Dépenses et dette publique : où en est la France face au reste de l'Europe

Dépenses et dette publique : où en est la France face au reste de l'Europe Les dernières données publiées par Eurostat confirment l'écart entre la France et ses voisins en matière de dépenses publiques et de déficit. Malgré des recettes supérieures à la moyenne européenne, le pays enregistre l'un des niveaux de déséquilibre budgétaire les plus élevés de la zone euro.

La situation budgétaire de la France reste l'une des plus surveillées en Europe. Avec une dette élevée, un déficit récurrent et un poids des dépenses parmi les plus importants de la zone euro, les indicateurs confirment une trajectoire de plus en plus difficile à redresser.

Une dette lourde et un déficit persistant

Au début de l'année 2025, la dette publique française atteignait 114,1 % du produit intérieur brut, selon les données publiées par Eurostat. Ce niveau place la France derrière la Grèce (152,5 %) et l'Italie (137,8 %), mais devant l'Espagne (autour de 101 %) et la Belgique (103,9 %). En valeur absolue, la France détient la dette la plus élevée de la zone euro, avec 3 345 milliards d'euros. Cette situation s'explique en grande partie par un déficit chronique de ses comptes publics, combinant un niveau de dépense élevé et des recettes insuffisantes pour les couvrir.

En 2024, les dépenses publiques représentaient 57,1 % du PIB français. Il s'agit du deuxième niveau le plus élevé de la zone euro, derrière la Finlande. Sur le plan des recettes, la France se situe au-dessus de la moyenne européenne, avec un taux de 51,3 % du PIB. Mais cet écart ne suffit pas à combler le déficit, qui reste structurel. Comme le souligne le rapport 2025 de la Cour des comptes, il existe une " incapacité à maîtriser la dynamique de la dépense ".

Le déficit public français s'établissait à -5,8 % du PIB en 2024, selon les derniers chiffres publiés par Eurostat le 21 octobre. Ce taux classe la France parmi les pays les plus déficitaires de la zone euro, derrière la Roumanie (-9,3 %) et la Pologne (-6,5 %), mais devant la Slovaquie (-5,5 %). Douze États membres affichent un déficit supérieur à 3 %, ce qui dépasse les critères européens de convergence. Dans ce classement, la France est considérée comme " championne du déficit " en zone euro, selon Contrepoints.

Une trajectoire qui s'éloigne des objectifs européens

La loi de programmation des finances publiques, adoptée fin 2023, visait initialement un retour sous la barre des 3 % de déficit public à l'horizon 2027, et une dette réduite à 108,1 % du PIB. Mais cet objectif a été repoussé. Le rapport d'avancement annuel mentionne désormais un retour sous les 3 % à l'horizon 2029.

En parallèle, la Commission européenne anticipe une poursuite de la dégradation budgétaire. Elle table sur un endettement français atteignant 142 % du PIB en 2035, en raison d'un solde primaire structurellement déficitaire. D'après l'OFCE, entre 44 et 69 % de la hausse de la dette enregistrée entre 2007 et 2023 résulte de deux périodes critiques : la crise financière de 2008 et la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19.

François Bayrou, lors de sa déclaration de politique générale du 8 septembre 2025, a rappelé un élément marquant de la trajectoire budgétaire nationale : " La France n'a pas eu de budget à l'équilibre depuis 51 ans", cité par vie-publique.fr.