires, c'est l'économie de l'offre. C'est en fonction des logiciels propriétaires disponibles que les possibilités d'usage existent. Le Service Public rendu est bien meilleur quand les demandes émanent des usagers et que le service peut y être adapté.

Ensuite, les logiciels libres présentent une opportunité d'économie d'échelle importante du point de vue de la gestion de l'argent public. La croissance de l'écosystème SSLL permet de proposer des solutions informatiques déjà éprouvées sans que l'utilisateur n'est à payer chaque fois un nouvel outil. A l'inverse, quand le système de gestion du RMI a été décentralisé en direction des départements, chaque département devait choisir entre différents éditeurs propriétaires et des logiciels différents, le coût en a été conséquent.

 

 


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