Budget 2025 : le patronat réclame une vision à long terme
Le budget 2025, adopté après de vifs débats politiques et validé par le Conseil constitutionnel, suscite des réactions mitigées parmi les dirigeants d'entreprise. Plus qu'un rejet de son contenu, c'est l'absence de vision économique de long terme qui inquiète. Une position confirmée par une récente enquête OpinionWay, révélant la frustration du patronat face à une instabilité politique perçue comme un frein au développement économique.
Un budget perçu comme un simple expédient
Selon le sondage OpinionWay pour Omnicom Reputation Group, relayé par Les Echos, 85% des dirigeants d'entreprise interrogés estiment que les débats autour du budget 2025 illustrent l'incapacité des responsables politiques à prendre des décisions durables. Patrick Martin, président du Medef, a qualifié ce budget d'exercice "d'urgence" ne répondant pas aux enjeux structurels des entreprises. Pour trois patrons sur quatre, les mesures budgétaires actuelles offrent un répit temporaire mais insuffisant pour établir une stratégie économique claire.
L'adoption de ce budget, pourtant validée par le Conseil constitutionnel, est aussi marquée par des hausses d'impôts notables, notamment une surtaxe exceptionnelle sur les bénéfices des grands groupes. Bernard Arnault (LVMH) ou Benjamin Smith (Air France-KLM) n'ont pas tardé à dénoncer un climat délétère pour les affaires selon Le Monde, renforçant la perception d'un budget pensé dans l'urgence.
Un besoin criant de stabilité et de prévisibilité
L'étude révèle également que 97% des chefs d'entreprise considèrent le contexte politique comme un facteur complexifiant la gestion de leur activité. La directrice générale d'Omnicom, Sandrine Cormary, souligne l'importance de la stabilité réglementaire pour encourager les investissements : "Décider pour un an, c'est gérer. Décider pour dix ans, c'est construire". Une majorité de patrons réclame ainsi une planification à long terme, dénonçant une culture politique trop tournée vers l'affrontement et les compromis de court terme.
La surtaxe exceptionnelle, qui pourrait représenter un coût moyen de 17 millions d'euros pour les 440 groupes concernés, inquiète particulièrement les grands acteurs économiques. Si le gouvernement assure que cette mesure est temporaire, certains redoutent qu'elle ne devienne permanente, aggravant l'instabilité fiscale déjà pointée du doigt par les chefs d'entreprise.
Quelles priorités pour le budget 2026 ?
Alors que l'adoption du budget 2025 est perçue comme un "pansement sur une plaie ouverte", les attentes pour 2026 sont déjà nombreuses. Selon l'enquête, 57% des dirigeants plaident pour une simplification des démarches administratives, 46% pour un allègement de la fiscalité et 44% pour une stabilité réglementaire accrue. Sandrine Cormary rappelle que l'instabilité actuelle freine les ambitions des entreprises et souligne la nécessité d'un environnement propice à l'investissement et à la croissance.
La validation du budget par le Conseil constitutionnel n'a d'ailleurs pas éteint toutes les contestations. Plusieurs acteurs économiques, dont la Fédération bancaire française ou EasyJet, envisagent de contester certaines mesures fiscales d'après un papier des Echos d'il y a quelques jours, renforçant l'incertitude qui pèse sur l'avenir économique. Loin de se satisfaire du budget 2025, le patronat attend désormais des mesures structurelles pour accompagner durablement le développement économique, mettant la pression sur les décideurs pour l'année à venir.