Amazon et Google s'engagent à tripler la capacité nucléaire mondiale d'ici 2050
Les entreprises technologiques intensifient leur engagement en faveur du nucléaire. Lors de la conférence CERAWeek à Houston, Amazon et Google ont signé un accord visant à tripler la capacité nucléaire mondiale d'ici 2050. Ce projet s'inscrit dans la continuité de l'engagement pris en 2023 par plus de 30 pays, selon l'Association nucléaire mondiale (WNA).
Les GAFAM et la demande énergétique croissante
Avec l'essor de l'intelligence artificielle, la consommation énergétique des data centers augmente rapidement. Hugues Ferreboeuf, chef de projet numérique au sein du Shift Project, estime que cette consommation pourrait tripler d'ici 2030, selon Ouest France. En 2022, elle était déjà équivalente à celle de la France. Google enregistre une augmentation annuelle de 20% de sa consommation d'électricité.
Les entreprises du numérique se sont d'abord tournées vers les énergies renouvelables pour limiter leur impact environnemental. Cependant, selon Marc-Antoine Eyl-Mazzega, directeur du centre énergie et climat à l'Institut français des relations internationales (Ifri), ces sources ne suffisent pas à couvrir la demande. Valérie Faudon, déléguée générale de la Société française d'énergie nucléaire (SFEN), souligne que jusqu'à présent, ces entreprises achetaient de l'énergie bas carbone sans contrainte de temporalité ou de localisation, ce qui ne garantissait pas une réduction effective des émissions.
Investissements dans les réacteurs nucléaires
Google s'est associé à Kairos Power pour développer des petits réacteurs modulaires (PRM) capables de produire 500 mégawatts à partir de 2035. Amazon soutient la start-up X-Energy pour créer une flotte visant une production de 5 gigawatts d'ici 2039. Microsoft a signé un contrat avec Helion Energy pour remettre en service un réacteur de la centrale de Three Mile Island en Pennsylvanie, avec un objectif de production de 837 mégawatts dès 2028. Meta a annoncé un appel aux acteurs américains pour exploiter entre 1 et 4 gigawatts grâce au nucléaire d'ici 2030.
Aux États-Unis, plus de 2 000 data centers fonctionnent et la demande ne cesse d'augmenter. Un rapport du Berkeley Lab met en avant une inquiétude croissante sur l'approvisionnement énergétique. Certaines entreprises disposent des moyens financiers pour sécuriser leur électricité, ce qui pourrait affecter d'autres secteurs.
Enjeux autour du nucléaire
Tripler la capacité nucléaire d'ici 2050, comme le rapporte Reuters, nécessitera des investissements massifs et une coordination entre États et entreprises. Les PRM présentent l'avantage de pouvoir être installés à proximité des centres de données, mais leur mise en service ne se fera pas avant plusieurs années. En attendant, certaines entreprises pourraient continuer à utiliser des centrales à gaz pour combler leurs besoins immédiats.
L'approvisionnement en uranium est également un point clé. Certains réacteurs nécessitent de l'uranium hautement enrichi, principalement produit par la Russie. Valérie Faudon rappelle que la filière européenne doit investir pour éviter une dépendance aux acteurs étrangers. Selon Marc-Antoine Eyl-Mazzega, le déploiement de ces réacteurs pourrait suivre un modèle similaire à l'industrie aéronautique, où les acteurs ayant les capacités de production en série s'imposeront sur le marché.
La demande croissante en électricité s'accompagne d'un besoin accru en ressources comme l'eau et les métaux rares. The Shift Project recommande donc d'intégrer ces enjeux dans une planification énergétique afin d'anticiper les tensions sur les ressources et d'assurer une répartition équilibrée de l'énergie entre les différents secteurs.