Euro numérique : l'Europe accélère malgré les freins des banques et du Parlement
L'Union européenne vient de franchir une nouvelle étape vers l'euro numérique. Les ministres des Finances se sont mis d'accord sur une feuille de route commune, mais le projet continue de susciter des inquiétudes, notamment chez les banques et au Parlement européen.
Les ministres valident une feuille de route commune
Réunis à Copenhague, les ministres des Finances de l'Union européenne ont trouvé un compromis sur les prochaines étapes de l'euro numérique. La Banque centrale européenne (BCE) continue de piloter le projet, mais les États membres auront désormais leur mot à dire avant toute décision définitive sur son lancement.
Paschal Donohoe, qui préside les réunions des ministres des Finances, a expliqué : "Le compromis auquel nous sommes parvenus est qu'avant que la BCE ne prenne une décision finale concernant l'émission, il y aurait une possibilité de discussion au sein du Conseil des ministres", selon Les Échos.
Parmi les sujets discutés : la possibilité de fixer un plafond sur le montant que chaque citoyen pourra détenir en euro numérique. L'objectif est de rassurer les acteurs du secteur bancaire, qui redoutent un transfert massif de l'épargne vers cette nouvelle forme de monnaie.
Des inquiétudes persistantes chez les banques et au Parlement
Le projet ne fait pas l'unanimité. Plusieurs banques européennes, en particulier en France, expriment leurs réserves. Elles redoutent un impact sur leurs dépôts et leur modèle économique. Certaines considèrent qu'il serait plus pertinent de renforcer les solutions de paiement existantes comme Wero ou Bizum, plutôt que de créer un nouveau système.
Le Parlement européen, de son côté, n'a pas encore adopté le texte de loi nécessaire au lancement. Des députés demandent plus de garanties sur la protection des données et souhaitent clarifier le rôle que les banques joueront dans la gestion du futur euro numérique.
Un calendrier encore incertain
Les discussions autour de l'euro numérique ont commencé il y a plus de six ans. Une première proposition législative a été faite en 2023, mais elle n'a pas encore abouti. La BCE espère que la loi pourra être adoptée d'ici le premier semestre 2026. Si c'est le cas, il faudrait ensuite compter deux ans et demi à trois ans pour une mise en œuvre.
Le projet consisterait en un portefeuille numérique, géré par des intermédiaires comme les banques, mais garanti par la BCE. Il serait accessible à tous les citoyens, y compris ceux qui n'ont pas de compte bancaire.
Pour Valdis Dombrovskis, commissaire européen à l'Économie, il s'agit d'une nécessité. "Il est important de renforcer l'autonomie stratégique de l'Europe, de ne pas avoir à dépendre de systèmes de paiement étrangers", a-t-il déclaré, cité par Reuters.
Carlos Cuerpo, ministre espagnol des Finances, partage ce point de vue. Il estime que "nous devons aller de l'avant avec notre propre système de paiement numérique afin de réduire notre dépendance vis-à-vis d'autres fournisseurs", selon Reuters.
Aujourd'hui, aucun système de paiement numérique national n'est accepté dans toute l'UE. Visa et Mastercard restent les seules options réellement paneuropéennes.