Investissements étrangers : la France face aux doutes des investisseurs américains
Les investisseurs américains portent un regard de plus en plus critique sur la France. Selon le baromètre 2025 de l'American Chamber of Commerce (AmCham) et Bain & Company, la perception de l'attractivité du pays par les entreprises américaines chute à son plus bas niveau depuis 2016. Instabilité politique, incertitudes économiques et freins structurels alimentent cette tendance.
Un déclin marqué de l'attractivité française
Le Net Promoter Score (NPS), indicateur mesurant la propension des entreprises américaines à recommander la France comme destination d'investissement, s'effondre en 2024 à -44%, contre -22% en 2023, selon Le Figaro. Il faut remonter à 2016 pour retrouver un score aussi bas (-56%). En un an, la proportion des entreprises ne recommandant pas la France passe de 35% à 51%, tandis que celles ayant une perception positive du pays chutent de 52% à 39%.
Les investisseurs interrogés sont de plus en plus nombreux à anticiper une détérioration du climat économique. En 2025, 45% des dirigeants américains présents en France prévoient un contexte négatif pour leur secteur dans les deux à trois prochaines années, contre 24% en 2024. Seuls 19% envisagent une évolution positive, soit le niveau le plus bas depuis une décennie.
Un environnement politique et économique jugé instable
L'incertitude politique constitue aujourd'hui le premier frein aux investissements américains en France. La dissolution de l'Assemblée nationale en juin 2024, suivie de la chute du gouvernement en décembre, a contribué à déstabiliser la perception du pays. Avant la nomination de François Bayrou à Matignon, l'attractivité française mesurée par l'AmCham atteignait -70%, avant de remonter à -33% après la formation du nouveau gouvernement.
La stratégie budgétaire de l'exécutif suscite également des inquiétudes : 70% des entreprises sondées expriment des réserves sur les choix fiscaux à venir. 75% ne croient pas en la capacité du gouvernement à mettre en œuvre les réformes économiques attendues, notamment en matière de simplification administrative et d'allégements fiscaux.
Malgré la volonté affichée de maintenir une politique favorable aux entreprises, les investisseurs craignent un retour à une fiscalité plus contraignante. Les craintes sur l'abandon des mesures pro-business mises en place sous Emmanuel Macron se multiplient, alors que les finances publiques se dégradent.
Des freins structurels persistants face à une concurrence accrue
Les obstacles traditionnels à l'investissement restent un point noir pour les entreprises américaines. La complexité administrative et la surtransposition des normes européennes continuent de peser sur l'attractivité française. L'instabilité fiscale, le coût du travail et la rigidité du marché de l'emploi sont également régulièrement cités comme des freins majeurs.
Face à ces contraintes, d'autres destinations européennes attirent davantage les investisseurs américains, selon Boursier.com. La Suisse, le Royaume-Uni et les Pays-Bas sont perçus comme plus compétitifs en raison de leur stabilité économique et de leur environnement plus favorable aux affaires. L'Irlande et le Luxembourg se démarquent par une fiscalité plus attractive et un coût du travail plus compétitif.
Si la France conserve des atouts, notamment un écosystème innovant et des infrastructures de qualité, ces éléments ne suffisent plus à compenser les incertitudes actuelles. La perte de confiance des investisseurs américains reflète un besoin de stabilité et de réformes claires pour inverser la tendance.