Grâce au RGPD, La Rochelle veut récupérer les données des entreprises

Grâce au RGPD, La Rochelle veut récupérer les données des entreprises La ville souhaite développer un compte mobilités et profiter de la portabilité des données personnelles exigées par le RPDG pour récupérer des infos sur les services de transport privés.

Il a bon dos, le RGPD. Ce 20 septembre, La Rochelle entame une série de consultations auprès des citoyens et des entreprises en vue de créer un compte mobilités. Développé par la Fabrique des Mobilités, cet outil a pour but de réunir les données de transport d'un individu provenant de toutes sortes d'administrations et services : permis de conduire, transports en commun ou privés (VTC, taxi, covoiturages…), assurance auto, indemnité kilométrique, déplacements professionnels etc. Le compte mobilités s'appuie sur le RGPD entré en vigueur en mai, et qui donne aux utilisateurs de services numériques un droit à la portabilité de leurs données personnelles.

Les entreprises doivent ainsi permettre le transfert de ces données à un tiers dans un format lisible. Grâce à la portabilité, le compte mobilité pourrait donc permettre aux Rochelais de suivre leur consommation en un seul endroit, de calculer leur empreinte carbone, voire même d'accéder à une offre multimodale de transport. "Mais ce sera aux citoyens d'en décider lors des consultations, qui permettront d'évaluer leurs besoins", explique Virginie Steiner, chargée de projets numériques à la mairie de La Rochelle.

Mieux connaître les déplacements

Mais au-delà du développement de ces nouveaux services, La Rochelle entend surtout profiter du RGPD pour récupérer des données de mobilités auxquelles elle n'a pas accès. "Des gens utilisent Waze pour contourner le plan de déplacement urbain, mais nous ne savons pas combien ils sont à passer par ces petites rues pour éviter les bouchons", explique Virginie Steiner. "S'ils le font, c'est qu'un besoin existe. Avoir des informations sur cet usage pourrait par exemple nous permettre de mettre en place une ligne de transport. Mais Waze ne veut pas nous les communiquer", déplore-t-elle.

Le RGPD impose aux entreprises de fournir ces données individuelles à chaque utilisateur qui le demande, mais pas aux collectivités. Sauf que le compte mobilités permet justement au citoyen, s'il le souhaite,  de partager certaines données  avec la collectivité dans un but d'intérêt général. En les récupérant, la collectivité obtient indirectement les informations qu'elle désire sur l'activité de services de transport privés sur son territoire. Il lui faudra cependant réussir à attirer assez d'utilisateurs pour obtenir un échantillon représentatif de l'activité sur ces plateformes.

"Des gens utilisent Waze pour éviter les bouchons mais Waze ne veut pas nous communiquer les données"

Mais pour en arriver là, La Rochelle devra tout de même trouver des entreprises intéressées par la démarche, car elle aura besoin d'elles pour l'aider à développer plus facilement ces passerelles informatiques entre les API de ces services et le stockage personnel sur le compte mobilité. La ville est en discussions avec Transdev et a déjà embarqué Engie et Enedis pour élargir l'expérimentation jusqu'à la consommation énergétique. Des consultations afin de trouver d'autres partenaires débuteront en octobre. Mais Virginie Steiner espère surtout que la situation se débloque d'ici la fin de l'année, lorsque les besoins des citoyens auront été établis et qu'ils commenceront à demander la portabilité de leurs données aux entreprises. "C'est notre moyen de pression", veut-elle croire.