Data centers : comme dans la santé, prévenir vaut mieux que guérir
Face à la croissance des data centers et aux risques qu'elle entraîne, la prévention devient clé pour assurer résilience, maîtrise énergétique et continuité numérique.
Au tout récent sommet Choose France du 17 novembre dernier, les data centers affichaient une pleine forme, soutenus par des investissements massifs. Que ce soit par Opcore, filiale d’Iliad, avec 4 milliards d’euros pour la création d'un data center de“plusieurs centaines de mégawatts” en Seine-et-Marne sur un ancien site d’EDF. Ou Eclairion, société spécialisée dans l'hébergement de supercalculateurs, qui investit 2,5 milliards dont 80% pour la construction de deux data centers en Moselle et 200 millions d'euros pour l’agrandissement de son data center modulaire à ultra haute densité, celui qui hébergera le premier cluster de calcul de Mistral AI.
Ce sont de formidables nouvelles aujourd’hui et nous ne pouvons que manifester notre enthousiasme ! Mais soyons également conscients de l’avenir. Comme pour la santé qui n’est jamais totalement garantie au fil des années qui passent, la prévention est et sera notre meilleure assurance pour nos data centers.
En effet, face à l’explosion mondiale des données, la France — aujourd’hui 6ᵉ terre d’accueil des data centers — doit anticiper un défi inédit : d’ici dix ans, ces infrastructures pourraient représenter 7,5 % de notre consommation électrique nationale. Sans action préventive, cet océan de données risque de devenir un fardeau énergétique et stratégique.
Les données, protéines vitales de notre économie
Les données sont à notre économie ce que les protéines sont à notre corps : indispensables à la vie. Elles nourrissent tous les secteurs — hôpitaux, industries, services — et assurent la continuité des transactions ainsi que notre souveraineté numérique. Mais que se passerait-il si ces « protéines data » venaient à manquer ? La question n’est pas théorique : chaque semaine, des data centers d’entreprises sont mis à l’épreuve par des pannes, des attaques ou des incidents parfois bien plus graves que prévu.
Cette réalité révèle un état de fragilité souvent sous-estimé. Nombre de data centers sont en situation d’hyper-vulnérabilité, sans que leurs exploitants en aient pleinement conscience. Dans un monde où la donnée est devenue vitale, cette fragilité constitue un risque majeur pour l’économie et la stabilité numérique du pays.
Une croissance fulgurante, des facteurs de risques identifiés
Avec l’essor exponentiel de l’intelligence artificielle, dont la consommation est à la fois plus intense et imprévisible, la demande en capacité de traitement explose. Les projections sont sans appel : d’ici 2030, la capacité mondiale des data centers devrait tripler, atteignant ou dépassant 1 000 TWh par an, soit l’équivalent de la consommation de plusieurs pays européens.
En France, cette expansion ne se limite plus aux grands pôles historiques que sont Paris, le Nord et Marseille. Elle s’étend désormais sur l’ensemble du territoire, entraînant de nouveaux défis en matière d’approvisionnement électrique, de gestion locale des ressources et de conflits d’usage avec d’autres besoins essentiels comme le chauffage ou les transports.
Or, cette croissance géographique et technologique s’accompagne d’une exposition accrue aux risques. Qu’ils soient de petits centres agiles ou de vastes infrastructures régionales, les data centers doivent faire face à des menaces multiples : pannes électriques et incidents techniques susceptibles d’interrompre brutalement leur activité, incendies, inondations ou cyberattaques qui peuvent compromettre leur sécurité, pénurie d’équipements et de compétences qui ralentissent leur développement. À cela s’ajoutent le stress hydrique et la complexité croissante de la gestion thermique, des défis amplifiés par le réchauffement climatique.
La valeur élevée des équipements, les tensions persistantes sur les chaînes d’approvisionnement et le manque d’ingénieurs qualifiés ne font que renforcer cette fragilité structurelle, transformant chaque incident potentiel en menace pour la continuité de notre économie numérique.
Le rôle stratégique de l’assureur : anticiper plutôt que réparer
Face à l’ampleur des risques qui pèsent sur les data centers, l’assurance seule ne suffit plus. Elle doit s’accompagner d’une véritable stratégie d’anticipation. Les acteurs du risque, comme FM, ne sont pas seulement des garants financiers : ils sont des partenaires de longévité, hautement stratégiques, capables d’analyser les scénarios de crise, d’évaluer les vulnérabilités liées à l’énergie, au refroidissement, à la sécurité physique et incendie, et de concevoir des solutions innovantes de prévention pour renforcer la résilience.
Cette approche proactive change la donne. Il ne s’agit plus seulement de réparer après coup, mais de rendre les data centers “vaillants”, capables de résister aux chocs à venir. Sortir d’une logique de patchs est impératif : chaque jour gagné dans la prévention est un risque évité et une continuité assurée.
Assurer la robustesse et la sécurité de ces infrastructures, c’est bâtir les fondations d’une économie performante, souveraine et durable. La prévention n’est pas un coût, c’est un investissement vital. Comme en médecine, mieux vaut diagnostiquer tôt, traiter vite et protéger sur le long terme. La santé de nos data centers est, plus que jamais, la santé de notre nation numérique.