Top 20 ou rien ? Pourquoi les athlètes hors de l'élite doivent repenser leur modèle
Les athlètes stars bénéficient de contrats lucratifs, mais qu'en est-il des autres qui évoluent en dessous de ce niveau?
Dans le sport professionnel, les récompenses se concentrent souvent tout en haut de la pyramide. Le monde voit et les sponsors recherchent les athlètes stars qui figurent dans le Top 20 de leur discipline. Ces joueurs bénéficient de contrats lucratifs, d’une forte couverture médiatique et d’accords avec des marques qui leur assurent une sécurité financière bien au-delà de leur carrière. Mais qu’en est-il des milliers d’athlètes qui évoluent juste en dessous de ce niveau ?
Pour eux, la réalité est brutale : le talent et la détermination ne se traduisent pas automatiquement par un revenu durable. Même ceux classés dans le Top 50 ou Top 100 mondial des performances objectivement exceptionnelles sont souvent confrontés à l’instabilité financière, à des revenus saisonniers irréguliers et à une visibilité limitée. Alors que les budgets de sponsoring se resserrent et que l’attention du public se fragmente, l’écart entre les quelques élites et tous les autres se creuse.
Un modèle traditionnel à bout de souffle
L’économie sportive traditionnelle repose largement sur les gains de compétition, le sponsoring et les partenariats ponctuels. En dehors du haut du classement, chacun de ces leviers est sous pression. Les dotations chutent de manière exponentielle selon le rang, rendant difficile la couverture des frais de déplacement, d’entraînement et de coaching. Les sponsors, eux, concentrent leurs budgets sur les plus grandes stars, laissant les athlètes de milieu de tableau avec des contrats courts, sporadiques, rarement à la hauteur du temps et de l’énergie nécessaires pour les décrocher.
De plus, l’essor du marketing fondé sur la donnée pousse les marques à privilégier la portée et les impressions plutôt que les partenariats durables. Résultat : même des athlètes talentueux et réguliers peuvent rester invisibles pour le versant commercial et extrêmement lucratif du sport.
Les communautés comme levier de transformation
Je suis convaincu que la solution réside dans un changement profond : passer d’une dépendance aux sponsors externes à la construction de communautés engagées et directes. Pendant des décennies, on a répété aux athlètes que leur rôle se limitait à la performance sur le terrain, tandis que les équipes commerciales géraient le reste. Aujourd’hui, il est de plus en plus clair que cette approche ne fonctionne plus. Et les athlètes en ont pris conscience.
Ils recherchent désormais des outils numériques leur permettant de bâtir leur propre base de fans, au-delà des stades et des calendriers de tournois, grâce à du contenu authentique, des abonnements en ligne, des expériences exclusives et des initiatives communautaires. Il ne s’agit pas d’« influencer » au sens superficiel du terme, mais de créer un écosystème durable où les fans se sentent investis dans le parcours de l’athlète et prêts à y contribuer activement.
Du spectateur passif au soutien actif
Une idée fausse répandue chez les athlètes, surtout ceux en dehors du Top 20, est de penser qu’un grand nombre d’abonnés suffit à les rendre « bankables ». En réalité, une large audience ne garantit pas la valeur, car la portée sur les réseaux sociaux dépend d’algorithmes, d’espaces loués sur des plateformes tierces et donc d’un contrôle très limité.
Les communautés premium vont bien au-delà des réseaux sociaux. Ce sont des espaces où les fans accèdent aux coulisses, interagissent directement avec les athlètes et partagent leurs moments forts comme leurs défis. Ce modèle transforme les fans de simples spectateurs passifs en véritables acteurs du parcours de l’athlète, investis émotionnellement et, parfois, financièrement.
Pour les athlètes, les bénéfices sont indéniables :
- Engagement : ils peuvent capitaliser sur l’envie des fans d’interagir directement, une ressource encore sous-exploitée par les sponsors.
- Propriété des données : chaque entraînement, match ou séance produit des milliers de données. Grâce aux outils numériques actuels, les athlètes peuvent désormais les posséder et en tirer eux-mêmes la valeur.
- Résilience financière : les revenus issus des communautés sont moins volatils que les gains de tournois ou les contrats de sponsoring ponctuels.
- Longévité de carrière : une communauté engagée peut accompagner un athlète tout au long de sa carrière, à travers ses transitions ou même après sa retraite.
Redéfinir la notion de valeur
Cette transformation remet également en question la façon dont on évalue la « valeur » dans le sport. Plutôt que de mesurer la réussite d’un athlète uniquement par son classement ou sa visibilité médiatique, les communautés valorisent l’authenticité, la proximité et la connexion. Un athlète classé 85ᵉ mondial peut avoir une base de fans plus engagée qu’une star du Top 20 et dans l’économie de l’attention actuelle, cet engagement peut se révéler bien plus précieux pour certaines marques ou projets.
Et après ?
La transition d’un modèle centré sur la performance à un modèle hybride (performance et communauté) ne se fera pas du jour au lendemain. Elle demande un vrai changement d’état d’esprit, ainsi qu’un accompagnement en stratégie digitale, en storytelling et en gestion d’audience. Mais pour ceux qui choisissent d’investir dans la construction de leur propre écosystème, les bénéfices peuvent être transformateurs : plus d’autonomie, de stabilité et d’épanouissement personnel.
Dans un monde où seule une minorité d’athlètes atteindra un jour le Top 20, les autres ont un choix à faire : attendre que l’ancien modèle les récompense… ou prendre le contrôle de leur propre récit et bâtir quelque chose de durable. Ceux qui opteront pour cette deuxième voie ne se contenteront peut-être pas de survivre, ils pourraient bien redéfinir ce que signifie réussir dans le sport.