Et si l'IA marquait une nouvelle révolution Gutenberg pour le marché de l'imprimerie ?

Aussi éloignée que peut paraître l'émergence de l'IA vis-à-vis du secteur de l'imprimerie avec ses allures de vieille dame, ces deux techniques partagent néanmoins certaines similitudes.

De 1450 à 2024, presque 575 ans séparent ces deux époques, et pourtant jamais une telle corrélation à l'accès à l'information n’a été aussi prégnante. Le caractère de rapidité avec cette sensation commune d'une quasi instantanéité, le rapport à l’inclusion avec un abord au contenu démocratisé et décloisonné, le tropisme de l’innovation chacune disruptive de son époque, le trait d’union écologique entre la matière première revalorisée et l'impact de la dématérialisation…

L'IA fait revivre le Siècle des modernités en ouvrant une nouvelle ère au secteur de l'imprimerie, et laisse entrevoir les contours d’un nouveau paradigme.

De cerveau industriel qui recopie à cerveau technologique génératif : une connaissance du savoir libérée

La naissance de l’imprimerie a permis de redécouvrir les récits de l’Antiquité et les textes des philosophes. La presse à bras inventée par Johannes Gensfleisch, alias Gutenberg, a apporté un gain de temps considérable dans la reproduction des écrits. L'invention de l'imprimerie a permis la transmission du savoir, la pérennité de la culture et sa connaissance à travers le temps. Aujourd'hui, quand on se rend compte de la vitesse d'exécution de l'IA au moment de taper une requête, on a l'impression que la numérisation de l'information qui avait pourtant généralisé l'accès libre de la connaissance à l'échelle mondiale relevait finalement du même acabit que les "copistes" qui retranscrivaient les textes à la main avant le milieu du 15ème Siècle. L'imprimerie a accéléré l'accès à l'information, l'automatisation rendue possible par l'IA permet de croiser des informations en un temps record et de générer des contenus.

Désormais on parle de médias et non plus de supports

L'imprimerie est passée au cours de ces 30 dernières années d'une logique industrielle de gros volumes (nécessaire pour compenser l'investissement des machines) à un métier de services orienté "do it yourself" : l'essor du web-to-print, puis du print on demand, en passant par l'intégration d'API sur les sites e-commerce directement reliés aux sites d'impression ont fait basculer le marché de l'imprimerie dans une nouvelle dimension. Et l'IA devrait permettre d'aller plus loin, en supprimant les derniers points de blocage en matière d'accessibilité, d'aide à la création, de conseil sur la qualité et le volume, l'optimisation des délais... L'enjeu étant de pouvoir imprimer le plus rapidement possible, sans contrainte de quantités, autrement dit disposer d'un support adapté à ses besoins réels.

Des imprimeurs maîtres d'œuvres

Si dans les imprimeries, l'encre ne se fait plus sentir, c'est aussi le rôle des imprimeurs qui tend à évoluer pour favoriser l'émergence de fonctions à plus forte valeur ajoutée, comme la conception graphique et la gestion de projets par exemple. L'algorithme de l'IA étant capable de remplir à lui seul toutes les tâches ne demandant plus de compétences certaines, comme la mise en page, la génération de texte, la préparation des fichiers avant impression... L'IA permet de détecter des erreurs et de les corriger automatiquement, d'ajuster la colorimétrie. Et lorsqu'un client doit réimprimer sans cesse la même création, l'IA est capable de sauvegarder les préférences et de les régénérer en temps voulu, mais aussi de les personnaliser si besoin.

Au sein d'un marché en décroissance, l'IA arrive à point nommé pour imaginer de nouvelles sources de développement, et tendre de plus en plus vers le service personnalisé. Mais si sur bien des aspects l'IA est bénéfique, il est important de rester attentif à ne pas se désingulariser. Devenir photographe est désormais à la portée de tous, grâce à la généralisation de smartphones équipés d'appareils pré-programmés, tout comme se mettre dans la peau d'un graphiste avec des outils gratuits de personnalisation de templates sur-mesure. Mais il y aura toujours une question à se garder en tête : le message qui m'est suggéré est-il bien en phase avec l'ADN de mon activité ? Et ça, l'humain reste la dernière variable d'ajustement au moment d'appuyer sur le bouton "envoyer".