Marine Le Pen cible la stratégie énergétique du gouvernement Bayrou

Marine Le Pen cible la stratégie énergétique du gouvernement Bayrou La cheffe du Rassemblement national dénonce l'absence de débat parlementaire autour du futur plan énergétique et critique le poids financier du raccordement des éoliennes offshore.

Marine Le Pen s'oppose à la prochaine programmation pluriannuelle de l'énergie, qui doit être adoptée par décret. Elle critique la méthode et le contenu du texte, notamment les investissements prévus dans le secteur de l'éolien.

Une adoption par décret dénoncée

La présidente du groupe RN à l'Assemblée nationale s'alarme de la volonté du gouvernement de faire adopter la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) sans vote du Parlement. Selon les informations rapportées par Le Figaro Magazine et relayée par Les Echos, elle a déclaré à ce sujet : "S'ils mettent en œuvre ce plan de 37 milliards d'euros de RTE pour raccorder les éoliennes en mer par décret, sans passer par le vote, je vais me fâcher !". Dans la même interview, elle s'en est également prise au Premier ministre : "Bayrou, il commence à m'énerver".

Lors d'un déplacement à Flamanville le 11 mars, elle a insisté publiquement sur ce point : "Monsieur Bayrou, faites discuter cette programmation pluriannuelle de l'énergie devant le Parlement, faites-la voter par la loi, ne la passez pas en catimini par l'intermédiaire d'un décret, il en va de l'avenir de notre pays", a-t-elle déclaré devant la presse.

La prochaine PPE prévoit de réduire la part des énergies fossiles à 30% de la consommation finale d'énergie d'ici 2035. Comme les précédentes éditions, le texte doit être entériné par décret. Ce point de procédure fait l'objet de critiques également au sein des rangs de la droite sénatoriale. Plus de 160 sénateurs de la droite et du centre ont adressé une lettre à François Bayrou début mars, l'appelant à "renoncer" à la publication du texte et dénonçant une absence de "vision globale".

Des montants et priorités contestés

Le contenu de la PPE fait également l'objet d'un rejet de fond de la part du Rassemblement national. Le parti s'oppose notamment à la place accordée aux énergies renouvelables. La nouvelle programmation prévoit, entre autres, que le gestionnaire public RTE consacre environ 40% de ses investissements à l'éolien offshore. Sur les 100 milliards d'euros d'investissement prévus d'ici à 2040, près de 37 milliards seraient dédiés à ces raccordements.

Jean-Philippe Tanguy, député RN et référent sur les questions économiques au sein du parti, dénonce ces choix dans une déclaration relayée par Les Échos : "Non seulement, la programmation pluriannuelle de l'énergie engage des investissements monstrueux mais ces investissements détruisent notre compétitivité économique sans produire un seul électron de plus de ce que pourrait faire le parc nucléaire optimisé". Il ajoute que "cela commence sérieusement à remplir le tonneau de la censure".

Marine Le Pen, souligne également le coût global de ces projets en des termes imagés : "C'est le prix de deux porte-avions en payant mieux les équipages".

Une opposition inscrite dans un contexte plus large

Le RN avait déjà critiqué la politique énergétique du gouvernement en décembre 2024, notamment à propos de la hausse des tarifs de l'électricité. Cette séquence intervient alors que François Bayrou fait face à plusieurs tensions politiques. Pour Marine Le Pen, ce nouveau front s'ajoute aux autres points de désaccord entre le Rassemblement national et l'exécutif, notamment concernant la place du nucléaire.

La programmation pluriannuelle de l'énergie actuelle reprend toutefois des orientations annoncées par Emmanuel Macron en février 2022 à Belfort, notamment une relance de la filière nucléaire. Cette reprise est jugée insuffisante par le parti de Marine Le Pen, qui appelle à redonner une place centrale à cette source de production dans le mix énergétique national.