L'inflation poursuit son repli en zone euro malgré les tensions commerciales
En mars 2025, la hausse des prix à la consommation dans la zone euro est tombée à 2,2% sur un an, selon les données publiées par Eurostat. Ce recul, conforme aux attentes des analystes interrogés par Bloomberg, prolonge une tendance amorcée depuis plusieurs mois.
Un repli porté par les prix de l'énergie et des services
Le ralentissement de l'inflation globale s'explique principalement par une baisse des tarifs de l'énergie, enregistrée à -0,7% en mars, après une hausse de 0,2% en février. Les prix des services ont également contribué à cette décélération : ils ont progressé de 3,4% sur un an, contre 3,7% en février, et 4% en décembre. En revanche, l'inflation des produits alimentaires (y compris alcool et tabac) a légèrement accéléré, atteignant 2,9%, soit une hausse de 0,2 point par rapport au mois précédent. Du côté des biens industriels hors énergie, la situation reste stable avec une inflation de 0,6%.
L'indice d'inflation sous-jacente, corrigé des éléments volatils que sont l'énergie et l'alimentation, a reculé à 2,4%, contre 2,6% en février. Cet indicateur relayé par Le Figaro, souvent utilisé par les économistes pour évaluer les pressions de fond sur les prix, reste supérieur à la cible de la Banque centrale européenne mais confirme une tendance à la baisse amorcée depuis janvier, après plusieurs mois de stagnation autour de 2,7%.
Un contexte encore incertain pour la Banque centrale européenne
La baisse de l'inflation en mars intervient dans un contexte de normalisation amorcée depuis le sommet de 10,6% atteint en octobre 2022, au plus fort de la crise énergétique provoquée par la guerre en Ukraine. En septembre 2024, l'inflation était tombée à 1,7%, son niveau le plus bas en trois ans et demi, avant de remonter au-dessus de 2% à partir d'octobre. Depuis, la tendance est globalement orientée à la baisse.
Face à cette évolution, la Banque centrale européenne a réduit ses taux directeurs à six reprises depuis juin 2024, après deux années de hausses consécutives. Une nouvelle décision de politique monétaire est attendue d'ici deux semaines. Elle pourrait être influencée par les mesures commerciales annoncées par les États-Unis.
Les tensions commerciales alimentées par les droits de douane envisagés par Donald Trump créent une incertitude sur la trajectoire à venir de l'inflation. Selon les calculs de la BCE, une hausse des tarifs douaniers américains pourrait entraîner une perte de 0,3 point de PIB pour la zone euro. En cas de réponse européenne, cet impact pourrait atteindre 0,5 point.
Pour Diego Iscaro, responsable de l'économie européenne chez S&P Global Market Intelligence relayé par Les Echos, une hausse des barrières commerciales pourrait avoir un effet déflationniste sur la zone euro à moyen terme, mais une riposte de l'Union européenne pourrait provoquer l'effet inverse.