COP29 : les pays scellent un accord financier jugé largement insuffisant
La COP29 s'est terminée en offrant un condensé de la dramaturgie qui l'a animée ces deux dernières semaines à Bakou, en Azerbaïdjan. Les pays sont parvenus à un accord de 300 milliards de dollars annuels aux pays en développement d'ici à 2035. "Les négociations ont été plus âpres que les années précédentes", selon Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique. Cette année, les pays devaient s'accorder sur un nouvel objectif collectif quantifié (NCQG) qui devait remplacer les 100 milliards de dollars annuels promis par les pays riches aux pays en développement entre 2020 et 2025, pour les soutenir dans la décarbonation de leur économie et leur adaptation au réchauffement.
250 milliards de dollars
Des experts mandatés par l'ONU ont évalué les besoins en finance climat des pays en développement, Chine exceptée. Selon leur rapport, ils seraient de 2400 milliard de dollars par an d'ici à 2030, dont au moins 1000 milliards de la "finance extérieure". Cependant, les pays riches, qui connaissent leurs propres difficultés budgétaires, ont attendu le dernier jour officiel de la conférence, soit vendredi, pour donner le montant qu'ils étaient prêts à mettre : 250 milliards de dollars, un montant "méprisant" pour les pays vulnérables. Dès le lendemain, 80 de ces pays ont claqué la porte d'une réunion où on leur présentait un brouillon d'accord réhaussant ce chiffre de 50 milliards de dollars.
Samedi, le président de la COP29, Moukhtar Babaïev, a appelé les négociateurs "à surmonter leurs divisions tout en faisant approuver la mise en œuvre de l'article 6 de l'accord de Paris. Celui-ci fixe les règles du futur marché mondial des crédits carbone censé apporter efficacité et transparences parmi les instruments financiers. À 2h30 du matin, le président a approuvé le texte. "L'inde s'oppose à l'adoption de ce document", a déclaré Chandni Raina, représentante de l'Inde.
Un objectif de 1300 milliards d'ici 2030
Le texte approuvé, présente une feuille de route, dite "de Bakou à Belém", où se déroulera la COP30, et appelle "tous les acteurs à travailler ensemble", afin d'atteindre un objectif global d'aide de 1300 milliards de dollars par an d'ici à 2035. Les pays développés s'engagent à fournir "au moins 300 milliards" annuels, soit trois fois plus que précédemment, via des sources publiques ou privées qu'ils doivent garantir et des "sources alternatives" telles que des taxes sur les énergies fossiles, l'aviation ou le maritime. L'accord prévoit que les fonds viennent de dons et non de prêts, qui aggravent leur dette.
Cependant, la liste des pays contributeurs a été établie en 1992. "Le monde a changé, les responsabilités aussi", ont répété les diplomates européens, qui estiment que la Chine, premier émetteur de gaz à effet de serre, devrait participer. Le pays refuse de passer dans la catégorie des "pays développés", qui la ferait basculer dans la liste des pays responsables et redevables. L'accord de Bakou permet de contourner cela en encourageant "les pays en développement" à participer "sur une base volontaire". Concernant les énergies fossiles, après certaines modifications au texte officiel, elles n'apparaissent pas explicitement dans le texte final. "Sur l'atténuation, aucun texte n'est adopté. […] Il est très décevant que certains pays continuent à nier la science", a déploré Agnès Pannier-Runacher. La COP30 marquera les dix ans de l'accord de Paris et pourrait représenter un tournant.