Marketing de la permission :
pour la responsabilité et l'autorégulation
Par Godefroy Jordan, Président
de B2L-BBDO
Vice-président de l'AACC Interactive
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Mardi 22 janvier 2002 -
La
décision du conseil des ministres des télécoms de l'Union européenne,
en décembre dernier, allant dans le sens d'un durcissement de
la réglementation s'appliquant à l'envoi de courriers électroniques
commerciaux a donc confirmé que la voie de l'intervention publique
était privilégiée par rapport à celle de la régulation par le
marché et ses acteurs. Mon avis, partagé par mes collègues dirigeants
d'agences interactives au sein de notre association professionnelle,
l'AACC Interactive, est que la voie d'un marketing de la permission
responsable et autorégulé est sans doute la moins risquée pour
l'ensemble de nos métiers.
Le
débat fondamental sur la forme de la régulation, qui me semble
préalable à la définition de règles, a été simplifié en se transformant
en une querelle entre "pro opt'out" et "pro opt'in". Il semble
que le marketing de la permission d'ores et déjà mis en uvre
par les agences de communication interactive et efficace pour
les annonceurs est une réponse suffisante aux attentes des internautes.
Le
marketing de la permission est avant tout un combat contre les
spammeurs. Non pas au nom d'une évolution du consumérisme
ou de la sauvegarde de l'industrie du marketing, mais tout simplement
au nom des lois existantes. Par définition, les spammeurs violent
en effet les lois existantes en matière de collecte et de stockage.
Quant au contenu même des messages adressés, il est le plus souvent
illégal puisque portant sur des offres de crédit à taux usurier,
la promotion de sites pornographiques ou la proposition d'accès
à des services médicaux contraires à l'éthique.
La
mise en place d'une réglementation centrée sur l'opt'in rassurera
peut-être les internautes européens, mais elle ne pourra sans
doute rien contre des spammeurs, protégés à l'abri de leurs sanctuaires
: leurs serveurs sont hébergés dans les capitales d'Etats voyous,
leurs maisons-mères domiciliées dans des paradis fiscaux. Et pourtant,
la voie de l'autorégulation a réussi à faire reculer le spamming
ces trois dernières années, sous l'action conjointe des fournisseurs
d'accès (aptes à protéger les adresses électroniques de leurs
clients), des organisations professionnelles et du rayonnement
de plus en plus important du marketing de la permission.
Le
marketing de la permission ne se limite pas à l'Internet.
Il est par nature multi-supports, les stratégies relationnelles
des marques étant fondées sur l'articulation des messages écrits,
téléphoniques et électroniques. Réglementer la communication directe
en ligne par e-mail présente donc un risque considérable de complication
pour les acteurs, une même stratégie de communication directe
devant concilier des impératifs légaux différents d'un support
à un autre. On voit sur ce point la difficulté du débat des institutions
européennes à se circonscrire au courrier électronique, des discussions
sur l'utilisation des SMS et des cookies ayant déjà émergé. Dans
leur pratique quotidienne du marketing de la permission, les agences
interactives et de marketing relationnel ne raisonnent pas support
par support
Le marketing
de la permission sera autorégulé ou ne sera pas. La culture
des agences de communication est centrée sur la connaissance du
consommateur, celle des agences interactives sur la connaissance
de l'internaute. Le fait que chaque jour les internautes qui achètent
en ligne soient plus nombreux témoigne que la relation que leur
proposent les grandes marques et les enseignes actives en ligne
est saine, fondée sur la confiance et mutuellement profitable.
Le fait que les internautes souhaitent avoir des recours contre
les spammeurs est un autre sujet. Face à leur boîte-à-lettres
électronique, ils font la part des choses. Enfin, le fait que
les campagnes fondées sur le marketing de la permission sont les
plus efficaces et les plus rentables indiquent que pour l'ensemble
des acteurs légaux du marché, il n'y a déjà plus de débat. L'autorégulation
a déjà fait son uvre !
Si j'avais
un souhait, ce serait celui de voir les gouvernements européens
imaginer des moyens d'intervention collectifs pour lutter contre
les spammeurs, notamment au sein des nouvelles instances de régulation
mondiales (OMC par exemple), plutôt que de compliquer la pratique
des métiers porteurs du marketing relationnel dans les pays de
l'Union. La création d'une agence européenne dédiée à la prescription
et à la banalisation des technologies informatiques de lutte contre
les spammeurs pourrait obtenir des résultats probants en aidant
ISP, entreprises et administrations à dresser des barrières informatiques.
Cette question
politique est à comparer à celle du transport maritime international.
Chacun sait que les contrôles dans les ports par les inspecteurs
des Etats Shengen n'empêchent ni les cargos poubelles de circuler,
ni les pétroliers poubelles de sombrer près de nos côtes, cependant
que les règles légitimes imposées dans l'Union européenne freinent
l'épanouissement de l'armement. Le régulateur aurait raison de
donner acte de notre capacité collective éprouvée à mettre en
uvre un marketing de la permission responsable, autorégulé et
respectueux des consommateurs, sans doute le plus propice au développement
du commerce électronique et des nouveaux usages marchands en ligne.
G.J.
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