Premier ministre : Lecornu, l'homme de la dernière chance pour Macron
A 39 ans, Sébastien Lecornu arrive à Matignon dans un climat politique tendu. Fidèle d'Emmanuel Macron, il doit composer avec une majorité relative et des oppositions prêtes à tester ses limites dès le prochain budget.
Une nomination éclair qui ne fait pas l'unanimité
Moins d'un jour après la chute de François Bayrou, Emmanuel Macron a choisi Sébastien Lecornu pour diriger le gouvernement. Ancien ministre des Armées, il est chargé de bâtir des accords avec les forces politiques pour permettre l'adoption du budget 2026.
Sa proximité avec le président rassure une partie de la droite, mais suscite aussi des réserves. Christian Cambon, sénateur du Val-de-Marne, a jugé que "beaucoup de qualités personnelles et d'expérience" pourraient lui permettre de relever le défi, selon Public Sénat. Mais d'autres élus LR estiment que cette nomination "ne change pas l'équation" à l'Assemblée, où la majorité reste fragile.
Les Républicains exigent en tout cas des engagements précis. Bruno Retailleau et François-Xavier Bellamy réclament un "contrat d'urgence nationale" centré sur la sécurité, le travail et la baisse des impôts. Max Brisson, sénateur LR, a insisté sur un cadre strict : "Le contrat doit être millimétré, avec un calendrier, où il n'y a plus d'incertitude", a-t-il expliqué dans Le Figaro.
Une Assemblée nationale sous haute tension
La gauche a réagi immédiatement à cette nomination. Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, a estimé qu'Emmanuel Macron "s'obstine dans une voie à laquelle aucun socialiste ne participera", rapporte France Télévisions. La cheffe de file de La France insoumise, Mathilde Panot, a parlé d'"une provocation" et promis une motion de censure. Du côté du Rassemblement national, Jordan Bardella a dénoncé sur X "la devise d'Emmanuel Macron : on ne change pas une équipe qui perd".
Dans ce contexte, le vote du budget 2026 sera le premier test de Sébastien Lecornu. Ses prédécesseurs Michel Barnier et François Bayrou n'ont pas résisté à cet exercice. Cette fois encore, l'absence de majorité absolue rend les compromis indispensables.
Le constitutionnaliste Benjamin Morel a résumé le dilemme sur France Télévisions : ce choix représente "le confort" pour Emmanuel Macron, mais Lecornu risque d'être vu comme "le clone de Macron", une image qui pourrait vite compliquer son rôle.