Entre innovation et réglementation : comment les entreprises françaises peuvent-elles tirer parti de la loi européenne sur l'IA ?

La révolution de l'IA en Europe est en marche et, avec elle, un ensemble de réglementations mondiales permettant d'en garantir un développement responsable et éthique.

Pour les chefs d'entreprise, la question n'est pas de savoir s'il faut se conformer, mais comment le faire tout en tirant le maximum de valeur de cette technologie transformatrice.

La loi européenne sur l’IA (IA Act), applique une approche fondée sur le risque. Les systèmes d’IA sont donc réglementés en fonction de leur potentiel de nuisance – les systèmes d’IA classés comme représentant un risque limité étant soumis à des exigences de transparence et ceux considérés comme présentant un risque élevé faisant l’objet d’une gouvernance supplémentaire pour garantir leur conformité à la réglementation.

Implémentation au sein des entreprises françaises

Il est indéniable que l'IA apporte d'énormes avantages aux entreprises et à de nombreux secteurs, notamment grâce à la simplification et à l’automatisation de tâches quotidiennes chronophages. Mais la technologie peut aussi être utilisée à des fins néfastes, par exemple par des cybercriminels, pour créer de fausses images et de fausses vidéos, ou même être utilisée comme arme dans le cadre d'activités géopolitiques. De plus, le rapport sur les risques du Forum économique mondial de 2024 a mis en évidence les conséquences négatives de l'IA comme un risque majeur cette année. C'est là que la loi européenne sur l'IA entre en jeu. Elle établit non seulement des règles pour la technologie mais également au niveau de son utilisation afin d’éviter des conséquences désastreuses pour la société.

Si elle vise à garantir le développement et le déploiement sûrs et éthiques de l'IA, elle impose également d'importantes responsabilités aux organisations. Le risque d'amendes élevées - jusqu'à 35 millions d'euros ou 7 % du chiffre d'affaires mondial en cas d'infraction - souligne l'importance de se mettre et de rester en conformité. Mais la conformité n'est que la partie émergée de l'iceberg. Pour véritablement prospérer dans cette nouvelle ère, les chefs d'entreprise français doivent repenser leur approche de l'IA en trouvant le bon équilibre entre innovation et réglementation.

Prêt, feu, conforme

Il est important pour les entreprises d’élaborer et de mettre en œuvre une stratégie de gouvernance dédiée à l’intelligence artificielle, avec l'adhésion du conseil d'administration, de la direction générale et des autres parties prenantes, y compris les responsables de la protection des données. Elles doivent ensuite cartographier, classer et catégoriser les systèmes d’IA utilisés ou en cours de développement, sur la base des niveaux de risque prévus par l’IA Act, afin d’évaluer leur conformité.

Ensuite, les professionnels de la GRC (gouvernance, gestion des risques et conformité) évaluent les écarts entre les politiques actuelles et les nouvelles exigences, et déterminent s'ils peuvent appliquer à l'IA les réglementations qu'ils suivent actuellement en matière de protection de la vie privée, de sécurité et de risques.

L'IA au service du Comité de Direction et de la GRC

Si la loi européenne sur l'IA introduit des réglementations, elle ouvre également des portes aux conseils d'administration et aux professionnels de la GRC pour exploiter la puissance et les opportunités de l'IA tout en restant conformes et responsables.

Les outils d'IA peuvent être utilisés pour automatiser des tâches telles que l'évaluation des risques et la documentation, l'analyse de vastes ensembles de données afin d'identifier les biais potentiels ou les vulnérabilités des systèmes. Toutefois, il est important que les entreprises soient pragmatiques quant à la manière dont l'IA peut avoir un effet de levier. De nombreuses organisations espèrent que l'IA gérera les risques en résolvant des problèmes de données complexes. Mais si les entreprises ne résolvent pas leurs problèmes de gestion des données, l'IA ne les aidera pas à prendre de meilleures décisions en matière de GRC.

Pour s'assurer que le conseil d'administration et les dirigeants prennent des décisions responsables en matière d'IA pour leur organisation et afin de s’engager dans des pratiques dignes de confiance, une formation ou une certification externe sur la gouvernance de l'IA peut être envisagée. De plus, alors que la loi européenne et d’autres politiques sur l'IA continuent d'évoluer, les professionnels de la GRC devront se tenir informés des normes et des lignes directrices pour s'assurer que leur entreprise reste conforme.

En conclusion, il est important de se rappeler que l'IA n'est pas seulement une exigence de conformité, c'est une opportunité stratégique. En adoptant des pratiques d'IA responsables à travers une approche axée sur la gestion des risques et en exploitant son pouvoir de manière stratégique, les conseils d'administration et les professionnels de la GRC peuvent prospérer dans le nouvel environnement réglementaire et débloquer des avantages concurrentiels significatifs.