Le secteur IT très exposé par la faillite de Lehman Brothers

Nombreuses sont les entreprises du secteur IT ayant contracté avec la banque. A l'heure de son rachat par Barclays commence l'évaluation de ses paiements non honorés. Ils se chiffrent en millions de dollars.

Lehman Brothers, la banque d'investissement américaine en faillite rachetée le 22 septembre par la banque britannique Barclays, a publié la liste de tous ceux de ses contrats qui doivent être repris et assumés par Barclays, ainsi que la somme qu'elle propose de payer à ses créditeurs en compensation des contrats non honorés. Pour transférer les contrats de Lehman à Barclays, la loi américaine exige en effet le remboursement par l'acheteur de tous les paiements dus par la banque en faillite. Lehman étant l'un des principaux acheteurs de services IT, cette liste ressemble fort à un annuaire de l'industrie des technologies et de la communication.

Côté opérateurs, AT&T, Verizon et Sprint y figurent très haut, de même que leurs filiales mobiles. IBM, EMC, HP, Oracle et Sun Microsystems sont les autres grands comptes du secteur IT dont les contrats n'ont pas été honorés.

L'examen des montants que Lehman propose de payer à ses créditeurs IT montre que c'est à Microsoft qu'est due la plus grosse somme. Barclays devrait en effet payer 22,5 millions de dollars pour pouvoir reprendre le contrat avec la firme de Redmond. Selon ce classement, le deuxième créditeur de la banque est IBM, à qui seraient dus 9 millions de dollars.

Les sommes prévues par la banque en faillite sont pourtant loin de convaincre tout le monde. En effet, un grand nombre d'entreprises figurant parmi les créditeurs de Lehman a déjà déposé des réclamations contestant les montants prévus par la banque. Ainsi, l'opérateur Verizon, à qui Lehman annonce devoir 325 000 dollars, déclare : "En se basant sur un premier examen de nos registres et archives, nous pensons que les débiteurs sont dans l'obligation de payer pas moins de 2 244 518,72 dollars pour compenser les défauts de paiements existant sur ses contrats Verizon".


De même, AT&T, qui représente AT&T Wireless, SW Bell, Bell South et Cingular Wireless, affirme que Lehman lui doit 3 millions de dollars, et non 669 000 dollars comme indiqué dans la liste publiée par la banque.

En plus des entreprises pour lesquelles sont prévues des compensations, la liste des contractants de Lehman inclut également des majors du secteur IT auprès desquelles la banque juge ne pas avoir manqué d'honorer ses paiements. Il s'agit par exemple de Cisco Systems, NTT, PeopleSoft, Global Crossing, Red Hat, Sybase, Vodafone ou encore KDDI. Certaines d'entre elles ont aussi déposé des réclamations de paiement. Au total, les créditeurs de Lehman sont plus de 80 sur 345 à l'avoir fait. Les autres ont jusqu'au 3 octobre pour réagir.

La publication de la liste révèle enfin l'étendue des activités que Lehman a externalisées en Inde, puisque dix entreprises indiennes y figurent (principalement des intégrateurs système et des fournisseurs de services informatiques). Le montant dû aux trois plus importantes - Satyam Computer Services, Tata Consultancy Services et Wipro - s'élève au total à 3,9 millions de dollars.

Pourtant, dans ce pays, aucun créditeur de Lehman n'a pour l'instant émis d'objection aux sommes fixées par la banque. Une façon aussi de ne pas compliquer le transfert chez Barclays de leurs contrats. A tel point que l'indien eClerx, qui s'est vu assigner un cure amount de 0,5 million de dollars, a déclaré que bien que Lehman lui doive en réalité le double, il ne prévoyait pas nécessairement de déposer une réclamation.