D'une menace à une crise : l'IA et la nouvelle vague de fraude documentaire

Foxit

Il n'y a pas si longtemps, falsifier des documents exigeait un vrai savoir‑faire. Aujourd'hui, l'IA permet à chacun de créer en quelques secondes de faux diplômes, contrats ou pièces d'identité.

Cette évolution représente un risque majeur pour toutes les entreprises françaises, au sein des services financiers, mais également RH, juridiques ou encore de conformité. Selon Sumsub, une entreprise spécialisée dans la vérification d’identité numérique et la détection de fraude, les tentatives de fraude impliquant des deepfakes ont augmenté de 700 % en France entre le premier trimestre 2024 et le premier trimestre 2025. Les documents générés par IA, appelés « synthétiques », suivent la même tendance, avec une hausse de 281 %. La vitesse de cette croissance montre à quel point la menace progresse rapidement et touche tous les processus documentaires.

Deepfakes et documents falsifiés : le nouveau fléau qui se propage

Identités fictives, contrats manipulés et preuves fabriquées peuvent tous servir à contourner les contrôles existants. Même des processus ordinaires, tels que l’intégration de nouveaux employés ou l’approbation de contrats, peuvent être compromis. Si les organisations s’appuient uniquement sur des vérifications humaines ou visuelles, elles risquent de ne plus pouvoir distinguer le vrai du faux. La surface d’attaque s’élargit, et les défenses doivent suivre.

Un facteur clé de cette menace est la mise à disposition rapide de modèles d’IA puissants. Par exemple, Alibaba a récemment présenté sa gamme de modèles hybrides Qwen3, capables de générer des contenus textuels et visuels sophistiqués avec très peu d’expertise. Ces outils peuvent être détournés pour produire à grande échelle des documents falsifiés, transformant un risque jusqu’alors limité en un défi de sécurité central pour les entreprises du monde entier.

Signatures numériques : première ligne de défense

La protection la plus efficace repose sur les signatures numériques sécurisées, qui lient l’identité vérifiée du signataire au document et rendent toute modification visible. Les signatures avancées ou qualifiées offrent une assurance juridique et technique solide. Elles assurent également une traçabilité complète : identité du signataire, date et heure de signature, et validation par une autorité de confiance, indispensable pour les équipes RH et juridiques.

Cela permet notamment de réduire les vérifications manuelles, d’accélérer l’approbation de contrats, les accords fournisseurs et l’intégration du personnel, tout en renforçant la sécurité et l’efficacité des workflows.

Pour garantir toute leur efficacité, ces pratiques doivent s’appuyer sur un cadre réglementaire robuste. C’est précisément l’objectif d’eIDAS 2.0, la nouvelle réglementation européenne qui introduira des portefeuilles d’identité numérique, renforcera les exigences pour les services de confiance et assurera une meilleure interopérabilité au niveau transfrontalier.

En s’alignant dès aujourd’hui sur ces standards, les entreprises ne se contentent pas d’anticiper la conformité : elles se positionnent comme des acteurs crédibles et prêts pour l’avenir, capables de prouver la fiabilité de leurs documents et de leurs processus auprès de leurs partenaires comme des régulateurs.

Un impératif stratégique immédiat

La falsification assistée par l’IA n’est plus une menace lointaine : elle impacte déjà les entreprises et progresse à grande vitesse. Celles qui l’ignorent s’exposent à des pertes financières, à des atteintes à leur réputation et à des risques juridiques majeurs. La réponse existe pourtant : adopter des signatures numériques sécurisées, garantir des pistes d’audit fiables et anticiper les évolutions réglementaires. 

En agissant dès maintenant, les organisations ne se contentent pas de se protéger contre la fraude : elles envoient un signal fort à leurs partenaires et aux régulateurs, prouvant qu’elles sont prêtes à évoluer dans un monde où l’authenticité ne peut plus être tenue pour acquise.