Tokyo soutient Rapidus avec 5 milliards d'euros pour les puces de nouvelle génération
Le gouvernement japonais a annoncé un investissement supplémentaire de 802,5 milliards de yens (environ 5 milliards d'euros) pour soutenir Rapidus, entreprise fondée en 2022. Ce financement porte à 1 700 milliards de yens (environ 10,5 milliards d'euros) le total des subventions publiques accordées depuis sa création.
Relance de la production de semi-conducteurs au Japon
Rapidus a été créée pour produire des semi-conducteurs de nouvelle génération intégrant un nombre élevé de transistors microscopiques. Le Japon, qui dominait ce marché dans les années 1980 et 1990 avec des entreprises comme NEC et Toshiba, ne représente aujourd'hui plus que 10% du marché mondial. Ce projet vise à relancer une industrie stratégique pour garantir un approvisionnement sécurisé dans un secteur clé.
Tetsuro Higashi, président de Rapidus et ancien dirigeant de Tokyo Electron, a déclaré que ce projet représentait "la dernière chance" pour le Japon de revenir sur le devant de la scène mondiale des semi-conducteurs, cité par Le Figaro. Il a souligné que le pays accuse "plus d'une décennie de retard" sur les autres puissances technologiques, un écart qui nécessite des investissements conséquents pour être comblé.
La première fonderie de Rapidus à Chitose, dont la construction a débuté en septembre 2024, devrait accueillir une ligne de production pilote dès avril 2025. La production à grande échelle est programmée pour 2027, avec l'objectif de repositionner le Japon sur le marché des semi-conducteurs avancés.
Concurrence accrue et diversification des sites de production
L'investissement dans Rapidus intervient alors que le secteur des semi-conducteurs est marqué par une concurrence accrue. TSMC, leader taïwanais des semi-conducteurs, diversifie ses sites de production pour répondre aux pressions géopolitiques. En 2024, TSMC a inauguré une usine de 8,6 milliards de dollars dans le sud du Japon et prévoit la construction d'un second site pour 20 milliards de dollars, dédié à la production de puces plus avancées.
La Corée du Sud, avec des acteurs comme Samsung, investit également massivement pour renforcer sa position sur le marché. Cette situation pousse Tokyo à accélérer ses efforts pour redevenir un acteur majeur dans la fabrication de semi-conducteurs.
Un projet soutenu par des géants industriels
Rapidus bénéficie de l'appui de grandes entreprises japonaises telles que Sony et Toyota, ainsi que d'IBM. Cette collaboration permet de mutualiser les compétences technologiques nécessaires pour accélérer la production de puces de nouvelle génération.
La ligne pilote prévue en avril 2025 servira à tester les capacités techniques avant le lancement de la production à grande échelle. Si le calendrier est respecté, Rapidus pourrait produire des semi-conducteurs destinés à des secteurs variés, notamment l'électronique et l'automobile.
Vers une autonomie technologique renforcée
Le soutien de l'État japonais à Rapidus s'inscrit dans une volonté de sécuriser la production nationale de semi-conducteurs. La dépendance aux fabricants étrangers expose le Japon à des risques d'approvisionnement, notamment face aux tensions géopolitiques avec la Chine.
En relançant une production locale, Tokyo espère garantir un approvisionnement stable pour ses industries stratégiques et attirer de nouveaux investissements dans le secteur. Si les objectifs sont atteints, Rapidus pourrait repositionner le Japon comme un acteur clé sur le marché mondial des semi-conducteurs.