Qu'est-ce que la validation de la posture de sécurité threat-driven, le nouveau paradigme de la Cyber

La cybersécurité ne peut plus reposer uniquement sur des audits annuels ou des tests de pénétration planifiés.

À l’heure où les cyberattaques se multiplient et gagnent en sophistication, les entreprises ne peuvent plus se contenter d’une approche défensive et statique. La cybersécurité ne peut plus reposer uniquement sur des audits annuels ou des tests de pénétration planifiés. Ces approches, bien qu’utiles, donnent une photographie figée d’une situation qui évolue en permanence. Il est temps d’adopter une vision plus dynamique, continue, et surtout alignée sur la réalité des menaces.

C’est dans cette optique que nous défendons une approche innovante : la validation de la posture de sécurité guidée par la connaissance des menaces (“threat-driven approach”). Cette méthodologie, qui s'appuie sur le renseignement d’intérêt cyber (Threat Intelligence), permet aux organisations de tester leurs défenses dans des conditions réelles, en simulant des attaques basées sur les tactiques, techniques et procédures des adversaires les plus pertinents ou qui risqueraient de les cibler.

Pourquoi valider sa posture de sécurité avec une approche “threat-driven” ?

La cybersécurité traditionnelle repose souvent sur des indicateurs de conformité : a-t-on appliqué les bons correctifs ? Dispose-t-on d’un antivirus ? A-t-on réalisé un test d’intrusion cette année ? Ces mesures sont importantes, mais elles ne répondent pas à une question fondamentale : sommes-nous réellement capables de détecter et stopper une attaque qui viserait notre organisation aujourd’hui, avec les méthodes des groupes d’attaquants les plus actifs ?

Une approche “threat-driven” change cette perspective. Elle part de l’analyse des menaces réelles : quels sont les groupes d’attaquants susceptibles de s’en prendre à mon organisation ou mon secteur ? Comment opèrent-ils ? Quelles sont leurs techniques favorites ? Une fois ces éléments identifiés, il devient possible de simuler ces attaques sur son propre système d’information, et d’évaluer la capacité de ses défenses à les repérer, les contenir, ou les bloquer.

Cette validation, basée sur la réalité des menaces, permet non seulement de tester l'efficacité technique des outils de sécurité, mais aussi la réactivité des équipes, la cohérence des processus, et la qualité de la chaîne de détection et de réponse.

De l’intelligence des menaces à l’action concrète

Pour déployer cette approche de manière opérationnelle, deux éléments sont indispensables : tout d’abord une base de connaissances sur les menaces à jour, et des outils permettant de traduire ces informations en simulations d’attaque concrètes.

C’est dans cette optique que des solutions open source comme OpenCTI (Open Cyber Threat Intelligence), ont été conçues. Il s’agit d’une plateforme open source qui permet de centraliser, structurer, analyser et diffuser l’intelligence des menaces au sein d’une organisation. OpenCTI facilite la collecte des informations sur les groupes d’attaquants, les campagnes, les vulnérabilités, et les techniques utilisées, tout en les organisant de manière exploitable pour les analystes et les outils de sécurité.

En complément, il existe des outils, également en open source tels qu’OpenBAS, qui permettent d’orchestrer des simulations d’attaques réalistes à partir des données issues d’OpenCTI et de valider ensuite le bon fonctionnement des outils de sécurité ainsi que la réponse des analystes Cette combinaison offre une boucle vertueuse : l’intelligence des menaces guide les scénarios d’attaque, ceux-ci révèlent les points faibles de la défense, et les résultats alimentent à leur tour la stratégie de sécurité.

Simuler pour mieux anticiper

L’approche par simulation et validation est un levier puissant de transformation. Elle permet de déplacer le centre de gravité de la cybersécurité vers une posture proactive. Plutôt que d’attendre qu’une attaque réussisse pour corriger le tir, on anticipe les menaces en les simulant à l’avance. Ce faisant, on identifie les angles morts, les processus inopérants, les erreurs de configuration ou les détections manquantes.

Contrairement à un test d’intrusion ponctuel, les simulations pilotées par l’intelligence des menaces peuvent être menées en continu, sur différentes parties du système d’information, et avec des scénarios adaptés à l’évolution du paysage des menaces. Cette dynamique permet d’instaurer une amélioration continue de la posture de sécurité.

Des bénéfices tangibles pour les RSSI et les équipes sécurité

L’un des atouts majeurs de cette approche est sa capacité à aligner les efforts de cybersécurité sur les risques concrets, et non sur des hypothèses générales. Cela permet une meilleure allocation des ressources, en concentrant les efforts sur les vecteurs d’attaque les plus probables et les plus critiques.

Pour les RSSI, c’est aussi un moyen de mieux justifier les investissements en cybersécurité, avec des données factuelles issues des simulations : “nous avons simulé une attaque de type ransomware utilisant les techniques du groupe Lockbit, et nos systèmes n’ont détecté que 40 % des étapes. Voici où il faut investir pour améliorer la couverture”.

Enfin, c’est un outil précieux pour renforcer la collaboration entre les différentes équipes de sécurité : les analystes renseignent les données de menace, les équipes de sécurité offensive testent les scénarios dans le simulateur, et les équipes de sécurité opérationnelle  peuvent constater concrètement les failles résiduelles à corriger.

Une nouvelle culture cyber

Au-delà des outils, cette démarche participe à l’émergence d’une nouvelle culture de la cybersécurité, fondée sur l’agilité, l’adaptation continue et la compréhension des menaces réelles. Elle redonne du sens aux pratiques de sécurité, en les ancrant dans la réalité opérationnelle, et non dans la seule conformité réglementaire.

Chez Filigran, nous croyons fermement que cette vision proactive est non seulement possible, mais indispensable dans un monde où l’attaque est continue, distribuée et de plus en plus automatisée.

Il est temps de passer d’une cybersécurité de façade à une cybersécurité de terrain, fondée sur la connaissance, la simulation, et l’apprentissage permanent.