IA, VR, robotique... la tech plus que jamais au service de la santé !

Comme souvent, le meilleur de l'innovation technologique révolutionne la santé. Plongée au cœur du meilleur de l'innovation santé mondiale à Monaco, lors du récent congrès e-healthworld.

Depuis la nuit des temps les plus grands progrès technologiques arrivent bien souvent par la médecine et la santé. Vivre plus longtemps, pourquoi pas jusqu’à l’éternité, fait partie des grands fantasmes de l’Homme et cela n’a jamais été autant d’actualité. Ce qui était de l’ordre de la science-fiction il y a encore quelques années est aujourd’hui une réalité prête à être mise sur le marché. Pour le meilleur, d’abord, mais aussi pour le pire si on se réfère aux auteurs de SF qui nous prédisent la domination des machines, ou aux bioconservateurs qui alertent face à l’augmentation de l’humain à tout prix.
 
Pour échanger sur toutes ces problématiques il existe de plus en plus de salons et congrès partout dans le monde, dont un qui se tenait la semaine dernière du côté de Monaco. e-healthworld, c’est son nom, se veut le point de ralliement des industriels, des start-up et des meilleurs professeurs et chirurgiens du monde de la santé connectée. Autant vous dire que pour tous les passionnés d’innovation il y avait de quoi découvrir et apprendre à vitesse grand V sur l’autoroute du tsunami technologique. Suivez-nous !
L’impression 3D au service de la réparation de l’Homme, et de son augmentation ?
La première table ronde animée par Anthony Morel (BFM TV) a vite posé les bases pour la suite du congrès. Dans des échanges parfois surréalistes pour les non initiés, les intervenants de très haut niveau conviés pour échanger sur l’impression 3D nous ont expliqué que oui, imprimer de la peau directement sur des grands brûlés c’était sans doute pour demain. 

Amélie Thépot de Labskin creations expliquait que, comme avec du plastique, on pouvait dès aujourd’hui imprimer des cellules vivantes. A partir d’une image médicale on peut imprimer avec une “bioencre” qui va ensuite maturer pour se développer et prendre sa place dans l’organe vivant ou sur la peau comme les cellules d’origine. En ce qui concerne la peau, Amélie Thépot et ses équipes travaillent déjà avec l’Armée Française pour l’impression de peau directement au bloc opératoire, et les tests cliniques sur les souris sont programmés pour 2018. Une technologie qui paraît tout droit sortie d’un livre de science-fiction mais qui sera, si tout va bien, disponible d’ici 2 à 3 ans seulement.
 
Avec une approche différente, le congrès avait eu la bonne idée d’inviter Frédéric Guiraud pour présenter le fameux projet Enable qui offre des mains articulées aux enfants (et plus grands) qui en sont privés. Les fameuses mains imprimées en 3D au design coloré que vous avez sans doute déjà vu passer dans la presse. Un projet qui mêle technologie et solidarité car chacun, pour peu qu’il possède une imprimante 3D et un peu de temps devant lui, peut rejoindre le programme et offrir une main à un enfant qui en a besoin.
 
La force du Web est bien là. Les makers peuvent avoir des profils très variés. La mise en relation se fait en ligne avec la mise à disposition de plans sous licence ouverte et une collaboration de tous les instants entre les familles et leurs généreux donateurs avec le soutien de l’association. L’objectif de l’association avec ses modèles sur mesure pourquoi pas aux couleurs du super héros favoris de l’enfant aidé ? Que le handicap devienne une fierté. Quand technologie et humanité se rejoignent, un bel exemple de ce que le numérique fait de mieux !
Réalité virtuelle et augmentée, au cœur de nombreuses problématiques de santé
Sujet récurrent tout au long des deux jours, la réalité virtuelle est déjà très utilisée dans le domaine de la santé. Pour la formation initiale des médecins mais aussi dans la mise en place de certaines chirurgies ou dans le traitement de pathologies avec des techniques d’immersion proches de l’hypnose, la VR est partout !

Encore plus fort que la VR, la réalité augmentée (et même mixte) fait son apparition au bloc avec par exemple la projection sur le champ opératoire de la procédure en cours d’opération. Ou comment exploiter au mieux l’imagerie médicale pour accompagner le chirurgien dans ses gestes et faciliter des procédures compliquées. Une nouvelle étape après des premières expériences concluantes en réalité virtuelle pour que le chirurgien “s’entraîne” et valide son approche après avoir navigué en grand format dans le corps du patient à opérer. Les perspectives sont immenses.
De l’intelligence artificielle pour aller toujours plus loin
Autre technologie hype du moment, d’autant plus lorsque l’on s’intéresse de près à la data et à son exploitation optimale pour améliorer le parcours de soin, l’intelligence artificielle avait elle aussi droit à sa session. Mention spéciale à Loic Etienne, pionnier avec son système expert Medvir sur lequel il travaille depuis 1987 pour améliorer le diagnostic notamment aux urgences.
 
