Budget 2025 : comment Bercy veut restaurer la crédibilité des finances publiques

Budget 2025 : comment Bercy veut restaurer la crédibilité des finances publiques Alors que la France est sous la surveillance des agences de notation, Bercy met en place de nouveaux mécanismes pour limiter les dérapages budgétaires. Des outils de contrôle et de transparence doivent permettre d'ajuster plus rapidement les prévisions.

Après deux années de déficits budgétaires supérieurs aux prévisions, le gouvernement met en place un plan d'action pour améliorer la gestion des finances publiques. Ce plan repose sur une transparence accrue, un suivi renforcé des comptes et un ajustement des prévisions budgétaires afin d'éviter de nouveaux écarts.

Un comité d'alerte et une transparence renforcée

Le gouvernement annonce la création d'un comité d'alerte des finances publiques, qui réunira trois fois par an les parlementaires des commissions des finances et des affaires sociales, des représentants de la Cour des comptes et de la Sécurité sociale. Son rôle sera d'identifier rapidement les écarts budgétaires et de proposer des mesures correctives.

Parallèlement, chaque loi de finances intégrera désormais une section détaillant les incertitudes budgétaires. Un cercle des prévisionnistes, composé d'experts institutionnels et académiques, analysera les hypothèses économiques du gouvernement.

L'exécutif souhaite également renforcer la collaboration avec le Haut Conseil des finances publiques (HCFP). Eric Lombard a affirmé vouloir "ouvrir la boîte noire de Bercy" pour instaurer un dialogue plus étroit avec cette instance. "Il faut restaurer la confiance de la nation avec les trajectoires que nous présentons", a-t-il déclaré, cité par Les Echos.

Un audit fiscal pour affiner les prévisions

Une des principales causes des écarts budgétaires réside dans les erreurs d'évaluation des recettes fiscales, notamment sur la TVA et l'impôt sur les sociétés. Un audit fiscal va être mené pour mieux anticiper les fluctuations des recettes et limiter les ajustements tardifs.

Bercy prévoit aussi une concertation avec les grandes entreprises soumises au cinquième acompte de l'impôt sur les sociétés afin d'affiner les estimations du bénéfice fiscal annuel. Un meilleur suivi des dépenses publiques est également prévu, en exploitant davantage les données des hôpitaux et des collectivités locales.

Une pression croissante des agences de notation

Le plan de Bercy intervient alors que la France est sous surveillance des agences de notation. Standard & Poor's a récemment placé la France sous perspective négative, signalant une possible dégradation de sa note souveraine en cas de non-respect des engagements budgétaires.

Les institutions financières et la Cour des comptes expriment aussi leurs préoccupations. Pierre Moscovici, premier président de la Cour des comptes, plaide pour une réforme du processus de prévision budgétaire. "Il faut impérativement revoir notre façon d'élaborer nos prévisions", en les tenant davantage "éloignées de l'hubris du politique", a-t-il déclaré, cité par Le Monde.

Le gouvernement, cependant, écarte toute réforme majeure du système de prévision budgétaire. "Le Haut Conseil est un comité consultatif, pas une instance de décision", rappelle Bercy. Ainsi, les prévisions resteront sous le contrôle du ministère.

Avec ces nouvelles mesures, l'exécutif espère rassurer les investisseurs et éviter de nouveaux avertissements des agences de notation.