Faut-il avoir une peur bleue des LED ?

Les diodes électroluminescentes (LED) devraient représenter plus de 60 % du marché européen de l'éclairage en 2020. Alors que nous passons de plus en plus de temps devant des écrans, l'ANSES s'alarme de leur dangerosité. Pour quelles raisons ?

L'utilisation des LED tend à se généraliser et c'est plutôt une bonne nouvelle. Les diodes électroluminescentes sont bien plus sobres que les ampoules basse consommation. Autrement dit, elles produisent plus de lumière avec autant d'énergie. Selon l'Ademe (1), pour un watt consommé, une lampe fluocompacte produit de 50 à 70 lumens, alors qu'une lampe LED en génère de 75 à 140. Cela représente au final d'importantes économies d'électricité. 

Aujourd'hui, les diodes équipent de nombreux systèmes d'éclairage public, comme les feux de circulation et les enseignes lumineuses. On les retrouve aussi dans les écrans d'ordinateurs et de smartphones (en gros, dans tous les systèmes rétro-éclairés), les luminaires contemporains, les lampes torches, les guirlandes de Noël, etc. Elles devraient représenter de 60 à 65% du marché européen de l'éclairage en 2020. Des résultats brillants, voire trop ?

Une révolution et des questions

Tous les voyants étaient au vert, jusqu'à ce que l'Anses confirme en 2019 les réserves qu'elle émettait déjà sur les LED en 2010. L'établissement public est formel : elles pourraient altérer la vue. D'ailleurs, l'Inserm a publié plusieurs articles allant dans ce sens. Une série d'expériences menées sur des rats ont montré qu'une forte exposition à la lumière des LED entraînait chez ses animaux un état inflammatoire altérant les photorécepteurs de l'œil. Autrement dit, une dégénérescence de la rétine. Les premiers signes d'inflammation sont apparus chez les rats après une exposition continue de 24h à une puissance de 500 lux (la même que dans nos habitations). L'intensité lumineuse des diodes est clairement pointée du doigt par les scientifiques, même s'ils soulignent qu'il n'est pas possible en l'état actuel des choses de transposer ces résultats à l'homme.

Principe de précaution

Pour l'heure, il est difficile d'évaluer le risque sanitaire précis, mais le principe de précaution doit prévaloir, selon l'Anses. Seul un type de diodes est visé : celles de couleur bleue. En effet, les premiers modèles de LED créés dans les années 90 étaient rouges, jaunes et verts. À l'origine, ils servaient de témoins lumineux dans les appareils électroniques, comme les réveils. L'apparition récente de LED bleues a provoqué une levée de bouclier. En effet, en recouvrant ces diodes d'une couche de phosphore jaune, on obtient une lumière blanche particulièrement intense qui permet d'éclairer efficacement. Seul ce type de lumière artificielle pourrait s'avérer à la longue dangereuse pour la vue.

Sortir du tout-écran

L'ANSES a émis un certain nombre de recommandations, tout en appelant le législateur à se saisir de la question. En d'autres termes, il appartient à chacun de limiter son exposition à ce type de rayonnement, en attendant que l'état de la connaissance progresse. Selon ces experts, trop de lumière bleue pourrait avoir les conséquences suivantes :

1.    un risque renforcé de dégénérescence maculaire liée à l'âge ;

2.    une perturbation de rythme biologique et du cycle sommeil - un point à surveiller particulièrement chez les enfants.

Donc, à ce stade, il est inutile de broyer du noir. Cette température de couleur, à petite dose, n'est pas nocive - elle permettrait même à notre organisme de sécréter de la vitamine D. Mais cette mise en garde pose deux questions : celle de notre dépendance grandissante aux écrans et celle du progrès technique qui déborde très souvent les législations nationales.

 (1) Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail