Dataminr lance en France son IA d'anticipation des crises

Dataminr lance en France son IA d'anticipation des crises La société new-yorkaise ouvre une filiale dans l'Hexagone. Objectif : convaincre les grandes entreprises d'adopter sa plateforme de deep learning.

Fondée en 2009 à New York, Dataminr se lance en France. Centrée sur l'anticipation des crises dans de multiples domaines (économie, santé, sécurité…), la plateforme d'analyse prédictive ouvre une filiale à Paris. Idem en Allemagne via une structure qui vient d'être inaugurée à Munich. L'information était très attendue. Déjà présente à Dublin et Londres, la société de Ted Bailey avait annoncé son intention de renforcer sa présence en Europe lors de son dernier tour de table. Bouclé en mars 2021, il se hisse à 475 millions de dollars. Valorisant l'entreprise 4,1 milliards de dollars, l'opération porte à 1 milliard de dollars le total des fonds levés par Dataminr depuis sa création. De quoi donner le vertige à plus d'un entrepreneur.

200 000 sources

Fort de plusieurs centaines de clients à travers le monde (parmi lesquels Dyson, Netflix, Shell, UPS ou Vodafone), l'éditeur américain revendique à ce jour 800 salariés, pour l'heure principalement basés aux Etats-Unis.

"Notre plateforme analyse des milliers de points de donnée par seconde avec pour objectif d'identifier les signaux faibles avant-coureurs d'un événement"

La plateforme de Dataminr impressionne par ses capacités en IA comme en big data. Chaque jour, elle ingère des milliards de données en provenance de pas moins de 200 000 sources : réseaux sociaux, blogs, forums, alertes de cybersécurité, capteurs IoT publics... jusqu'au dark web. Des flux qui passent à la moulinette de ses algorithmes au rythme de plusieurs trillions de calculs quotidiens. "Notre plateforme analyse des milliers de points de donnée par seconde avec pour objectif d'identifier les signaux faibles avant-coureurs d'un événement, l'enjeu étant d'alerter les utilisateurs au bon moment", explique Jason Wilcox, vice-président exécutif produit et ingénierie de Dataminr.

L'éditeur décline son offre en trois produits : Dataminr Pulse pour la gestion de crises d'entreprise, First Alert pour les premiers secours et Dataminr for News pour les journalistes.

En coulisses, la solution s'adosse aux toutes dernières avancées en matière d'IA. Parmi elles : le Graph Neural Network (GNN). Une méthode qui consiste à appliquer le deep learning à un graph de données. "Une fois entrainés sur des graphs de connaissances, les réseaux de neurones permettent de prédire les liens entre événements, par le biais d'algorithmes de link prediction. Mais aussi de détecter de nouveaux événements, via des modèles de classification de nœuds (de graph, ndlr) et, finalement, d'identifier des groupes d'événements, avec le clustering", détaille Jason Wilcox. Autre technique d'IA sous le capot : la fusion multimodale en vue de réaliser des corrélation transverses entre contenus de type texte et image, des réseaux de neurones Transformer conçus pour générer des alertes synthétiques et compréhensibles, y compris à partir de flux audio.

Dans la foulée de sa levée de fonds, Dataminr s'est lancé dans une stratégie de croissance externe pour accélérer le développement de son offre. En juillet 2021, la société a annoncé l'acquisition de la plateforme britannique de data géo-visualisation WatchKeeper. Puis, en octobre, le rachat de la solution danoise de gestion de crise en temps réel Krizo. Les deux technologies doivent venir renforcer la déclinaison du produit dessiné pour les entreprises (Pulse).

Une IPO prévue en 2023

Mi-novembre, Dataminr intégrait le très sélect classement Deloitte des 500 acteurs américains de la tech à plus forte croissance en Amérique du Nord, en 465e position. A date, il revendique plus de la moitié des entreprises du Fortune 50 parmi ses clients. Des grands groupes issus de multiples horizons : énergie, finance, retail, santé, technologies, transports... Aux côté de ces segments, Dataminr recrute également dans le secteur public, mais également dans les médias évidemment. "Au total, notre offre est utilisée par plus de 650 rédactions et par plus de 30 000 journalistes dans le monde", indique-t-on chez Dataminr.

La filiale française de la société a élu domicile rue Saint-Honoré, en plein centre de Paris. Comme en Allemagne, le groupe est en train de recruter l'équipe locale. Après avoir nommé début décembre le français Thierry Dupiot responsable de comptes EMEA (un poste basé à Paris), Dataminr recherche à l'heure où nous écrivons ses lignes un responsable de comptes orienté grandes entreprises et un manager marketing local pour la France.

La suite ? Lors de sa levée de fonds de mars dernier, Dataminr a indiqué vouloir s'introduire en bourse en 2023. Le JDN a contacté la direction de l'entreprise new-yorkaise pour en savoir plus sur ses intentions et sa stratégie, mais n'a pas reçu de réponse à ce jour.