Stellantis : une chute historique des bénéfices en 2024

Stellantis : une chute historique des bénéfices en 2024 Le groupe automobile traverse une année de turbulences avec des ventes en forte baisse et des difficultés sur ses principaux marchés. La direction tente de redresser la situation en réduisant les stocks et en lançant de nouveaux modèles.

L'année 2024 marque un tournant difficile pour Stellantis. Le constructeur automobile a enregistré une baisse de 70% de son bénéfice net, tombant à 5,52 milliards d'euros contre 18,6 milliards en 2023. Son chiffre d'affaires a chuté de 17%, à 156,9 milliards d'euros, en raison d'une forte baisse des ventes et d'une accumulation de stocks invendus, notamment aux États-Unis.

Un effondrement des résultats financiers

Tous les indicateurs financiers du groupe sont en recul. Son résultat opérationnel courant a chuté de 64%, s'établissant à 8,65 milliards d'euros, avec une marge opérationnelle courante tombée à 5,5%, loin des 12,8% enregistrés en 2023. Le second semestre a été particulièrement difficile, avec une marge réduite à 0,3%, contre 1,2% attendu par les analystes de Royal Bank of Canada, selon Tradingsat.

L'Amérique du Nord, marché clé et le plus rentable de Stellantis, a été particulièrement touchée. Les ventes y ont plongé de 25%, entraînant une baisse de 27% des revenus sur cette zone. La marge opérationnelle est passée dans le négatif, atteignant -6,8%, alors qu'elle était de 15,4% en 2023. "2024 est une année dont nous ne sommes pas fiers", a reconnu John Elkann, président du conseil d'administration, lors d'une conférence avec les analystes.

Le constructeur a également subi l'impact de la campagne de rappel des airbags Takata, avec une provision supplémentaire de 768 millions d'euros, s'ajoutant aux 941 millions déjà annoncés.

Une trésorerie sous pression et des perspectives incertaines

Stellantis a terminé l'année avec un flux de trésorerie libre industriel négatif de 6,04 milliards d'euros, contrastant avec les 12,9 milliards positifs de 2023. Cette situation s'explique en partie par un effort de réduction des stocks, notamment aux États-Unis, où le groupe a baissé de 20% les stocks chez ses concessionnaires, dépassant son objectif initial de 330 000 unités.

Les perspectives pour 2025 restent prudentes. Stellantis vise une croissance du chiffre d'affaires et une marge opérationnelle entre 4% et 6%, des prévisions jugées en deçà des attentes par les analystes. Royal Bank of Canada a estimé que ces objectifs "laissent la place à une remise à zéro des attentes, ce qui est souvent le cas lorsqu'une nouvelle équipe dirigeante est mise en place".

Un changement de direction et des ajustements stratégiques

L'impact de ces résultats sur la gouvernance est notable. Carlos Tavares, qui dirigeait Stellantis depuis la fusion entre PSA et Fiat Chrysler, a quitté son poste en novembre 2024. Le groupe a confirmé que son successeur sera nommé d'ici juin 2025, rappellent Les Echos.

Des ajustements stratégiques sont également en cours. Le constructeur a annoncé le lancement de dix nouveaux modèles en 2025 et pourrait procéder à une réduction de son portefeuille de marques. Selon Reuters, relayés par Caradisiac, la pérennité de certaines enseignes comme Maserati, DS ou Chrysler est en question, un point qui serait systématiquement abordé dans les entretiens avec les candidats au poste de directeur général.

Stellantis a également décidé de diviser par plus de deux son dividende, le ramenant à 0,68 euro par action, contre 1,55 euro l'année précédente. Une décision mal accueillie par les marchés : le titre Stellantis a plongé de 5% à la Bourse de Paris après l'annonce des résultats, enregistrant la plus forte baisse du CAC 40.