L'assurance en 2024 : un impératif d'adaptation technologique sous contrainte

Entre la nécessaire prise en compte de l'intelligence artificielle et la menace toujours persistantes des cyberattaques, le secteur de l'assurance dommages doit poursuivre sa transformation.

En 2023, l’assurance dommages n’a pas connu de révolution, mais quelques bouleversements : le lancement d’un nouvel acteur, Ornikar, et les difficultés d’un autre, Luko, ont marqué les enjeux de l’innovation sur ce marché. Elle a également confirmé quelques tendances de fond, appelées à se poursuivre en 2024 – l’impact des cyberattaques et du changement climatique – et consacré l’intérêt grandissant pour l’intelligence artificielle (IA).

L'IA, un nouveau défi pour l'assurance

Un an après le lancement de ChatGPT4, l'IA est apparue comme une force perturbatrice dans le monde de l'assurance. Les assureurs investissent massivement dans des modèles d'IA pour évaluer les risques et déterminer les primes. Cette révolution n'est pas sans poser de nouveaux défis. Les prédictions pointent vers des ajustements nécessaires dans la tarification des polices, alors que l'IA redéfinit la compréhension des risques.

L'utilisation de l'IA permettra aux assureurs de personnaliser davantage les polices en fonction des profils de risque individuels, soulevant quelques questions éthiques. Les assureurs devront naviguer avec prudence pour équilibrer la personnalisation des services avec le respect de la vie privée des assurés.

Malgré le potentiel qui l’accompagne, la confiance des consommateurs reste un défi majeur dans l'adoption de l'IA par le secteur assurantiel. Les projections suggèrent que les assureurs devront travailler activement à éduquer le public sur les avantages de l'IA en termes de personnalisation des polices, de réduction des fraudes et d'amélioration de l'expérience client. La transparence dans l'utilisation des données sera cruciale pour instaurer cette confiance.

Si l'acceptation de ces technologies novatrices reste un défi, le potentiel de gains d’efficacité est à la hauteur. Les cas d’usages de l’IA générative sont encore largement inexploités, mais les optimisations rendues possibles par les modèles prédictifs sont déjà tangibles pour les pionniers du secteur.

La menace des cyberattaques continuera d’impacter les pratiques assurantielles

Face à la persistance et à l’intensification de la menace des cyberattaques, désormais sur l’ensemble des secteurs d’activité, les assureurs prévoient un essor des polices d'assurance spécifiques à la cybercriminalité. En effet, ce type d’assurance va devenir un élément essentiel de la gestion des risques par les entreprises, dans leurs efforts pour se prémunir contre les pertes financières et les dommages à la réputation causés par des attaques informatiques. Les particuliers, pour leur part, axeront leurs efforts sur les moyens de se prémunir du vol d’identité.

Dans ce contexte, les assureurs devront développer des produits flexibles et évolutifs, tenant compte de la sophistication croissante des cybermenaces, dans un contexte géopolitique complexe qui militarise le cyberespace. La collaboration avec des experts en cybersécurité pour évaluer et atténuer les risques deviendra une pratique standard. Les assureurs joueront un rôle plus proactif en fournissant des conseils préventifs aux entreprises assurées, contribuant ainsi à renforcer la résilience face aux menaces numériques.

Enfin, les assureurs eux-mêmes sont soumis à ces risques cyber, et l’année 2024 va apporter des évolutions réglementaires (DORA, NIS2) auxquelles ils devront également s’adapter.

Le changement climatique, une réalité désormais incontournable

Ce n’est pas une surprise : le changement climatique, parce qu’il refaçonne l’avenir de manière significative, exerce un impact considérable sur le secteur de l'assurance. Selon une étude d’AXA, il s’agit du risque n°1, unanimement reconnu par les experts comme le grand public à travers le monde. De par ses effets dévastateurs sur l'environnement, le changement climatique place les assureurs face à une augmentation des catastrophes naturelles. Les projections convergent vers une augmentation substantielle des demandes d'indemnisation liées à ces événements climatiques extrêmes, plaçant toute la chaîne de valeur assurantielle sous pression opérationnelle.

En 2024, les assureurs devront innover en proposant des solutions qui intègrent des données météorologiques avancées et des modèles de risques actualisés. Les dispositifs de réponse aux catastrophes naturelles devront démontrer leur résilience, notamment à travers une optimisation de la gestion des sinistres. Dans le sillage des tempêtes Ciaran et Domingos, cette capacité d’adaptation constante aux réalités climatiques doit devenir une norme pour les assureurs. Des évènements autrefois considérés comme « extrêmes » deviennent désormais partie intégrante des contraintes opérationnelles récurrentes.

Ces tendances 2024 ont un point commun : elles renforcent le besoin de flexibilité sous contrainte des assureurs, obligés de s’adapter en permanence – tant pour assurer la continuité des opérations, que pour mettre en place des innovations incrémentales. Cette pression peut engendrer des défis insurmontables pour les organisations les moins préparées, ou agir comme un révélateur de changement pour celles qui sauront se transformer pour affronter l’avenir.