Grève du 2 octobre : entre contestation sociale et incertitudes politiques
Au-delà des slogans et des banderoles, la journée du 2 octobre illustre la crispation d'un pays marqué par l'inflation et les débats sur le budget. Si la mobilisation reste en retrait par rapport aux grandes manifestations du printemps, elle témoigne d'un climat social tendu alors que les arbitrages financiers les plus sensibles approchent.
Une mobilisation marquée par les inquiétudes fiscales
À Paris comme dans plusieurs grandes villes, les cortèges ont exprimé leur mécontentement face aux réformes fiscales en discussion. Selon Le Monde, le rapporteur général du budget Charles de Courson a proposé de réduire plusieurs niches fiscales représentant plusieurs milliards d'euros, notamment le crédit d'impôt pour l'emploi à domicile dont la dépense est passée de 3,5 milliards d'euros en 2017 à 6,7 milliards en 2024.
Ces annonces nourrissent les critiques des syndicats, qui estiment que l'effort est demandé aux ménages, alors même que le gouvernement cherche à réduire le déficit public de 20,5 milliards d'euros entre 2025 et 2026. Dans la rue, les slogans dénonçaient "une fiscalité à deux vitesses" et un effort "toujours demandé aux mêmes".
Un exécutif fragilisé entre rue et Parlement
Selon Le Figaro, Sébastien Lecornu, qui vient d'arriver à Matignon, cherche à maintenir un équilibre difficile : réduire la dette publique, contenue aujourd'hui autour de 110 % du PIB, tout en évitant une contestation sociale trop forte. Le Premier ministre a demandé à ses alliés d'être "ouverts au débat sur la justice fiscale" et de veiller à ne pas "abîmer croissance et emploi".
L'opposition reste divisée : la gauche réclame des baisses ciblées de la CSG pour améliorer le pouvoir d'achat, quand la droite appelle à un rabot drastique de la dépense publique.
La mobilisation du 2 octobre, qui a rassemblé 85 000 manifestants à Paris selon la préfecture, n'a pas paralysé le pays, mais elle envoie un signal clair : les réformes fiscales à venir seront scrutées de près par une opinion publique déjà fragilisée par l'inflation.