L'Open RAN entre avantages et défis à relever, où en est-on ?

L'Open RAN suscite une grande attention dans le secteur des télécommunications, en effet presque toutes les entreprises de ce secteur abordent le sujet d'une manière ou d'une autre.

Cette technologie permet d'obtenir une couverture de réseau similaire à un prix inférieur à celui des architectures conventionnelles, c’est pourquoi cela va devenir le vecteur de choix pour de nombreuses entreprises en vue d'une nouvelle expansion du réseau.

Les cinq principaux opérateurs de réseaux européens Deutsche Telekom, Orange, Telefónica, Telecom Italia et Vodafone Group ont exprimé leur soutien à l'Open RAN dans un mémorandum commun. Cependant, même si Orange effectue des tests en France et que les différents opérateurs européens développent le réseau Open RAN, l’Europe reste en retard dans l’adoption de l’Open RAN et cela remet en cause la souveraineté de l’Europe dans les télécoms. Ainsi pour maintenir la souveraineté de l’Europe, Orange est à l’initiative du consortium O-RAN Alliance, chargé de standardiser cette nouvelle technologie, aux côtés de l’américain AT&T, de l’allemand Deutsche Telekom, du chinois China Mobile et du japonais NTT DoCoMo.

On peut se poser la question : comment fonctionne l’Open RAN et en quoi cette technologie est différente des précédentes ?

L’Open RAN offre de nombreux avantages aux fournisseurs de télécommunication

Les systèmes RAN actuellement utilisés sont fermés, spécifiques aux fabricants et donc incompatibles entre eux. Donc les opérateurs mobiles sont souvent limités dans leur choix des meilleurs composants pour l'expansion du réseau. La solution Open RAN résout ce problème en brisant ce système relativement rigide et en permettant une architecture plus dynamique. En effet, l’Open RAN permet de séparer les fonctions RAN des stations de base en quatre blocs distincts : Les unités radio (RU), l'unité distribuée (DU), l'unité centralisée (CU) et le contrôleur intelligent RAN (RIC).

L’Open RAN présente d'importants bénéfices comme l’amélioration de la qualité de service et l'exploitation des réseaux, la réduction des coûts de déploiement et de fonctionnement, et rend plus flexibles l’interopérabilité puisque les fournisseurs sont en mesure de combiner les différents composants entre eux de manière indépendante et modulaire.

En Europe, Orange est plus que favorable au développement de l'Open RAN, cela permettra de mettre fin au monopole de certains fournisseurs d’infrastructure et ainsi ouvrir le marché des infrastructures de réseau mobile à de nouveaux acteurs. L’Open RAN soutient un écosystème de chaîne d'approvisionnement simple qui encourage activement les nouveaux fournisseurs à entrer sur le marché, donc l'innovation et la concurrence sont renforcées.

De plus, l'Open RAN joue un rôle important dans l'accélération du déploiement mondial de la 5G. En effet, cette solution est conçue pour être compatible avec la 5G. La 5G et les réseaux ouverts tels que l’Open RAN seront le catalyseur qui permettront aux opérateurs de déployer plus efficacement de nouvelles applications et de nouveaux services mobiles tout en élargissant leurs modèles économiques. Certes, l'Open RAN vise à réduire le coût du déploiement de l'infrastructure. Mais ce qui est peut-être plus important, c'est qu'il permet aux opérateurs mobiles de choisir parmi une gamme de solutions diverses, plutôt que de s'en remettre à une poignée de fournisseurs proposant des plateformes fermées. Ils peuvent ainsi proposer des solutions plus souples à leurs clients.

Cependant il reste des défis à relever

Le mot qui revient sans cesse est la sécurité : nombreux craignent que la désagrégation des logiciels et du matériel ne rende le système global plus vulnérable. En effet, le fait que ce système soit ouvert renforce le sentiment d’insécurité et de dégradation. Ainsi les opérateurs craignent de ne plus avoir le contrôle de la sécurité de leurs composants de réseau et donc de perdre en qualité de service. La question de la cybersécurité de ces réseaux du futur, qui empilent différentes couches logicielles, donc de multiples angles d’attaque, se posera également.

La crainte que les applications Open RAN virtualisées et basées sur des logiciels, ne fonctionnent pas aussi efficacement que les logiciels qui utilisent du matériel spécialement conçu. Cependant, les caractéristiques fondamentales des composants Open RAN compensent ces limitations. En effet, ils sont capables de mieux évoluer, d'accroître la flexibilité de l'expansion et de réduire les coûts grâce à une concurrence accrue, à l'innovation et à un volume plus important.

Outre les questions de sécurité, l'interopérabilité est l'une des tâches les plus urgentes pour l'ensemble de l'écosystème Open RAN et constitue donc une priorité absolue. Au-delà de l’Open RAN, il est question de construire un écosystème Open RAN complet afin de fournir des solutions de conformité, de performance et d'interopérabilité pour tous les composants envisagés dans la nouvelle architecture.

L’intégration et des tests du système Open RAN complet contenant des composants de différents fournisseurs reste un défi de l’industrie de l’Open RAN. Les opérateurs Open RAN devront donc déployer davantage d'efforts pour effectuer des tests d'intégration afin de s'assurer que le système complet offre la qualité attendue. Orange est pour le moment le seul opérateur français à avoir annoncé des tests et le déploiement de l’Open RAN. Orange a ouvert le premier laboratoire français dédié à l’Open RAN (Open Radio Access Networks) de France. Ce centre, espace de test et d’intégration, permettra aux entreprises de l’écosystème Open Ran, technologie de référence pour les futurs réseaux mobiles, de venir tester et valider leurs produits.

L'Open RAN pourrait devenir un accélérateur d'innovation pour le monde des télécom puisque cela favoriserait l'émergence de nouveaux concurrents permettant ainsi de challenger les acteurs du secteur.  De plus, l’Open RAN offre de nombreux avantage comme l'architecture ouverte qui permettra de réduire les coûts à long terme. Donc même s’il reste du travail à faire sur l'Open RAN, le mouvement est en marche. Selon le cabinet de conseil Dell’Oro, l’Open RAN représentera 15% du marché d’ici à 2026, dont près de la moitié en Asie.