Mais si il y a bien un sujet qui était particulièrement novateur en matière d’IA c’était son application dans le domaine de l’imagerie. Plus que de la reconnaissance de texte ou du machine learning sur de la data structurée, l’intelligence artificielle de demain lit l’imagerie médicale et sera, selon Laurent Alexandre, meilleure que n’importe quel radiologue dans quelques années seulement.
 
Les avancées et perspectives présentées, notamment, par Gael Kuhn de Terrarecon laissent présager de la véritable révolution de l’intelligence artificielle en santé. Une IA qui sera très bientôt capable d’ajouter au corpus de publications médicales, aux millions de cas de patients et données de milliers de patients ayant séquencé leur ADN, la capacité de traiter en temps réel des données d’imagerie. Une véritable révolution avec la data au coeur du sujet.
L’écosystème start-up à l’honneur !

Outre les industriels de classe mondiale et les innovateurs universitaires, les start-up étaient elles aussi à l’honneur du congrès. Un bon moyen de tester leurs idées et de présenter leurs solutions à des partenaires internationaux. On retiendra les deux grands gagnants des trophées, Lucine et Tamanoir.
 
Lucine, par la voix de Maryne Cotty Eslous, a impressionné par son dynamisme et la maturité de son projet de prise en charge de la douleur. Reconnaissance faciale et vocale passées par la moulinette du machine learning pour qualifier le degré de douleur, réalité virtuelle pour proposer des soins en hypnose médicale, les dernières technologies en vogue sont ici utilisées avec un but bien précis pour le bien du patient. Pas juste pour faire de la tech pour de la tech. La prise en charge de la douleur prend en compte un état physiologique, psychique et émotionnel, Lucine se voit comme l’assistant ultra personnalisé pour agir sur tous ces leviers dans la poche du médecin et sans médicament. Impressionnant de maturité.
 
Deuxième lauréat, prix coup de coeur élu par les participants lors de la nuit connectée, le Tamanoir de Surgisafe s’adresse aux chirurgiens dans de nombreuses disciplines. Cet objet connecté n’est pas là pour faire du suivi ou prendre des mesures, c’est un nouvel outil chirurgical à destination des professionnels du monde entier pour optimiser les procédures. Pour faire simple l’outil, une fois connecté à une aspiration classique de bloc opératoire, est en mesure de signifier au chirurgien si l’intégralité d’une tumeur est bien enlevée.
 
Efficace dans des zones difficiles d’accès et où les outils actuels sont peu performants, cet outil d’apparence simple est une véritable révolution qui permettra aux chirurgiens du monde entier (l’engagement de coût et de disponibilité est primordial dans l’approche du professeur Thierry Desjardins et de son associé) d’éviter les récidives et d’améliorer l’efficacité des procédures.

Toujours plus loin dans la science-fiction avec la robotique

Je ne pouvais pas relater les échanges passionnants de ce congrès monégasque sans aborder la table ronde qui a sans doute fait rêver plus d’un participant. Il faut dire qu’il y en avait pour tout le monde en matière de robotique, et de très haut niveau, dans cette table ronde une nouvelle fois animée par le très bon Anthony Morel. Des robots chirurgicaux de Bertin Nahum à l’adorable robot accompagnant Pepper. Des problématiques très différentes avec un point commun : l’excellence française en matière de robotique !
 
Wandercraft en est une nouvelle preuve avec son exosquelette qui permet à des personnes handicapées de remarcher. “Une vie ordinaire pour des gens extraordinaires” clame la société française qui va très bientôt dévoiler la nouvelle version de son exosquelette. Nous avons eu la chance de voir les premières images lors de la conférence de Monaco, je peux vous dire que l’attente n’était pas vaine. Ca fonctionne vraiment ! Alliance unique de mécanique (12 moteurs permettent de reproduire un comportement le plus humain possible), de robotique et d’intelligence artificielle, ce nouveau modèle devrait permettre à cette incroyable aventure française d’atteindre son but : remettre en marche les gens en fauteuil. Bluffant.
 
Vous les voyez les thématiques étaient très riches sur des sujets qui sont rarement abordés de façon aussi qualitative en un seul et même congrès. Des perspectives incroyables s’ouvrent à nous et démontrent s’il en fallait encore une preuve que les technologies de l’informatique, de la robotique et des nanotechnologies ne semble plus avoir de limites. Des limites qu’il faudra pourtant réussir à fixer d’un point de vue bioéthique. Pas simple, mais indispensable pour encadrer toutes ces innovations extraordinaires.
 
Vivement l’année prochaine.