Fiscalité et retraites : le Medef s'attaque aux niches fiscales des seniors

Fiscalité et retraites : le Medef s'attaque aux niches fiscales des seniors L'abattement fiscal pour frais professionnels et le taux réduit de CSG pour les retraités sont dans le collimateur du Medef, qui réclame des réformes majeures pour alléger le coût de la protection sociale.

Patrick Martin, président du Medef, a récemment pris position sur plusieurs dispositifs fiscaux liés aux retraites, qu'il considère inadaptés à la situation économique actuelle. Parmi ces mesures, il cible notamment l'abattement pour frais professionnels et le taux réduit de CSG appliqué aux pensions de retraite.

Des niches fiscales dans le viseur du Medef

Patrick Martin a qualifié d'"aberrant" l'abattement fiscal de 10% pour frais professionnels appliqué aux retraités, selon Le Figaro. "Qu'un retraité bénéficie d'une exonération fiscale pour des frais professionnels", pour 4 milliards et demi d'euros par an, "c'est contre-nature", a-t-il déclaré lors d'une interview sur BFMTV/RMC. Ce dispositif, qui permet de réduire de 10% les revenus imposables des retraités jusqu'à un plafond de 4 000 euros, est perçu comme un levier d'économies significatif dans un contexte budgétaire tendu.

De son côté, Gilbert Cette, président du Conseil d'orientation des retraites (COR), a soutenu cette proposition en appelant également à la suppression de cet abattement fiscal. Selon lui, "la suppression de l'abattement fiscal de 10% sur les retraites" est une mesure nécessaire pour rééquilibrer le système.

Par ailleurs, Patrick Martin a aussi critiqué le taux réduit de contribution sociale généralisée (CSG) pour les retraités. Alors que le taux de CSG sur les pensions de retraite peut descendre jusqu'à 3,8%, il atteint un maximum de 8,3% pour les revenus les plus élevés, contre 9,2% pour les actifs. "Les retraités ont un taux de CSG abattu, pourquoi ?", s'est-il interrogé sur la chaîne d'information, soulignant une inégalité fiscale à ses yeux injustifiable.

Une refonte globale du système demandée

Au-delà de ces dispositifs fiscaux, Patrick Martin milite pour une révision profonde du financement de la protection sociale. Il a affirmé dans une interview à L'Express : "Ce budget dont la France a impérativement besoin ne peut se contenter de nouvelles 'rustines'", plaidant pour une transformation fondamentale du système actuel.

Le président du Medef a également évoqué l'idée de transférer une partie du financement de la protection sociale vers la TVA sociale ou une augmentation de la CSG, une proposition qui reste toutefois controversée. Il a souligné que les entreprises françaises, déjà parmi les plus taxées au monde, ne peuvent plus supporter davantage de charges.

Enfin, Patrick Martin n'exclut pas de rouvrir le débat sur la retraite par capitalisation. "Puisque la situation est réellement critique et que le Premier ministre exprime sa confiance dans les partenaires sociaux, saisissons cette occasion pour aller très au-delà d'un simple rafistolage", a-t-il déclaré après un entretien avec François Bayrou, cité dans Capital.

Réactions et tensions autour des propositions

Les déclarations du président du Medef ont suscité de vives réactions parmi les syndicats. Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT, a rappelé : "Le sujet du financement de la protection sociale n'est pas nouveau et c'est un sujet sur lequel il faut qu'on puisse travailler effectivement", tout en insistant sur l'importance de revoir d'autres priorités, comme la pénibilité et les inégalités salariales. Elle a également réitéré l'opposition de son syndicat à l'âge légal de départ à la retraite fixé à 64 ans, déclarant que "64 ans, ça n'est pas la solution".

Dans un contexte où les finances publiques sont sous pression , 54% de la dette française étant détenue par des créanciers étrangers, ces propositions s'inscrivent dans un débat plus large sur la soutenabilité du modèle social français. Le Premier ministre, dans un cadre de discussions avec les partenaires sociaux, a assuré que "tous les dossiers thématiques afférant aux retraites, y compris l'âge légal, étaient sur la table".