Budget 2025 : Edouard Philippe critique les coupes budgétaires imposées aux collectivités
Alors que le gouvernement prévoit de demander un effort financier de 5 milliards d'euros aux collectivités locales dans le cadre du Budget 2025, Edouard Philippe, maire du Havre et ancien Premier ministre, a émis de sérieuses mises en garde quant aux conséquences de ces mesures, notamment sur l'endettement et les investissements locaux.
Les inquiétudes face aux coupes budgétaires
Lors de la convention d'Intercommunalités de France, tenue au Havre, Edouard Philippe n'a pas mâché ses mots en réaction aux mesures prévues par le gouvernement pour le Budget 2025.
Ces mesures imposent aux collectivités locales un effort de 5 milliards d'euros, dont 3 milliards seront prélevés sur les recettes de fonctionnement de 450 grandes collectivités pour alimenter un "fonds de précaution".
Philippe a pointé du doigt ce prélèvement, qu'il juge difficile à justifier et porteur de risques graves. "Je pense qu'il sera utile, Madame la ministre, que vous expliquiez la logique. Elle n'est pas spontanément simple à saisir", a-t-il déclaré à l'attention de Catherine Vautrin, la ministre du Partenariat avec les territoires et de la Décentralisation, cité par Les Echos.
Le maire du Havre a averti que ces mesures pourraient avoir un effet pervers en augmentant l'endettement public local plutôt qu'en le réduisant, et en freinant l'investissement public.
"Reconnaissez qu'il y aurait quelque chose d'extravagant à ce qu'un dispositif conçu pour permettre de trouver une réponse au surendettement public se traduise par une augmentation de l'endettement public local", a ajouté Edouard Philippe.
Un impact direct sur les projets et l'investissement local
Le projet de loi de finances pour 2025 inclut également la réduction du taux du Fonds de compensation pour la taxe sur la valeur ajoutée (FCTVA), qui compense la TVA payée par les collectivités locales sur leurs dépenses d'investissement.
Cette baisse risque de perturber l'équilibre financier des projets en cours, un point également soulevé par Edouard Philippe lors de la convention d'Intercommunalités de France. Selon lui, cette mesure aurait "du mal à passer chez les élus locaux" car elle remet en cause des projets déjà engagés par certaines collectivités.
Sébastien Martin, président d'Intercommunalités de France et de la communauté d'agglomération du Grand Chalon, a rejoint cette critique, dénonçant un prélèvement de 3 milliards d'euros sur les recettes des collectivités. "C'est un impôt direct de l'Etat sur les budgets des collectivités", a-t-il déclaré, relayé par Le Monde.
Appel au dialogue et propositions des élus locaux
Outre les critiques sur les effets directs des coupes budgétaires, Edouard Philippe a insisté sur l'importance d'un dialogue constructif entre le gouvernement et les élus locaux. Il a souligné la nécessité que ces mesures soient discutées avec les représentants des collectivités territoriales afin de trouver des solutions acceptables pour toutes les parties concernées.
"Il faut impérativement que ces dispositions soient discutées avec les élus locaux, avec leurs associations, non pas simplement pour qu'elles soient expliquées, mais pour que le moment venu des bonnes solutions puissent être convenues ensemble", a-t-il déclaré lors de son discours.
Catherine Vautrin, en réponse à ces critiques, a montré une ouverture au dialogue, tout en rappelant les contraintes budgétaires auxquelles le gouvernement doit faire face. "Je ne peux pas vous dire que je vais effacer les 5 milliards qui me sont demandés. Je ne le peux pas", a-t-elle répondu.
Elle a toutefois assuré être "à disposition" pour travailler avec les élus afin de trouver des alternatives sur le sujet du FCTVA, mais a souligné que le gouvernement ne pouvait avancer uniquement en baissant les dépenses.